Les quatre amis

Les quatre amis

N°23

Le tombeau de Soldarmö. Anne, partie 3.

     Soldarmö le grand... Son ombre était lumière... Il ne connaissait pas le chiffre...

Trois parties de phrases écrites en braille et découvertes sur un morceau de bois dans l'ancienne maison de Anne.

Si tu n'as pas lu les deux premières parties de cette palpitante histoire, arrête-toi ici et découvre-les : "Le secret de la maison qui craque" (4 Amis 21) et Le domaine de Trollendöm (4 Amis 22).

Soldarmö le grand... Son ombre était lumière...

Même Philippe n'avait pas découvert d'explication.

Il ne connaissait pas le chiffre...

...mais quel chiffre? Et pour quoi faire? Et où cela?

-Il faut aller au temple de Soldarmö..., dit Anne à ses amis revenus quelques mois plus tard chez sa maman d'adoption, dans son beau pays de Suède.

-Cet endroit existe? s'étonna Jean-Claude.

-Soldarmö le Grand vécut il y a bien longtemps. Il est presque oublié aujourd'hui. Il est enterré dans un endroit fantastique qui s'appelle « Le Gouffre de Soldarmö », expliqua leur copine.

Sur Internet, on voyait un gigantesque trou dans la terre. Trois cents mètres de profondeur et huit cents mètres de diamètre. Les parois à pic. Le fond occupé par un lac. Et là se trouverait le tombeau de Soldarmö le Grand...

-On pourrait peut-être découvrir quelque chose d'intéressant si on se rendait à cet endroit, proposa Anne. Il y fera clair jusque tard dans la nuit, car ce gouffre se situe plus haut que le cercle Arctique et vous le savez, au-dessus de cette latitude, le soleil ne se couche pas en été.

Nos amis partirent le lendemain, le temps d'acheter des provisions et de charger les sacs à dos.


Le jour du voyage, ils effectuèrent un long trajet en bus. Ils découvrirent le pays couvert de bois et de lacs. Plus ils avançaient, plus les forêts semblaient sauvages, plus les lacs les attiraient pour s'y baigner.

Vers quatre heures de l'après-midi, ils arrivèrent dans un petit village, un hameau, qui s'appelle également Soldarmö. Ils descendirent du bus. On apercevait vingt-cinq maisons et une petite église en bois. Le bout du monde...

Ils se dirigèrent vers l'auberge pour se renseigner. Ils entrèrent.

Le patron lavait des verres derrière le comptoir de l'établissement. Quatre hommes jouaient aux cartes et un jeune gars semblait endormi, la tête posée sur une table, dans un coin de la salle. Deux autres, debout, jouaient aux fléchettes de l'autre côté du restaurant.

Après s'être débarrassés de leurs lourds sacs à dos, nos amis demandèrent le chemin du gouffre de Soldarmö. Celui qui semblait dormir se réveilla, ceux qui jouaient aux cartes les posèrent, et les amateurs de fléchettes se retournèrent. Tous observèrent les cinq enfants, comme s'ils venaient de prononcer le nom du diable. Le patron les interrogea.

-Vous voulez aller au fond du gouffre de Soldarmö?

-Oui, répondit Anne en suédois.

-Vous êtes fatigués de vivre? demanda l'aubergiste.

-Non, pas spécialement, dit la jeune fille en souriant. Pourquoi?

-Ceux qui descendent dans ce gouffre n'en reviennent pas. Et les rares qui remontent, semblent hallucinés, comme sortis d'un cauchemar. Enfin, si cela vous intéresse, allez de l'autre côté du bois. Suivez le petit chemin en terre qui part derrière l'église.

Nos amis se regardèrent, étonnés. Ils quittèrent l'auberge.

Après tout ce long voyage, ils n'allaient pas reculer à la dernière minute, et puis cela n'engageait à rien d'y jeter un coup d'œil. Ils y arrivèrent après une marche d'environ une demi-heure.


C'était impressionnant. Ils se trouvaient maintenant au bord d'un gigantesque trou dont les parois tombaient à pic. Tout au fond, on n'apercevait que de la brume. Le lac, s'il y en avait un, disparaissait sous un nuage de brouillard gris. Sur le côté droit, une rivière venue des montagnes se jetait dans le gouffre. Une cascade de trois cents mètres de haut en plusieurs cataractes impressionnantes.

Un petit chemin de terre, d'un mètre de large à peine, descendait doucement vers le fond en longeant les parois circulaires. C'était vertigineux. Il semblait en faire trois fois le tour avant de disparaître dans les brumes, tout en bas.

-Je vais aller voir, dit Anne. Si vous voulez, venez, mais je ne veux pas vous imposer cela mes amis.

-Tu ne nous imposes rien du tout, affirma Jean-Claude. On y va avec toi. Moi, je ne me sens pas fou du tout. Je trouve cet endroit fascinant et j'ai bien envie d'aller le visiter.

-Je viens aussi, enchaîna Christine. Anne, on est tous avec toi.

Véronique et Philippe pensaient de même.


Ils entreprirent la descente aussitôt. Le chemin rétrécit rapidement et les enfants durent marcher en file indienne.

Après avoir effectué presque tout un tour, ils arrivèrent à l'endroit où le petit sentier, en à-pic d'un côté et creusé dans la paroi rocheuse de l'autre, passe sous la cascade. Il ne virent aucun endroit pour s'abriter. Il fallait traverser la chute et la recevoir de plein fouet. Cela s'annonçait dur, dangereux et glacial. Dur car l'eau qui tombe de si haut fait mal. Dangereux car elle risquait de les entraîner dans l'abîme.

Heureusement, des chaînes fixées à la paroi, sans doute par des aventuriers précédents, facilitaient le passage. Il suffisait de s'y tenir fermement en s'avançant. Elles semblaient encore solides.

Véronique posa son sac à dos au sol et l'ouvrit.

-Que fais-tu ? demanda Jean-Claude. Tu t'apprêtes à pique-niquer?

-Non. Je prends mon imperméable.

-Tu crois vraiment qu'il va te protéger en-dessous de cette cascade?

-Écoutez, si vous avez envie de vous mouiller, dit leur amie, c'est votre affaire, mais moi, je n'y tiens pas.

Elle serra son capuchon, puis suivit les autres.

Ce fut pire que prévu. Les pierres étaient glissantes. Nos amis se tenaient aux chaînes en progressant. L'eau glacée leur tombait sur le dos. Ils ne distinguaient plus rien, aveuglés par cette cataracte. Il n'y avait que dix mètres à parcourir, mais ces dix mètres furent vraiment pénibles.

Ils s'arrêtèrent de l'autre côté. Véronique, bien sûr, était aussi trempée que les autres. Son imperméable n'avait, on s'en doute, servi à rien sous une telle trombe d'eau.


Ils continuèrent la descente en suivant le sentier. Ils repassèrent sous la cascade, plus bas. Ici, l'eau transformée en fines gouttelettes mouillait tout autant, mais leur sembla moins dangereuse.

Tout en bas, ils constatèrent que la chute d'eau se transformait en vapeur, à cause de sa hauteur. Après le troisième passage, ils s'enfoncèrent dans une brume épaisse.

-Il y a quelque chose que je ne comprends pas, murmura Philippe.

-Ça fait plaisir à entendre, répondit Jean-Claude. Cela prouve que tu es comme tout le monde.

-Comment se fait-il que cette rivière coule et ne remplit pas le gouffre?

-Le lac se vide sans doute dans des grottes souterraines, proposa Anne.

-L'eau doit bien aller quelque part, ajouta Véronique. Même sous forme de brouillard ou de gouttelettes de brume, elle ruisselle et dégouline de partout.

-C'est sans doute dans ces grottes humides que se trouve le tombeau de Soldarmö, ajouta leur amie.

Le chemin s'élargissait. Tout semblait gris à cause de cet épais brouillard qui les entourait. Il régnait à cet endroit un calme impressionnant. On n'entendait rien. Pas un atome de vent, pas un cri d'oiseau.

Les cinq amis grelottaient, trempés, en avançant le long du lac au fond du gouffre.


Le chemin s'élargit encore. La brume leur parut moins dense de ce côté. Ils aperçurent, creusé dans la paroi rocheuse, un gigantesque temple à trois entrées. La double porte monumentale, au centre, mesurait bien quinze mètres de haut. Elle était encadrée par des hautes colonnes en pierre grise. Sur les côtés, deux plus petits porches ressemblaient au plus grand.

Sur chacun de ces montants, à gauche comme à droite, nos amis observèrent avec horreur une tache rouge ayant la forme d'une main. Était-ce de la peinture ou du sang? Ça évoquait quelqu'un, qui aurait posé la paume de ses mains, écorchées à vif, sur ce panneau pour tenter d'ouvrir en poussant sur la porte.

-Mauvais présage, murmura Véronique.

Ils laissèrent leurs sacs à dos au sol derrière eux. Ensuite, ils observèrent un long moment les portes de cet étrange tombeau qui se dressait, là, devant eux, dans le brouillard gris et froid, au fond du gouffre.

-Je propose, suggéra Jean-Claude, de placer mes mains sur les deux empreintes rouges. Il se peut que les battants s'ouvrent en les poussant et que l'on puisse entrer.

-Très drôle, se moqua Christine. Tarzan va nous ouvrir les portes du temple. Il va pousser là-dessus et les battants vont s'écarter pour nous laisser entrer au son de trompettes retentissantes. On se croirait dans un film de série B du type « le temple interdit »...

-On peut quand même essayer, répondit le garçon. Cela ne coûte rien.

-D'accord, accepta Philippe.

-Vas-y, encouragèrent Anne et Véronique. Sois prudent. On ne sait pas ce qu'il y a derrière.

Jean-Claude posa ses mains bien à plat sur les deux traces de la porte gigantesque, huit fois plus haute que lui, et il appuya. Il perçut une légère vibration. Les panneaux coulissèrent l'un vers la gauche, l'autre vers la droite et une vague d'eau, de dix mètres de haut, enfermée là-derrière, balaya littéralement les cinq enfants, comme un raz de marée, et les précipita dans le lac.

Ils étaient heureusement tous bons nageurs. Ils en sortirent trempés et grelottant de froid.

Hélas, ils avaient tout perdu à cause de l'impétuosité de cette vague. Les sacs à dos avaient été emportés eux aussi et avaient coulé au fond du lac. Il ne leur restait que leurs vêtements mouillés, jeans, t-shirts et baskets.

Heureusement, le fameux morceau en bois avec le message écrit en braille se trouvait encore dans une poche de Anne. Et Christine, qui fréquente les lutins, avait accroché un canif et une lampe de poche à sa ceinture. 


-On remonte? proposa Véronique, qui tremblait de froid.

-Je le crains, répondit Philippe, hésitant.

-Et passer devant le petit pub comme des canards mouillés? ajouta Jean-Claude. Ils vont bien rigoler de nous, ceux-là.

Neuf heures et demie du soir. Il faisait à peine sombre. Le brouillard noyait toujours le paysage. Leurs repas et autres provisions se trouvaient au fond du lac. 

Philippe avança vers la porte latérale droite. Moins monumentale que l'autre, mais elle aussi avec deux mains peintes en rouge écarlate. Le garçon y posa les siennes, tandis que ses amis observaient d'un peu plus loin. Les battants s'ouvrirent en silence.

-Venez, entrons! leur cria-t-il. On ne va pas remonter sans avoir tout essayé.

-Attention, si la porte se referme, comment sortirons-nous ? lança Anne.

Elle suivit seule Philippe dans cette partie du temple. Les trois autres restèrent à l'extérieur, pour pouvoir ouvrir en cas de besoin. En observant la face interne des montants, les deux enfants aperçurent un mécanisme simple, une sorte de levier. Rassurés, ils entrèrent tous les cinq dans l'édifice.

Il comportait un vaste espace, plus grand qu'une salle de cinéma. Le sol était parfaitement plat.

Philippe fit trois pas en avant et poussa un cri. Il glissa sur un plan incliné, caché sous la surface lisse de l'eau qui stagnait à cet endroit. Il s'enfonça, se retourna et tenta de ressortir du bassin en nageant, mais c'était impossible seul. Le sol, sous la surface de l'eau, était à ce point glissant, qu'il dérapait sans cesse. Il appela les copains.

Seul, il se serait noyé, épuisé après une lutte angoissante et inutile.

Les autres créèrent une chaîne. Véronique s'avança, rampant à plat ventre, tenue par les pieds par Anne à quatre pattes derrière elle, tenue elle-même par Jean-Claude et Christine. Philippe attrapa la main tendue et les amis le tirèrent hors de l'eau.

Impossible d'aller plus avant dans cette salle au piège mortel. Ils actionnèrent le levier des portes monumentales qui s'étaient refermées et ressortirent.

-Parfois je me crois malin, dit Philippe. Mais sans vous je pourrirais là au fond, comme tant d'autres dont j'aperçois les crânes et les os.

Ils se dirigèrent vers la troisième entrée. Celle de la dernière chance.


Jean-Claude posa ses mains sur les formes sanglantes et la porte s'ouvrit. Ils entrèrent prudemment. Les mêmes empreintes apparaissaient à l'intérieur pour ressortir sans difficulté. La salle était beaucoup plus petite. Elle comportait, en son centre, un escalier en colimaçon noyé d'eau, à ce point transparente que l'on voyait les marches jusque très bas.

La colonne centrale était décorée par deux dragons sculptés entre lesquels se trouvait une fente de cinq centimètres de large et un de haut. Cela donna une idée à Christine.

-Tentons d'y enfoncer la fameuse pièce en bois, celle qu'on a trouvée chez toi, Anne, et où on a découvert le message en écriture Braille, proposa la jeune fille.

Anne la sortit de sa poche. La fissure avait exactement les mêmes dimensions. Elle la fit glisser un peu en la tenant fermement. Puis, elle la retira. Il ne se passa rien.

Elle recommença et l'introduisit presque entièrement. À ce moment-là, ils entendirent un déclic. L'escalier se vida de son eau complètement. Après un temps assez long, Anne risqua de ressortir la pièce en bois et la remit dans sa poche.

Ils empruntèrent les marches mises en colimaçon en se donnant la main. Ils en comptèrent près de trois cents. Plus ils descendaient, plus il faisait froid et sombre. Les murs dégoulinaient encore mouillés et le sol très glissant ruisselait. La seule lumière venait de la lampe de poche de Christine à présent.

L'escalier à vis se termina dans une petite salle ronde à deux ouvertures. Sur le linteau d'une des entrées, une lettre fort abîmée ressemblait à un N. De l'autre côté nos amis lurent un S.

-Le Nord et le Sud, sans doute, suggéra Christine.

-Tu as raison, confirma Anne, en suédois, le Sud s'écrit Söder et le Nord, Norr.


-Où va-t-on ? demanda Véronique. Au Nord ou au Sud ?

-On ne connaît toujours pas le chiffre, fit remarquer Philippe.

-Et toujours pas d'ombre lumineuse, ajouta Anne. À moins que ce soit un fantôme, qui apparaîtra ou viendra nous surprendre.

Ils choisirent le Nord, à tout hasard.

Ils entrèrent dans une grande salle fort sombre et totalement silencieuse. Rien à voir. Aucune ouverture, aucune sortie. Rien. Pas de trappe, ni au plafond, ni au sol, formé de grandes dalles, toutes les mêmes. Ils quittèrent cet espace et se dirigèrent vers le Sud.

-Regardez, cria Véronique. Éteins ta lampe, Christine.

Sitôt plongés dans l'obscurité, ils aperçurent un petit point lumineux tout au fond de la grande pièce, sur le mur faisant face à l'entrée.

-Je vais voir, s'engagea Philippe.

-N'y va pas seul, conseilla Jean-Claude.

-Véronique, tu m'accompagnes?

Il lui donna la main. Ils traversèrent la salle. Les autres restèrent à l'entrée.

-J'arrive au mur, dit Philippe, et je vois l'orifice d'où sort ce rayon qui s'arrête au plafond. Si ce n'était pas si ancien, je parlerais d'un laser, ajouta le garçon. Je vais y glisser la main.

II passa ses doigts dans la lumière, au milieu du silence et de l'obscurité oppressante.

-Il ne se produit rien, continua Philippe. Je pose mon doigt à l'endroit où sort le rayon lumineux.

-Prudence, cria Christine.

-II ne se passe toujours rien, mais on sent une sorte de vibration, lança Véronique.


Philippe et son amie ne virent plus rien. Tout était obscurité et silence.

-Christine? appela Véronique.

Elle se rapprocha de son copain. Ce calme l'impressionnait.

-Je ne les vois plus, souffla-t-elle.

-Ne jouez pas à cache-cache, cria le garçon. On visite un tombeau, celui de je ne sais plus qui. Répondez!

Silence absolu! Nuit totale! Nos amis ne possédaient pas de lampe de poche. Mais les yeux s'habituent à l'obscurité. Ils traversèrent la salle parcourue quelques instants auparavant et arrivèrent dans le hall où se trouvaient, croyaient-ils, leurs amis et les indications Nord-Sud. Seulement ici, au-dessus des portes, sur le linteau, il était gravé Väst et Öst. Est et Ouest.

-Mais où vous cachez-vous? hurla Véronique.

-Je ne vois plus le point lumineux, derrière nous, dit Philippe.

-Mais où êtes-vous? répéta la jeune fille affolée, collée contre son copain.

-On reste ensemble, murmura le garçon. Viens avec moi, allons vers l'Ouest. D'accord? On va bien les retrouver.

Ils entrèrent dans la salle Ouest, totalement noire. Ils ne distinguaient même pas leur main placée à vingt centimètres du visage. Ils se tenaient l'un contre l'autre. Philippe passa son bras autour des épaules de son amie. Ils avançaient doucement, dans ce silence effrayant, presque palpable. De temps en temps, ils appelaient.

-Jean-Claude! Anne! Christine!...

Rien!

-On arrive au fond de la salle, murmura Philippe... Doucement... Ne nous cognons pas contre le mur.

-Je ne crois pas, chuchota Véronique. On va vers le fond de la salle, comme tu dis, mais on progresse très lentement. On n'a pas encore atteint l'autre côté.

Sa main tremblait dans celle de son ami.

-Ah! cria soudain sa copine. Quelque chose me touche et me serre. C'est froid, c'est froid, c'est froid...

Ils hurlaient tous deux.


-Où sont-ils ? dit Jean-Claude. Je ne vois plus Philippe et Véronique. Au moment où ils ont posé leur doigt sur le point lumineux, ils ont disparu. Ne jouez pas à cache-cache, les amis. Bon! Je vais voir.

-Je viens avec toi, décida sa sœur. Anne, oserais-tu rester seule ici un instant ? Je voudrais tenter une expérience.

-D'accord, répondit leur amie, je vous attends. Je ne crois pas qu'ils se sont cachés...

-Moi non plus, affirma Christine. Tiens, voilà ma lampe de poche, puisque tu demeures toute seule, je te la passe.

Le frère et la sœur traversèrent la salle Sud. Jean-Claude arriva au point lumineux.

-Anne, tu m'entends? lança-t-il.

-Oui, cria la jeune fille.

-Tu te souviens? Philippe a dit "je vais glisser la main dans le rayon lumineux".

-Je me rappelle, répondit leur amie.

-Je vais le faire. Maintenant. D'accord?

-D'accord. Sois prudent, conseilla la jeune fille.

Nos amis ne remarquèrent aucun changement. Puis, Jean-Claude ajouta:

-Philippe a crié ensuite : "Il ne se produit rien. Je pose mon doigt à l'endroit où sort le rayon lumineux" et après, plus rien.

Or, nous savons que Véronique avait ensuite ajouté: « II ne se passe toujours rien mais on sent une sorte de vibration ». Cela, nos amis ne l'avaient pas entendu...

Jean-Claude plaça son doigt sur la source lumineuse.

-On perçoit une sorte de vibration, dit Christine.

-Anne? appela Jean-Claude. Anne? Réponds, Anne...


Anne attendait seule dans le hall d'entrée.

-Je ne vous entend plus, cria-t-elle.

La lampe de poche n'éclairait pas le fond de la grande salle Sud.

-Mais où vous trouvez-vous? lança-t-elle, très inquiète.

Elle fit quelques pas en arrière et s'assit sur la dernière marche de l'escalier à vis qui venait de tout là-haut près du lac. Elle décida de les attendre. Cinq minutes passèrent. Cinq minutes qui lui parurent une heure. Au bout de ce laps de temps, elle fut prise d'angoisse.

Et si l'eau revient? se demanda-t-elle. Ils ne pourront rien y faire puisque j'ai la plaque en bois. Remonter l'escalier? Les abandonner dans ce tombeau? Ça, pas question. Jamais.

Elle se leva et entra dans la salle Sud à son tour. Elle la traversa lentement à la lueur de la lampe de Christine. Arrivée près de la source lumineuse, elle éteignit la lumière.

Elle s'approcha du petit point lumineux et passa sa main dans le rayon. Son cœur battait la chamade. Elle posa son doigt sur la source de lumière. Elle sentit la petite vibration.

-Vous êtes là? murmura-t-elle tout bas.

Elle avança doucement dans l'obscurité et le silence. Elle parvint dans le petit hall où « Est-Ouest » était indiqué à la place de « Nord-Sud ». Elle se glissa dans la salle Ouest. Grâce à ses tennis, elle marchait sans faire aucun bruit.

Comment retrouver le rayon lumineux, se dit-elle. Il doit bien être quelque part... Elle frissonna de peur et de froid.

Tout à coup, elle sentit un bras glacé qui la prenait et tentait de l'enlacer. Elle songea à une pieuvre. Elle aurait pu se baisser pour s'échapper par en-dessous. Elle n'y pensa pas. Le bras l'étreignit de plus en plus. Un deuxième bras s'appliqua contre son corps. Elle se sentit serrée, écrasée, comme si un serpent tentait de l'étouffer dans ses anneaux. Elle eut l'impression que ses os allaient craquer!


Elle se mit à hurler. Puis tout à coup, elle perçut un grincement derrière elle. Une trappe venait de s'ouvrir sur le sol. Elle dut se tenir pour ne pas tomber dans un puits d'au moins dix mètres de profondeur. Elle vit une échelle de fer accrochée aux parois de ce vieux puits.

-Anne, c'est toi? entendit-elle du fond du trou.

-Oui, souffla notre aventurière.

-On est là tous les quatre, descends.

Elle reconnut la voix de Jean-Claude. Les tentacules mystérieux se desserraient.

-Tu as la lampe?

-Oui, dans ma poche. Mais quelle horreur! dit Anne. Je croyais que j'allais étouffer.

-Viens, on t'expliquera.

Elle descendit par l'échelle. La trappe se referma au-dessus d'elle. Ils se trouvaient tous dans un couloir humide, à présent.

-C'était quoi, cette horreur? répéta leur amie.

-Une horreur ? s'exclama Philippe. Un appareil extraordinaire, tu veux dire. J'étais muet d'admiration.

-Ne croyez pas ce menteur, s'indigna Véronique. Il hurlait comme un cochon qu'on égorge. Enfin, nous voilà de nouveau tous réunis. C'est le principal. Que fait-on? On remonte?


Remonter ne servait à rien. La trappe ne s'ouvrait pas par le côté où ils se trouvaient à présent. Il fallait continuer l'exploration jusqu'au bout.

-Suivons ce couloir, dit Jean-Claude. Mais regardez, des gouttes tombent et l'eau suinte des murs. Il vaut mieux se dépêcher. Allons-y!

Ils marchèrent une centaine de mètres dans ce boyau sombre, humide et froid. Christine allait devant avec sa lampe allumée.

Ils parvinrent près d'une porte avec deux mains rouges comme les autres. Anne y posa ses doigts pendant que son amie l'éclairait, mais ça ne s'ouvrit pas. Les panneaux de la double porte semblaient figés pour l'éternité.

Un instant de panique les fit frissonner.

Véronique se retourna. Elle croyait entendre quelqu'un qui les suivait. Christine éclaira le couloir en arrière, mais ne vit rien. Seulement des gouttes d'eau qui tombaient, ça et là, dans ce sombre et sinistre endroit.

-Éteins ta lampe de poche, commanda soudain Jean-Claude. Vite.

Effrayée, sa sœur coupa la lumière.

La porte près de laquelle ils se tenaient leur apparut bien différente dans l'obscurité. Les deux mains rouges avaient disparu, remplacées par un œil immense qui s'ouvrait et se fermait à intervalle régulier.

Nos amis poussèrent un cri. C'était comme si l'œil d'un géant enfermé dans une caverne immense les regardait par un trou de serrure.

Sitôt remis de leur frayeur, ils posèrent leurs mains sur l'œil fermé. Ils touchèrent un mur humide derrière le film d'eau. L'œil s'ouvrit et disparut. Une angoisse terrible les saisit à la gorge. Ils hurlèrent, épouvantés. Cinq personnes semblaient les observer... mais non, ce n'était qu'eux, devant un miroir.

Ils se regardèrent tous les cinq, ébahis.

Anne fit un pas en avant et toucha le miroir. Elle poussa un nouveau cri. Son index venait de traverser la surface brillante. Elle retira son doigt précipitamment. Le miroir, jeu parfait d'eau et de lumière, se reforma aussitôt.

Soutenue par Jean-Claude, elle passa à nouveau sa main au travers de la surface brillante.

-De l'autre côté, dit la jeune fille, je sens des gouttes tomber sur mes doigts. Il pleut de l'autre côté du miroir d'eau.

-Donnons-nous la main et avançons, dit Philippe.

Les cinq enfants firent un pas tous ensemble en avant. Anne, la première, passa à moitié derrière le miroir. Vue du souterrain, elle semblait coupée en deux. Ils avancèrent encore et se retrouvèrent de l'autre côté du film d'eau.

Hélas, la dalle sur laquelle nos amis venaient de s'arrêter bascula. Véronique tomba dans le vide, entraînant les autres avec elle. Tous les cinq glissèrent par un orifice situé au sommet du dôme d'une gigantesque grotte. Ils terminèrent leur chute par un plongeon impressionnant dans un lac souterrain.


L'eau glaciale les surprit. Mais surtout, ils ne trouvèrent aucun endroit pour se poser et sortir de ce bain forcé. Les parois rocheuses de la caverne tombaient à pic. Ils n'avaient pied nulle part.

Ils nagèrent vers le milieu du lac. Là, se dressait un bloc en pierre cerné par des marches d'escalier. Une source de lumière, venue d'on ne sait où, éclairait ce morceau de marbre lisse, noir, bien taillé et ressemblant étrangement à une pierre tombale de cimetière.

Ils sortirent de cette eau froide en se hissant sur les marches. Puis, se faisant la courte échelle, ils grimpèrent sur l'immense bloc de marbre noir.

En passant, ils virent le mot « Soldarmö » gravé sur une des faces.

Ils se tenaient debout tous les cinq, trempés, glacés, inquiets, sur ce bloc de deux mètres de haut. Le tombeau de Soldarmö le Grand.


Soudain, ils perçurent une secousse. L'ensemble descendit d'un centimètre. Nos amis regardèrent autour d'eux. Il ne découvrirent aucune issue. Et toutes les minutes, le bloc descendait d'un centimètre.

-Dans trois heures quinze environ, on aura les pieds dans l'eau, calcula Philippe. Et dans cinq heures on mourra noyés dans ce lac.

Une nouvelle secousse fit descendre le bloc encore d'un centimètre, confirmant les dires du garçon.


Observant attentivement le lac situé autour d'eux, sous la coupole ronde, ils remarquèrent que ce tombeau se trouvait au centre d'une immense horloge horizontale dont les aiguilles sous-marines tournaient lentement. On distinguait l'aiguille des minutes et celle des heures. Et chaque minute qui passait, le catafalque, cette étrange construction funéraire, descendait d'un centimètre.

-Vous êtes entraînés dans ce lieu de mort par ma faute, dit Anne d'une petite voix triste. Bientôt, il faudra nager, sans aucune possibilité de s'échapper. Impossible d'atteindre la trappe au plafond de la grotte, à dix mètres de hauteur. Il faudra nager sans cesse et finir par mourir gelés ou noyés.

-On est vivants et on va s'en sortir, répondit Christine toujours positive et courageuse.

Ils quittèrent tous les cinq le bloc de marbre et entrèrent dans l'eau. Elle leur venait à peu près à la taille à cet endroit. Ils firent quelques pas sur l'horloge sous-marine et découvrirent sur le sol deux longues barres de fer.  À quoi servaient-elles?

Jean-Claude eut une idée. II proposa de bloquer l'aiguille des minutes avec une de ces barres. Dès que l'aiguille s'arrêta, deux vannes s'ouvrirent dans le plafond de la coupole et des torrents impétueux coulèrent. Le niveau du lac se mit à monter rapidement.

-Ce n'est pas mieux, cria Véronique. Au lieu que le tombeau descende, maintenant l'eau monte et vite. Et si le niveau atteint le plafond, on ne pourra même plus respirer. On va mourir étouffés.

-Remontons sur le tombeau, cria Philippe. Mais avant, débloquons cette horloge.

Ils dégagèrent la barre. Les vannes cessèrent de déverser leur torrent et se refermèrent. L'horloge se remit en route. La lente descente du bloc de marbre noir aussi.


Son ombre était lumière... Ils ne connaissaient pas le chiffre...

Jean-Claude, Anne, Christine et Véronique retournèrent dans l'eau froide. Ils marchèrent sur cette immense horloge et tentèrent de trouver une explication, de découvrir un chiffre peut-être gravé quelque part. Ils se passaient la lampe de poche. Ils sentaient le froid glacial les engourdir. Ils regardaient partout, ils ne trouvaient rien.

Philippe resta debout sur le tombeau.

-Véronique, monte un instant ici, demanda le garçon.

La jeune fille se hissa sur les marches puis sur le catafalque.

-Ça va. Tu peux redescendre, dit-il un instant plus tard.

-Tu me prends pour une girouette, fit remarquer son amie.

Elle retourna dans l'eau.

Plusieurs minutes plus tard, Jean-Claude redressa la tête. Il grelottait. Philippe, assis confortablement les jambes croisées sur le bloc de marbre noir, demeurait au sec pendant que les autres tremblaient de froid dans l'eau.

-Tu ne viendrais pas chercher le chiffre avec nous?

-L'eau est trop froide, murmura le garçon.

-Non, mais! cria Jean-Claude. Monsieur trouve l'eau trop froide! Attends que je vienne te déloger de là.

-Oui, venez me rejoindre. J'ai compris pourquoi l'ombre est lumière et j'ai trouvé le chiffre.

-Tu as découvert le chiffre? s'étonna Anne.

-Oui.

-Comment cela? demanda Véronique.

-J'ai réfléchi, dit Philippe. "Son ombre était lumière"... "il ne connaissait pas le chiffre". Je vous explique. Les deux phrases sont liées. Vous avez remarqué comme moi, que cette caverne est sombre mais pas noire. Une puissante source de lumière vient de droite, par je ne sais quel jeu de miroir et de glace, du soleil de minuit. Là-haut, dehors, à deux heures du matin, il fait clair. Nous sommes au-dessus du cercle arctique.

Jean-Claude, Christine, Véronique et Anne, assis en rond, écoutaient leur copain en silence, impressionnés.

-Cette lumière éclaire le tombeau sur lequel nous sommes assis. J'ai vu de ce côté, là à gauche, quatre traits lumineux sur le mur de pierre grise. Comme si l'ombre du tombeau était lumière. J'ai passé ma main le long du bloc de marbre. Il est percé par deux fentes. La lumière passe à travers le tombeau et s'arrête sur le mur de roche.

-Génial, dit Anne.

-Attends la suite. Par un phénomène de physique que je ne comprends pas bien, mais dont je me souviens pour l'avoir lu dans un livre d'astronomie, une lumière unique, passant par deux fentes, dans une pièce sombre, se divise en quatre faisceaux. La théorie quantique explique cela. Ici, j'ai observé le même phénomène. Mais ne me demandez ni pourquoi ni comment.

 -Tu m'épates, fit Jean-Claude.

-J'ai prié Véronique de monter près de moi. Je lui ai demandé ensuite de redescendre. Tu as même déclaré que tu n'étais pas une girouette. Je voulais voir, en te faisant venir, si une barre lumineuse supplémentaire apparaissait ou disparaissait en ta présence. Je partais du principe que puisque "son ombre était lumière" et "qu'il ne connaissait pas le chiffre", il devait exister une relation entre les deux propositions. Quatre, voilà le chiffre... Quatre barres lumineuses. L'ombre de ce tombeau, ni plus ni moins. Seulement, maintenant on ne les voit plus. 

-Alors on fait quoi? demanda Anne.

-On arrête les aiguilles sur quatre heures, quatre heures quatre ou quatre heures quarante.

-Et si non ? demanda Jean-Claude.

-Si je me trompe, nous allons tous mourir.

-Si tu vois juste, je ne me moquerai plus de ton génie, promit Christine.

Ils lui firent confiance. Tous s'assirent sur le tombeau et bavardèrent paisiblement.

À quatre heures moins deux, ils retournèrent dans l'eau et bloquèrent l'horloge sur quatre heures exactement.

Quand l'aiguille des minutes vint se caler contre la barre à quatre heures juste, le niveau d'eau se mit à descendre rapidement, comme une baignoire qui se vide. Elle disparut entièrement par des souterrains. Philippe pavoisait.


Cela fit apparaître l'entrée d'une immense grotte latérale au milieu de laquelle se trouvait une statue. Une sculpture colossale d'un homme, debout, en marbre noir. Et en-dessous était gravé: "Soldarmö le Grand" en suédois.

Ils découvrirent deux dragons sculptés entre lesquels se trouvait une fente juste devant les pieds de la statue. Elle ressemblait à celle qu'ils avaient utilisée tout en haut de l'escalier à vis, pour vider l'eau dans laquelle il était noyé.

-Tu devrais glisser ta plaque en bois là-dedans, suggéra Jean-Claude. Je parie que ça va ouvrir un robinet à pièces d'or.

-D'accord, répondit Anne, mais on n'est pas dans un jeu télévisé.

-Et on se trouve encore au fond d'un tombeau, murmura Véronique.

Leur amie fit entrer la plaque dans la fente. Le morceau de bois passa juste et fut littéralement aspiré. Il disparut. De l'eau se mit à couler de tous les côtés à la fois et en trombe.


Nos amis levèrent les yeux. Ils se trouvaient au fond d'une immense citerne creuse, un cylindre d'une hauteur telle qu'on ne voyait pas le plafond avec la lampe de poche de Christine.

L'eau se mit à monter. Heureusement, ils virent une échelle en fer accrochée sur le côté. Ils y grimpèrent l'un derrière l'autre, aussi vite qu'ils pouvaient. Le niveau de l'eau s'élevait plus rapidement qu'eux. Ceux qui étaient en-dessous sur l'échelle, furent rattrapés par ce bain agité et glacé qui tourbillonnait autour d'eux et qui poursuivait inexorablement son ascension. Quelques instants plus tard, tous les cinq se retrouvèrent dans l'eau.

La statue de Soldarmö disparut, engloutie sous les flots. Le niveau montait toujours à toute allure dans cette gigantesque cheminée. Cela dura encore plusieurs minutes.

Ils s'approchaient, terrifiés, du plafond de la colonne creuse au fur et à mesure que le niveau d'eau s'élevait. Allaient-ils mourir engloutis par les mécanismes diaboliques de Soldarmö?

 

Anne aperçut soudain deux mains rouges contre la paroi. Elles étaient situées un peu plus haut qu'eux.

-Les deux mains là-bas, cria-t-elle. Il faut que l'un d'entre nous aille les toucher. C'est peut-être une porte de sortie. Vite. Dépêchez-vous.

Véronique, la plus proche, nagea de son mieux, malgré le froid qui l'enraidissait. Elle parvint près de l'endroit du mur où se trouvaient les deux mains peintes. Elle les toucha.

Deux immenses battants coulissèrent et nos amis se retrouvèrent éjectés à l'extérieur, dans le lac du gouffre de Soldarmö. En arrivant, Jean-Claude avait provoqué l'ouverture de cette porte à deux battants et l'eau qui stagnait derrière avait balayé nos amis et les avait une première fois précipités dans l'eau.

Ils sortirent, trempés et glacés à nouveau. Ils se regardèrent. Impossible de revenir en arrière. Ouvrant la petite porte latérale gauche, ils virent les marches en colimaçon, noyées à nouveau. Et la plaque en bois qui permet de vider cet escalier avait été avalée par le mécanisme situé tout au fond, entre les pieds de la statue verticale.

Les descendants de Soldarmö avaient créé un tombeau qu'ils croyaient inviolable et jusque-là peut-être inviolé. Mais l'arrière grand-père de Anne, l'organiste aveugle, avait sans doute eu accès à des documents aujourd'hui disparus et avait fait sculpter le précieux morceau de bois, caché dans les grandes orgues de la maison qui craque.

Nos amis étaient-ils passés à côté d'un trésor ? Ils ne le surent jamais.

Ils ressortirent du gouffre deux heures plus tard. L'aube pleine de lumière du grand Nord illuminait le ciel clair. Ils traversèrent en silence le hameau endormi.

L'auberge était fermée, mais le couple qui la tient regardait par la fenêtre et vit nos amis passer.


-Björn, dit la femme, ces enfants sont ceux qui sont venus hier...

-En effet, Christina, répondit son époux Ils sont bien vivants et pas devenus fous...

-Ils ont vaincu la mort, Björn...

Puis elle ajouta:

-Que peuvent la mort, les tombeaux, les pièges, contre l'amitié qui lie cinq amis...

Ils se donnaient la main sous le soleil radieux.