Joliette

Joliette

N°5

La gargouille

     Voici enfin le grand jour que tous les habitants attendent. Aujourd'hui, on inaugure la cathédrale. Elle se dresse, imposante, grandiose, monumentale, somptueuse dans le soleil.

Ses tours, sur lesquelles on a accroché des drapeaux aux couleurs du Vatican, de la famille royale et du pays se tendent comme deux doigts vers le ciel bleu.

La grande nef est illuminée par un kaléidoscope de teintes, que la lumière de l'été crée en traversant comme des langues de feu les vitraux et les rosaces resplendissantes.

L'autel où officiera le cardinal venu de la capitale, et les colonnes qui y mènent, sont décorés de fleurs bleues, jaunes et blanches.

Les grandes orgues dressent leur forêt de tubes étincelants, prêts à vibrer quand les invités entreront en cortège.

Dehors, les tables couvertes de viandes, de poissons, de légumes, de fruits, de tartes et de crèmes attendent la foule invitée à la fête. Une centaine de cuisiniers, hommes et femmes, s'activent autour de braseros où l'on rôtit bœufs, veaux, moutons, volaille, gibiers et saucisses de toutes sortes.

Plus loin, des tonneaux de vins issus des meilleurs cépages du pays, prêts à être débouchés, chambrent à l'ombre des tours.

Les paysans, venus des villages voisins, se mêlent aux habitants de la ville. Ils passent et repassent devant les étalages. Des nuées d'enfants, en beaux costumes qu'ils ne mettent qu'une ou deux fois l'an, courent, se bousculent, observent, crient, applaudissent.

Près du porche, des troupes d'artistes se griment et répètent leurs numéros, leurs chants, leurs danses, leurs musiques. On a fait venir fifres, musettes, tambourins, bombardes et leurs talabarders.


Les invités privilégiés, choisis parmi les notables, commencent à entrer dans la cathédrale et se dirigent vers les bancs où leur place réservée les attend. Les riches commerçants et leurs familles, en habit d'apparat se suivent dans le cortège. Les autorités de la ville viennent ensuite et se glissent devant les autres.

Puis on entend, dehors, des cris et des bravos.

Juste devant le cardinal, marchent côte à côte le père de Joliette, maître d'œuvre, bâtisseur de la cathédrale, et son ami François, maître créateur des vitraux.

Othon von Wittelsbach, le roi de Bavière, s'est déplacé pour l'occasion, en compagnie de son fils le prince Louis, et du vieux Siméon, ministre du roi, aveugle, guidé par un serviteur. ( Lis ou relis le chapitre 2 : Le prince de la lune.)

Le prince s'avance aux côtés de Joliette, resplendissante dans sa robe de velours rouge et ses sandales teintées en violet. Ses longs cheveux sont tressés en deux nattes blondes, retenues par des rubans de couleur. Elle rayonne de bonheur.

Le petit groupe, très admiré, se dirige vers les places situées au premier rang.

En passant dans la grande nef, notre amie aperçoit Marie-Loup, souriante, entourée par ses nouveaux parents et deux petits garçons, ses petits frères d'adoption. Notre amie la sait heureuse. Elle lui fait un petit signe de la main. ( Lis ou relis le chapitre 4 : Les deux secrets.)

Puis le cardinal monte à l'autel décoré de guirlandes de fleurs. La messe solennelle commence et déroule ses prières à la gloire de Dieu et de la Vierge, à qui la cathédrale est consacrée.


Après la messe, le gigantesque barbecue peut commencer sur le parvis. Toute la ville et les habitants des villages voisins s'y précipitent.

Joliette retrouve Marie-Loup à la sortie. Elle présente son amie au prince Louis, qu'elle appelle aussi « prince de la lune », comme autrefois. Elle lui raconte leur étrange rencontre.

Ils courent de tables en échoppes, pour boire et manger, avant de se mêler aux rondes folkloriques auxquelles des troupes de danseurs professionnels invitent les volontaires.

C'est la fête partout et pour tous.

Pourtant...


Joliette remarqua soudain un homme qui se tenait à distance. Il observait la fête qui se déroulait au pied de la cathédrale, mais ne semblait pas vouloir ou oser y participer.

Les trois amis s'approchèrent de l'individu.

-Regardez son visage, dit Louis presque tout bas. Quel malheur d'être ainsi contrefait.

L'homme était vraiment laid. Son visage déformé, tout à fait dissymétrique, semblait géant d'un côté et trop petit de l'autre. En plus son crâne était envahi par des tumeurs arrondies et glabres. Des cheveux blancs pendaient, épars, entre ces protubérances irrégulières et brunes qu'à cette époque, nous sommes en 1190, personne ne savait soigner. Le visage repoussant d'un gnome.

-Pauvre homme, murmura notre amie. Je ne l'ai jamais croisé en ville. Peut-être qu'il se cache? On dirait un de ces mendiants errants qui traînent sur les routes de village en village.

-Comme c'est triste, ajouta Marie-Loup.

Les trois enfants s'arrêtèrent près de lui.

-Vous pouvez venir vous joindre à la fête, monsieur, dit Joliette. Chacun y est bienvenu pour l'inauguration de la cathédrale.

-Pour moi, dit l'homme, ce ne sera jamais plus la fête. Vous avez observé mon visage ? On se moque de ma laideur. Pire, un sculpteur que j'ai rencontré autrefois, travaillait sur ce chantier. Se souvenant de ma tête, il l'a reproduite, dans une gargouille en pierre le long du toit de la cathédrale. Depuis, partout, on me surnomme « la gargouille ».

Les trois amis se taisaient. Ils comprenaient le cruel embarras de l'homme. Le malheureux subissait la risée de tous. Les enfants, parfois méchants dans leur naïveté, se moquaient sûrement de lui. Les adultes, le trouvant repoussant dans sa laideur, lui fermaient leur porte, le condamnant à errer, misérable, sur les chemins du pays.

-Vous trois me semblez différents, plus accueillants que les autres, dit-il. Qui êtes-vous ? Je vous observe depuis un moment.

-Je suis Louis von Wittelsbach, prince de Bavière. Mon père assiste à la fête. Mais il fut un temps où moi aussi, j'ai erré, rejeté par tous, affamé, dans les campagnes.

-Je m'appelle Joliette. J'ai dix ans. Mon père est le maître bâtisseur de cette cathédrale. Ma maman est morte il y a deux ans, emportée par une maladie. Son corps repose sous une dalle de la grande nef.

-Je m'appelle Marie-Loup. Ma petite enfance a été misérable. Un méchant homme nous a recueillies, maman et moi, après une longue errance sur les routes. Il nous a permis d'habiter chez lui. Mais plus tard, il a dénoncé ma mère, la faisant passer pour une sorcière. On l'a brûlée sur un bûcher, devant moi. Puis il m'a fait travailler comme une esclave. Il me nourrissait à peine. Un jour qu'affamée, je lui volais un morceau de pain laissé sur sa table, il m'a coupé la main. 

-Pauvre petite, dit-il les larmes aux yeux.

-Maintenant je vis heureuse dans la famille qui m'a adoptée.

L'homme, touché, ému par tant d'épreuves et de souffrances caressa un instant le visage de Marie-Loup.

-Pauvre petite, dit-il encore.

Puis il raconta sa vie aux trois amis, tandis que plus loin, derrière eux, on entendait les cris des comédiens, les rires des enfants, les sons des musiques, les flonflons de la fête.


Gamin né laid, le visage difforme, contrefait, il souffrit les coups, les moqueries, le regard des autres.

Adolescent, il se sentit humilié en se comparant à ceux de son âge, et subit leurs insultes et leurs rires, leur exclusion.

À l'âge adulte, rejeté par tous, impossible de trouver du travail. Quand il frappait aux portes des fermes, on lui lançait : « un monstre comme toi ! Tu vas faire tourner le lait de mes vaches », « passe ton chemin, ta sale tête va attirer le malheur dans mes étables », « tu pourrais peut-être me servir d'épouvantail dans mes champs, tu chasserais les oiseaux.»

-Un jour pourtant, la chance me sourit, dit-il. Un riche baron m'engagea. Je devins son cocher, son garde du corps, et après un an, son ami, ce qui ne manqua pas de provoquer la jalousie des autres serviteurs.

-La terrible méchanceté des gens, interrompit Louis, impressionné.

L'homme poursuivit son récit.

-Le baron tomba malade. Ses médecins lui conseillèrent de partir vivre en Italie, où l'air semble plus doux, plus léger à supporter que le rude climat d'ici. Nous fûmes une poignée de fidèles serviteurs à l'accompagner.

-Comment cela s'est-il passé en Italie ? demanda Joliette.

-J'y ai trouvé le bonheur, enfin. Je m'occupais du baron, qui n'allait guère mieux, hélas. Une servante, qui nous suivait là-bas, m'aima pour du vrai. Nous nous mariâmes. J'étais heureux. Elle se trouva bientôt enceinte. Quelle joie et quelle fierté pour moi. Je craignais seulement que l'enfant me ressemble, jusqu'au jour où elle mit une ravissante petite fille au monde.

Nos amis écoutaient sans plus interrompre le récit.

-Hélas, la santé du baron déclinait. Un jour, se sentant mourir, il m'appela à son chevet. Il me tendit une bague qu'il portait à son doigt depuis toujours.

« Voici mon rubis, me dit-il. Un rubis de grande valeur. Mais on l'appelle « sang du diable ». Il paraît qu'il porte malheur. Je n'y crois pas. Si tu le veux, mon ami, il est à toi ».

-Je l'acceptai et le passai à mon doigt. Le baron mourut dix jours plus tard.

On me traita de voleur. On m'accusa d'avoir profité des derniers instants du vieil homme pour lui arracher la bague. Un juge de la ville voisine, devant lequel on me conduisit, ne fit que regarder mon visage et me condamna à dix ans de prison.

-Mon Dieu, dit Marie-Loup. Comme c'est injuste.

-Je fis venir mon épouse. Je lui dis de quitter l'Italie, avec le bébé, de retourner au pays et de m'y attendre. Elle finit par accepter de partir.

L'homme se tut un instant.

-Dix années horribles passèrent. Je pensais sans cesse à ma petite fille, que je ne voyais pas grandir, et à sa tendre mère que j'aimais tant. Parfois, je passais des nuits entières à pleurer. Quelqu'un partageait ma cellule. Un sculpteur. C'est lui qui, libéré avant moi, sculpta mon visage en gargouille le long de la tour droite de la cathédrale.

Il poursuivit après un nouveau silence.

-Sitôt libéré, je revins au pays. Je compris en découvrant la gargouille pourquoi on m'appelle ainsi, par ici, depuis mon arrivée. J'appris le décès de mon épouse tant aimée. Je voudrais être mort moi aussi. Vous voyez, ajouta le pauvre homme, vous comprenez, que la fête ne me concerne vraiment pas. Oui, je n'attends plus rien de la vie. Je veux mourir...

-Vous n'avez pas revu votre petite fille ? demanda Joliette.

-Il vaut mieux pour elle qu'on ne sache pas que son père est ce monstre qu'on appelle la gargouille. Certains enfants se moqueraient d'elle. Elle deviendrait la risée de presque tous. Je refuse de lui imposer ce fardeau.

Nos trois amis se taisaient, émus par tant de souffrances, tant d'humiliations injustes, tant d'hypocrisie, de haine de la part de ceux, si nombreux, qui ont peur de la laideur et la confondent avec la fourberie, la traîtrise et la méchanceté.

Marie-Loup, plus sensible sans doute et donc plus touchée encore que les autres, sentait des larmes couler le long de son visage.

-Attendez, monsieur, lui dit Joliette. On va vous apporter à boire et à manger, pour que ce soit un peu moins triste pour vous, aujourd'hui au moins.

Les enfants remplirent un sac avec pain, fromage, saucissons, gâteaux et boissons. Ils le lui apportèrent.

L'homme remercia et s'éloigna.

Joliette, Louis, Marie-Loup retournèrent à la fête, mais le cœur n'y était plus.


Plus tard, Marie-Loup repartit chez elle avec sa famille adoptive.

Louis resta encore deux jours chez son amie. Son père, le roi de Bavière, voulait s'entretenir avec le papa de Joliette concernant son projet, son souhait, de construire une cathédrale dans les montagnes de son pays.

On se souvient qu'il en avait émis le vœu s'il retrouvait son fils vivant après dix ans d'absence. (Lis ou relis: "le prince de la lune". Joliette 2).

 

Notre amie et Louis se réveillèrent tôt le lendemain matin. On entendait des cris dans la rue. Quelqu'un vint tambouriner avec insistance à la porte du maître constructeur.

Les deux enfants, levés et habillés à la hâte, entendirent la conversation dans le hall d'entrée de la maison.

-Un homme s'est pendu à une gargouille de la cathédrale, monsieur. Un inconnu dans la ville. Un vagabond. Il traînait dans les ruelles depuis quelques temps. Il est laid. Son visage ressemble à celui d'un monstre. Les jeunes le fuyaient. Les gens changeaient de trottoir à son passage. On l'appelait « la gargouille ».

Joliette ne put retenir un cri. Elle saisit la main de Louis. Les deux enfants accompagnèrent le père de notre amie à la cathédrale.


Un attroupement se formait sur les lieux. Joliette reconnut Marie-Loup et son père adoptif parmi la foule. La fillette pleurait. Notre amie s'approcha d'elle.

-Quel malheur, murmura Marie-Loup. Pauvre homme. Ce qui lui arrive est notre faute à tous, la faute de tous les habitants de la ville qui l'ont rejeté, couvert de moqueries et d'insultes.

Le père de Joliette fit apporter une échelle. Trois ouvriers montèrent détacher le cadavre.

On découvrit qu'il avait accroché un rouleau de parchemin, tenu par une ficelle, autour de son cou.

Joliette, Louis et Marie-Loup s'adressèrent au fossoyeur et le lui demandèrent. Ils l'obtinrent sans difficulté. Personne ne semblait vouloir s'y intéresser. Tous étaient plutôt préoccupés à vouloir se débarrasser du corps au plus vite et à tourner la page pour oublier ce pénible incident.

Les trois enfants s'éloignèrent et s'assirent plus loin sur un mur. Ils déroulèrent le parchemin. Il ne comportait que deux phrases :

« Le rubis "sang du diable" qui porte malheur se trouve caché dans la cathédrale. S'il vous plaît, détruisez cette gargouille qui me ressemble. » 

Nos trois amis assistèrent à l'enterrement le lendemain. Louis, présent aux côtés de ses amis, avait insisté auprès de son père pour retarder leur départ pour la Bavière.

Bien peu de monde participa à cet évènement. Le prêtre refusa de dire une messe ou de donner une bénédiction car l'homme s'était suicidé. Les gens de la ville et des campagnes vaquaient à leurs occupations. L'enterrement d'un vagabond ne les concernait pas.

-Comme un pauvre chien, dit une brave femme en voyant passer le cercueil, le fossoyeur et les trois enfants devant sa maison.

Marie-Loup semblait inconsolable.

-Quelle gentille fille, souffla Louis à l'oreille de Joliette. Comme elle a bon cœur!

-Elle a plus souffert que nous, répondit notre amie.

Arrivés au cimetière, où la fosse déjà creusée attendait le cercueil offert par le père de Joliette, ils virent les quelques planches disparaître sous les pelletées du préposé.

Les trois amis retournèrent à la cathédrale.


-Je me demande où se trouve le rubis ? dit soudain Louis.

Ils entrèrent dans l'édifice, vide à cette heure, et cherchèrent. Ils parcoururent la grande nef, le transept, les chapelles attenantes, scrutant les murs, les colonnes, le sol, le plafond.

L'horloge sonna onze heures, attirant leur attention, mais la bague ne semblait pas s'y trouver.

Ils s'apprêtaient à abandonner les recherches quand Joliette eut une idée.

-Venez, dit-elle.

Elle marcha d'un pas décidé vers la statue de Saint Georges, et plus précisément vers le dragon en métal que son ami forgeron, celui qui appelle notre amie « Petit Soleil », fabriqua autrefois pour la cathédrale.

-"Rubis sang du diable", nous a raconté le pauvre homme, expliqua la jeune fille. Le dragon représente le diable. Cela va ensemble. La pierre ne peut que se trouver là.

Elle reposait en effet dans la gueule du monstre.

Les trois enfants observèrent le rubis à tour de rôle.

-Moi, dit Joliette, je ne le veux pas. Il semble vraiment porter malheur.

-Moi, enchaîna le prince Louis, je deviendrai roi un jour après mon père. Je ne veux pas porter cette pierre au doigt et attirer des nouvelles souffrances sur mon pays qui sort juste d'une effroyable guerre.

Il faisait allusion à celle qui sévissait lors de sa naissance, et qui avait causé la mort de sa maman.

-Moi je ne le veux pas non plus, affirma Marie-Loup. La misère et son cortège de peines sont loin derrière moi. À présent, je vis heureuse dans ma nouvelle famille. Que des bonheurs chaque jour. Je ne veux pas leur attirer du malheur.

-Je demanderai au bijoutier de la ville de vendre la pierre, décida Joliette. Et l'argent sera distribué aux pauvres.


Marie-Loup se tourna vers le garçon.

-Louis, dit-elle, Joliette t'appelle parfois « prince de la lune ».

-Oui, la bonne vieille dame qui m'a élevé dans son village m'appelait ainsi autrefois. Je suis né juste pendant une éclipse du soleil.

-Tu escaladais les murs des cathédrales quand tu faisais partie d'une troupe de saltimbanques ?

-Oui, ils m'avaient recueilli, me sauvant la vie. Ils me nourrissaient en échange de mes acrobaties lors de leurs spectacles.

-Prince Louis, je voudrais te demander quelque chose. Si Joliette est d'accord, je voudrais que tu détruises la gargouille qui ressemble au pauvre homme qu'on vient d'enterrer. C'était son dernier vœu.

-J'accepte, répondit le garçon. Je vais tenter de grimper jusque-là.

-D'accord, enchaîna Joliette. Au nom de mon père, j'en prends la responsabilité. Il chargera un ouvrier d'en sculpter une autre.


Les trois amis emmenèrent un lourd marteau et s'introduisirent dans la cathédrale. Les deux filles suivirent Louis dans l'escalier qui menait à la terrasse qui séparait les deux tours.

Là, le prince Louis, retrouvant l'audace et les gestes d'autrefois, entreprit de longer le toit de la grande nef.

-Ne me suivez pas, dit-il. C'est très dangereux et vous n'avez jamais fait cela.

Elles accompagnèrent pourtant le garçon.

Il s'arrêta près de la gargouille, et là, se couchant à plat ventre, et se tenant de la main gauche à une feuille de trèfle sculptée sur un arc-boutant, il entreprit de frapper à grands coups de marteau la face grimaçante de l'horrible statue.

Elle se brisa soudain et tomba sur le sol, éclatant en cent morceaux méconnaissables sur le pavé de la ruelle qui longeait l'église.


-Voilà, dit Louis.

Tous redescendirent dans la grande nef puis sortirent sur les marches du parvis.

Marie-Loup pleurait.

Ses amis l'entourèrent, ne comprenant pas la raison de sa peine, mais tâchant de la réconforter de leur mieux.

-Avant de mourir, expliqua la fillette, ma mère m'avait confié non pas deux secrets, comme je te l'avais un jour dit Joliette, mais trois. Celui de la crème qui soulage et qui guérit, celui des trois pièces de monnaie qui tuent un loup-garou, et un troisième.

Marie-Loup se tut un instant, puis elle redressa son visage, baigné de larmes.

-Je m’en suis souvenue seulement cette nuit, dit-elle, même si je m’étais demandé pourquoi l’histoire de ce monsieur me bouleversait tellement. Le secret, que j’avais enfoui au fond de ma mémoire, c’est que… Celui qu'on appelait « la gargouille », c'était mon père.

 

Voilà, cher lecteur, il te reste à découvrir les trois dernières aventures de Joliette dans la cathédrale de la montagne.