Christine

Christine

N°24

La tour du lac vert. Myriam (Partie 1)

     Tous les soirs, avant de se glisser dans son lit, Christine ouvre toute grande sa fenêtre puis elle attend son hibou. Ce hibou, qu'elle appelle Chachou depuis sa petite enfance, lui révéla autrefois un don extraordinaire, celui de savoir parler aux animaux et de les comprendre. Il lui apprit à l'utiliser.

Depuis ce temps-là, le rapace vient tous les soirs lui donner des nouvelles de la forêt, avant qu'elle s'endorme.

Notre amie, ce soir-là, reçut de Chachou une curieuse nouvelle. Il l'étonna en lui annonçant la présence d'un fantôme dans la forêt ! Et d'après le hibou, ce fantôme errait la nuit près d'un petit lac aux eaux vertes, situé à côté d'une vieille tour abandonnée.

Christine, très curieuse, posa quelques questions.

-À quoi ressemble ce fantôme ?

-Il est tout blanc, répondit le rapace.

-Tu l'as vu toi-même ?

-Je l'ai aperçu comme je te vois, au pied de la tour du lac vert. Tu sais, nous les hiboux, nous ne nous déplaçons que la nuit. La journée nous dormons. Mais notre vision nocturne est excellente.

-Et cette tour, où se trouve-t-elle ? interrogea la jeune fille.

Chachou lui donna l'explication. Il fallait d'abord se rendre au grand lac, celui que Christine connaît, et au centre duquel se trouve une île couverte de fleurs. Le lac vert lui, se situe plus haut. On le reconnaît facilement au saule pleureur qui y trempe ses racines.

Le hibou s'envola, et notre amie, intriguée, repensa à ce fantôme en s'endormant, partagée entre l'envie de le voir et la crainte qu'il lui inspirait.


Le lendemain matin, elle reçut la permission de ses parents de se rendre vers cette tour du lac vert.

Christine en effet, ne va pas à l'école. Elle habite au milieu de la forêt. Le village et l'école se trouvent à deux heures à pied, un peu moins à vélo, par un mauvais chemin en terre, souvent boueux. Si elle allait en classe, elle devrait marcher deux heures le matin pour s'y rendre et deux heures tous les soirs pour en revenir. Elle étudie donc chez elle avec l'aide de sa maman.

Parfois elle travaille avec père, un bûcheron, pour l'aider à charger des bûches sur des remorques ou bien les aligner le long de la route. Ils ne sont pas très riches chez Christine et papa ne peut pas payer un assistant. Notre amie fait volontiers ce travail avec son père, car elle l'adore, et puis à son âge, dix ans tout juste, on comprend qu'il faut parfois aider ses parents. On ne peut pas tout leur demander.

 

Donc, notre amie, ce jour-là, ne devait ni travailler avec papa ni écrire des devoirs ou étudier des leçons. Elle passa sa vieille salopette en jean, délavée par les pluies et les baignades et bien usée, mais dont elle refuse de se séparer, et un t-shirt. Elle laça ses sandales de gymnastique et refaisant ses tresses qu'elle défait pour la nuit, elle descendit déjeuner.

Après sa tartine et son verre de lait, elle s'en prépara une seconde qu'elle emballa et qu'elle mit dans la poche avant de sa salopette au côté du canif qu'elle porte toujours sur elle. Puis elle glissa une ceinture à sa taille et y accrocha sa gourde d'eau. Ainsi équipée, elle partit dans la forêt, avec l'accord de ses parents.


Elle suivit d'abord une longue route en terre, émaillée de très nombreuses flaques d'eau, parfois profondes, souvent boueuses, et à la surface desquelles s'agitaient des moustiques. Puis elle quitta ce chemin pour un sentier qui allait par collines et vallées.

Deux fois, elle dut traverser un ruisseau ou un petit torrent. L'eau lui vint les deux fois jusqu'aux genoux. Ses tennis et le bas de sa salopette étaient trempés. Comme d'habitude... Enfin, après un bois de sapins, elle arriva au bord du grand lac qu'elle connaissait. Elle y était déjà venue avec son papa.

Elle s'approcha du quai de bois où une barque était attachée. Elle se rappela la promesse faite à ses parents de ne pas canoter toute seule. Elle observa les lieux. L'île se trouvait en face d'elle. À gauche cela montait en pente douce dans les sous-bois. À droite, l'herbe haute envahissait le terrain plat sous le soleil.

Elle partit explorer la droite, mais plus elle avançait à la recherche de la tour du lac vert, plus le sol devenait boueux. En plus, des massifs d'orties, des ronces et parfois des troncs écroulés qui pourrissaient, encombraient le passage. La progression devint impossible. Christine renonça et fit demi-tour, espérant que cette tour du lac vert serait accessible par l'autre côté.

Revenue près de la barque, elle s'assit contre un arbre, déballa sa tartine et la mangea. Puis, comme elle avait encore un peu faim, elle s'approcha d'un arbre couvert de petites baies rouges qui ressemblaient à des groseilles. Elle en cueillit une grappe et goûta. Elle les trouva un peu sûres mais pas mauvaises. Elle en mangea encore quelques-unes et puis, bercée par le soleil et le clapotis de l'eau du lac, elle ferma les yeux un instant.


Quand elle les ouvrit, elle vit une jeune fille assise dans la barque. Elle avait de longs cheveux blonds. Notre amie se douta aussitôt qu'elle rêvait. La jeune fille n'avait pas de jambes, mais une queue de poisson. Une sirène !

L'étrange fillette lui fit signe de s'approcher. Christine, curieuse, intriguée, se leva et s'avança en direction de la barquette dans laquelle la sirène se trouvait assise. Elle lui fit encore un signe, l'invitant à monter sur le bateau. Notre amie enjamba le bord de la barque pour s'y asseoir. Étrangement, son pied ne rencontra que du vide et elle se retrouva dans l'eau du lac.

Christine ouvrit les yeux et s'éveilla d'un rêve. Elle s'était endormie! Se levant puis marchant en dormant, elle était tombée dans l'eau. La barque se trouvait en fait à dix mètres de là. Notre amie ressortit du lac, trempée de la tête aux pieds. Le soleil allait bientôt se coucher, il fallait se dépêcher de rentrer avant la nuit. Elle retourna chez elle, pensant qu'elle sécherait en route.

Au moment de partir elle entendit sonner une cloche vers la gauche. La cloche sonna trois fois.

Le mystère de la tour du lac vert et de son fantôme demeurait entier...


Le lendemain, Christine travailla toute la journée avec son papa, avec courage. Elle ramassait des bûches et les empilait le long du chemin.

Ce travail ne te semble pas bien dur, mais lorsque tu portes des bûches toute la journée, tu te fatigues. Tu te rentres des échardes aux doigts, tu te salis, et au soir, tu reviens épuisé et les vêtements pleins de boue à la maison.

À la nuit tombée, notre amie raconta à son hibou qu'elle n'avait pas découvert la tour du lac vert. Le rapace lui expliqua qu'il fallait remonter par la gauche. Il aurait pu le dire plus tôt, songea la jeune fille. Elle se promit d'y retourner une autre fois.


Le septième jour de notre aventure, Christine put repartir vers le lac vert, en promettant fermement cette fois-ci de ne pas manger des baies inconnues pendant la route.

Une tour lui apparut entre les arbres à gauche, dressée à quelques mètres du lac vert. Toute en pierres grises et fissurée à certains endroits. Ce devait être le donjon d'un très ancien château-fort aujourd'hui disparu.

Christine s'en approcha. Une porte en bois, épaisse et noire interdisait l'entrée. Elle était fermée par un vieux cadenas rouillé.

Plus haut, notre amie aperçut des étroites fenêtres conçues pour laisser à peine passer une arme, des meurtrières. Plus haut encore, au second étage, une ouverture large correspondait sans doute à une ancienne fenêtre. Inaccessible.

La jeune fille fit le tour du bâtiment carré, mais elle ne découvrit aucune autre entrée. Elle songea à escalader la façade mais elle renonça vite à son projet. C'était beaucoup trop dangereux.

Un peu déçue, elle observa les environs. Elle remarqua un chêne assez grand, très large, à une centaine de mètres. Christine se rappela alors la suite du récit de son hibou. "En te retournant, tu apercevras un arbre creux. Le fantôme semble sortir de ce vieux chêne".

Notre amie marcha vers l'arbre et grimpa de branche en branche. Il était heureusement assez facile à escalader. Parvenue au sommet, elle découvrit qu'il était creux et dans le creux se trouvait accrochée une échelle de corde qui permettait d'y descendre.


Il faisait tout noir là-dedans. C'était impressionnant ! Ce chêne creux, sans doute foudroyé autrefois, se dressait encore bien vert. Tenaillée par la curiosité, Christine s'accrocha à l'échelle de corde, et descendit dans le fût du tronc.

Elle posa les pieds tout en bas dans un couloir, probablement un ancien souterrain du château. Les murs de vieilles pierres et de briques soutenaient une voûte arrondie. Tout cela était froid, humide, couvert de mousse et de lichen, dont certains donnaient un tout petit peu de lumière par phosphorescence.

D'un côté, sur la droite, le souterrain était écroulé. De l'autre côté, il continuait assez loin. Au bout, notre amie distingua un rai de lumière, au raz du sol. Des lourds rideaux masquaient l'ouverture. Elle marcha dans cette direction. Elle avait parcouru la moitié du chemin, lorsque la frange des tentures s'écarta pour laisser passer une fille.

Elle semblait âgée de dix ans comme Christine.

Effrayée d'être surprise dans son audacieuse exploration, notre amie s'appuya contre le mur froid du souterrain. C'est tout ce qu'elle pouvait faire. Elle demeurait hélas parfaitement visible. Impossible de se cacher à cet endroit.

La fille aux longs cheveux blonds, vêtue d'une robe blanche et de tennis blancs tachés de boue, s'avança vers Christine.

Notre amie sentait son cœur battre la chamade. Elle avait très peur. Ses mains glacées tremblaient. La jeune fille vêtue de blanc passa devant Christine sans la regarder ! Elle atteignit l'endroit où se trouvait l'échelle de corde et tâtonna pour la saisir.

Notre amie comprit ainsi que cette fille qui venait de passer devant elle, était aveugle.

La jeune fille blonde monta à l'échelle de corde avec beaucoup d'agilité, malgré qu'elle fût non-voyante. Elle descendit du chêne, passant de branche en branche, et se dirigea vers la tour. Christine la suivit à distance.

Arrivée au pied des ruines, la fille blonde s'assit par terre, s'appuyant contre un vieux mur, au soleil.

Christine s'approcha doucement d'elle. Elle eut envie de faire sa connaissance.

-Bonjour, murmura notre amie, comment t'appelles-tu ?

La jeune fille se saisit et tourna la tête vers Christine.

-Il me semblait bien avoir senti une présence, mais tu es drôlement discrète. Je m'appelle Myriam. Et toi ?

-Christine. J'ai dix ans tout juste.

-Moi aussi, répondit Myriam, avec un petit sourire.

-Tu habites par ici ? demanda notre amie.

-Oui, sous ce château.

-Quel château ?

-Mais celui contre lequel je m'appuie. Nous sommes dans le jardin qui en entoure les ruines. Et toi, où se trouve ta maison ? 

-Assez loin d'ici, répondit notre amie. Au milieu de la forêt. Mon papa est bûcheron.


À ce moment-là, un « dong » retentit trois fois au sommet de la vieille tour. Cette même cloche avait réveillé notre amie quelques jours auparavant.

Myriam se tut. Elle se redressa.

-Il faut que je retourne chez moi. Maman m'appelle. Au revoir.

La fille blonde s'éloigna en direction du chêne.


Christine la suivit un instant des yeux, puis elle décida de lui emboîter le pas. Elle monta dans l'arbre en silence, puis descendit par l'échelle de corde en s’efforçant de faire le moins de bruit possible. Heureusement des corbeaux, intallés sur la tour, croassaient à qui mieux mieux. Puis elle marcha dans le couloir sombre.

Myriam disparut derrière les rideaux. Notre amie parvint à ces mêmes tentures un instant plus tard. Elles étaient en velours très épais et tombaient jusqu'au sol.

Christine risqua de passer la tête. Elle aperçut quelques marches d'escalier, puis une grande pièce bien meublée. Des tables, des chaises, une horloge, des fauteuils, des tapis, des cadres au mur, un beau lustre allumé, tout cela confirmait un lieu d'habitation.

À gauche, par une porte ouverte, elle aperçut une cuisine. À droite, commençait un couloir. Plus haut, se trouvait une petite terrasse et en arrière on distinguait une chambre. Christine surprit une conversation entre Myriam et sa mère.

-Maman ?

-Oui, ma chérie.

-J'ai rencontré une fille de mon âge. Elle s'appelle Christine.

-Myriam, tu sais très bien que tu ne peux parler à personne, répondit la maman.

-Je sais, mais je ne l'ai pas fait exprès, ajouta la jeune fille. Elle s'est approchée pendant que j'étais assise contre la tour.

-C'est ennuyeux, soupira la maman.

Et puis soudain :

-Es-tu bien sûre qu'elle ne t'a pas suivie ?

-Oh, je ne crois pas, maman. En montant dans le chêne, je n'ai entendu personne, mais les cris des corbeaux ont pu couvrir sa présence.

-Je vais aller vérifier, murmura la mère.

Christine vit la dame se diriger non pas vers le souterrain où elle se trouvait, mais vers l'horloge. Notre amie se cacha derrière les rideaux. Elle entendit alors derrière elle un bruit de ferraille. Elle se retourna et aperçut une herse, comme au  Moyen Âge. Elle dégringolait à toute vitesse et atterrit sur le sol dans un bruit assourdissant.

Notre amie était à présent prisonnière dans le couloir de la cave souterraine de l'ancien château.

La maman de Myriam se dirigea vers les grands rideaux. Christine, cachée entre les tentures et le mur, se fit toute petite. Heureusement, les tissus barraient non seulement la porte du souterrain, mais débordaient largement à gauche et à droite, le long du mur de la salle sur une distance d'un mètre au moins. Notre amie ne bougea plus.

-Je vais m'assurer qu'aucun enfant ne se cache de l'autre côté des grilles.

La maman, dépassant les tentures, entra dans le souterrain, marcha jusqu'à la herse, regarda attentivement et revint sur ses pas.

-Ouf ! Je crois que tu n'as pas été suivie. Heureusement, ajouta la dame.

Christine, inquiète, quitta sa cachette et retourna vers la herse. Elle tenta de se glisser au travers, mais les barreaux étaient trop serrés. Elle ne pouvait pas passer la tête entre les barres. Elle essaya de lever la grille, mais sans succès. La herse était trop lourde. Elle était bel et bien prisonnière à présent.


Elle retourna vers la pièce éclairée. Personne ne s'y trouvait sauf Myriam assise dans un fauteuil. Christine traversa le salon sans bruit à la recherche d'une autre issue. La jeune fille ne l'entendit pas, en dépit de son ouïe particulièrement développée, comme il se produit souvent chez ceux ou celles à qui il manque un sens.

Notre amie est une battante et sait que pleurer sur son sort ne sert à rien.

Elle suivit un couloir, aperçut deux portes, l’une vers la gauche et l’autre vers la droite. Elle les dépassa. Au bout du couloir, elle découvrit une immense cave souterraine, une crypte. Elle contenait de l'eau parfaitement transparente, comme un bassin de natation. La voûte de la crypte était soutenue par deux rangs de larges colonnes en pierres grises.

Cinquante mètres plus loin, à l'autre bout de cette vaste cave, notre amie distingua un petit escalier menant à une porte fermée par trois verrous.

Christine descendit quelques marches et entra dans l'eau. Elle était glacée ! Rassemblant son courage, elle marcha dans l'eau froide et atteignit les trois verrous.

Elle fit glisser l'un d'eux et entendit, juste derrière les planches, une sorte de craquement. Puis elle perçut un bruit de grattement, comme si un animal se trouvait tapi de l'autre côté de la porte. Elle eut peur. Elle comprit qu'elle ne pourrait pas s'enfuir par là. Elle repoussa le verrou. 


Comme elle faisait demi-tour, elle vit la maman de Myriam marcher vers la crypte en portant un grand et lourd bassin entre ses bras. Elle le posa au bord de l'escalier menant à l'eau. Christine se cacha derrière l'une des six colonnes, dans l'eau froide. Elle lui venait jusqu'à la ceinture à cet endroit. La femme renversa le bassin. Il contenait des poissons vivants. Notre amie en vit quelques-uns passer près d'elle.

La dame sortit un révolver de sa poche et entra dans l'eau à son tour. Christine, terrorisée à la vue de l'arme, se déplaça doucement en contournant la colonne derrière laquelle elle se dissimulait pour ne pas se faire repérer. La maman se dirigea vers la fameuse porte, fermée par trois verrous. Elle les fit glisser un à un et tira la porte pour l'entrouvrir.

Notre amie aperçut alors une bête affreuse, le plus horrible monstre qu'elle ait vu de toute sa vie. L'animal ressemblait à moitié à un crocodile et à moitié à un scorpion! Un hybride ! Noir, luisant et couvert d'écailles. Une longue gueule comme celle d'un crocodile garnie de dents pointues. Des pattes hérissées de pointes. Un monstre, comme dans les cauchemars.

L'animal se glissa dans l'eau et nagea à bonne allure, cherchant et avalant les poissons qu'il rencontrait. Il les croquait entre ses dents. Cela faisait un bruit affreux.

Christine, épouvantée, aurait voulu fuir à toutes jambes, mais impossible sans se faire repérer par la maman de Myriam. Levant les yeux, elle aperçut une barre de fer qui passait entre deux pierres de la colonne derrière laquelle elle se trouvait cachée. Elle saisit cette barre de fer à pleines mains et se hissa hors de l'eau. Accrochée à cette barre par les deux mains, les pieds collés contre la paroi, elle vit passer plusieurs fois le monstre hybride, en-dessous d'elle et près d'elle.

Notre amie ne pouvait pas demeurer longtemps ainsi accrochée, car ses forces s'épuisaient et ses doigts commençaient à glisser lentement. À ce moment, elle aperçut Myriam qui appelait sa mère en marchant vers la crypte.

-Maman, maman où es-tu ? lançait la jeune fille.

À cause des bruits que faisait la bête en se déplaçant, la maman ne l'entendit pas. Myriam descendit les marches d'escalier et entra dans l'eau. Non-voyante, elle ne savait pas que le monstre s'y trouvait plongé. La mère aperçut sa fille et cria :

-Myriam! Myriam! sors vite. La bête est dans l'eau.

La jeune fille paniqua et lorsqu'on prend peur et qu'on s'effraye, on perd parfois ses repères. Myriam ne savait plus dans quelle direction se sauver. Elle se tourna, croyant aller vers les marches d'escalier, mais elle s'avança plus en avant dans la crypte.

Christine se rendit compte du danger. N'écoutant que son courage, elle lâcha la barre de fer, à laquelle elle se tenait, et se laissa tomber dans l'eau glacée. Elle se redressa et fila vers Myriam. Elle saisit la jeune fille par le bras et l'entraîna vers les marches d'escalier. Elle changea de direction plusieurs fois afin d'éviter le monstre qui circulait toujours dans l'eau.

Elle entendit soudain trois coups de feu derrière elle et hurla de peur. Elle se retourna et vit la bête monstrueuse remuer encore un peu puis mourir à la surface de l'eau à moins d'un mètre d'elle.

-Comment t'appelles-tu ? demanda la maman en s'approchant de notre courageuse amie.

-Christine, madame.

-Je l'ai rencontrée quand je m'appuyais contre le mur dehors, intervint Myriam.

-Pardonnez-moi, murmura notre amie. J'ai été trop curieuse et j'ai suivi votre fille pour voir où elle allait.

-Tu demandes pardon, Christine ! Mais tu viens de sauver la vie de Myriam. Au contraire, continua la maman, les larmes aux yeux, je te félicite pour ton incroyable courage. Tu t'es jetée dans l'eau glacée et tu as sauvé ma petite fille. Je ne pourrai jamais assez t'en remercier.



La dame et Myriam embrassèrent notre amie. Elles se serrèrent toutes les trois un long moment au bord de la crypte, près de l'eau dans laquelle flottait le monstre immobile, le ventre jaune en l'air.

-Vois-tu Christine, expliqua la maman, mon mari, absent pour quelques jours, est biologiste. Il crée des animaux monstrueux pour les besoins du cinéma. Cette bête morte était la dernière. Nous ne serons plus obligés de vivre cachés dans ces souterrains horribles à cause d'elle. Nous allons pouvoir habiter au village. Je m'en réjouis déjà et Myriam pourra retourner à l'école.

Christine écouta les explications. Puis elle signala qu'il était grand temps pour elle de partir, car elle devait être de retour chez elle avant que la nuit tombe. Les nouvelles amies se promirent de se revoir.

Retrouve-les vite dans la suite de cette passionnante aventure : Les statues d'or, Christine 25.