Patricia

Patricia

N°1

Les Trois Noëls de Patricia

      Le 24 décembre au soir. Patricia préparait Noël à la maison avec papa et maman. Le salon brillait illuminé par un magnifique sapin, sous lequel se trouvaient quelques cadeaux, à côté de la jolie crêche. Une délicieuse odeur provenait de la cuisine. Toute la famille s'apprêtait à la fête.

Patricia a onze ans. Son petit frère, Mickaël, six ans. La petite soeur, Élodie, aura bientôt un an.

Poussés par leur curiosité, ils décidèrent d'ouvrir les cadeaux avant le repas. Quand ils eurent tout déballé, il restait une petite boîte rouge sous le sapin. Une étiquette collée sur le couvercle indiquait « pour Patricia ».

La jeune fille se tourna vers ses parents.

- Un cadeau de toi, maman ?

- Non, je ne sais pas qui a posé ça là.

- Cela vient de toi, papa ?

- Aucune idée, ma chérie. Jamais vu.

- Il ne faut pas me regarder, dit Mickaël. J'y suis pour rien.

- Papa, maman ! insista notre amie, j'ai passé l'âge du Père Noël qui descend par la cheminée. Ce cadeau n'est pas arrivé tout seul.

- Nous t'assurons, répondirent les parents, que nous ne savons pas de quoi il s'agit.

Patricia saisit la boîte, s'assit, et l'ouvrit. Elle contenait trois choses : une banale plume d'oiseau, comme on en trouve en rue ou dans les parcs; une pomme de pin maladroitement peinte en doré; et un petit bracelet de perles en plastique comme toutes les filles savent fabriquer.

- Quelqu'un se moque de moi, dit notre amie. Qui m'offre ce cadeau ?

Elle referma la boîte et l'on passa à table. La fête se déroula très bien. Papa raconta une belle histoire de Noël, puis il saisit sa guitare et l'on chanta.

Plus tard, Patricia monta se coucher. Elle se mit en pyjama. Papa et maman vinrent l'embrasser. Ils éteignirent la lumière et fermèrent la porte en sortant.

Notre amie s'assit sur son lit. Elle tenait cette mystérieuse boîte sur ses genoux. Elle la rouvrit, intriguée par ces étranges objets, si simples.

Elle prit la plume et, la glissant entre ses doigts, elle la caressa doucement.

*******

Soudain, sa chambre, son lit, tout disparut.

Elle se retrouva à la lisière d'une forêt. Cette forêt se terminait au pied des montagnes, à sa droite. À sa gauche, le désert s'étendait jusqu'à l'horizon. Le soleil allait bientôt se coucher.

En une mystérieuse fraction de seconde, Patricia était devenue enfant de pionniers, il y a bien longtemps, au cœur de l'Ouest américain.

Les pionniers, des gens courageux, très pauvres, vivaient autrefois aux Etats-Unis. Ces familles audacieuses quittaient la Côte Est pour se diriger vers la Californie qui les attirait et les délivrerait, espéraient-ils, de la misère des taudis de New York, Washington, Boston, Philadelphie. Les parents employaient leurs derniers dollars à acheter deux chevaux et un chariot recouvert d'une bâche. Ils mettaient leurs pauvres biens à l'intérieur, y installaient leurs enfants et ils partaient vers l'Ouest. Un interminable voyage, qui durait plusieurs mois. Un voyage de quatre mille kilomètres à travers leur immense pays encore sauvage et dangereux en ce temps-là.

Après la grande prairie, se dressaient les montagnes rocheuses, menaçantes et puis les déserts interminables de l'Arizona, du Nevada, traversés de canyons profonds.

Notre amie se trouvait en Arizona. Michaël jouait un peu plus loin avec du sable. Les chevaux broutaient quelques herbes éparses. Élodie dormait dans le chariot.

Papa rassembla un peu de bois. Maman alluma le feu. Elle venait d'y poser une petite casserole. Elle ne contenait que quelques pommes de terre et des haricots. Il ne restait que cela à manger pour ce soir. Bien trop peu.

- Patricia ?

- Oui, maman ?

- Ma chérie, dit-elle en lui prenant la main, ce soir c'est Noël.

- Je sais, répondit Patricia, avec un petit sourire.

- Tu es l'aînée, ma chérie. Tu peux comprendre ce que je vais te dire. Tu ne recevras aucun cadeau ce soir. Nous ne pouvons rien t'offrir. Nous sommes trop pauvres.

- Je sais, maman.

- Il n'y a même pas assez à manger dans la casserole. Chacun devra se priver un peu. Quel triste dîner de Noël !

- Cela ne fait rien, répondit Patricia. Puis elle ajouta : Tu sais maman, lorsque nous vivrons en Californie, on serons devenus très riches. On se rattrapera et on fera de grandes fêtes.

- Tu es courageuse, félicita maman.

Lorsque la nourriture arriva dans les assiettes, notre amie vit qu'il n'y avait vraiment pas grand-chose à manger et elle avait si faim. Pourtant, profitant d'un moment où ses parents ne regardaient pas, la grande sœur prit quelques cuillères de pommes de terre et de haricots de son assiette et les mit dans celle de son petit frère Mickaël, pour qu'au moins, le soir de Noël, le petit garçon n'ait pas trop faim.

Les grandes sœurs sont parfois très courageuses et elles ont le cran de se priver pour les plus petits, quand il n'y a pas assez.

 

Après le repas, Patricia proposa un petit jeu. Chacun s'y prêta volontiers.

- J'ai pensé, en l'honneur de Noël, expliqua la jeune fille, qu'on pourrait faire une crèche vivante. Nos deux chevaux, l'un attaché au sapin, et l'autre à une souche d'arbre seront l'âne et le boeuf, enfin, avec un peu d'imagination.

- D'accord, répondirent les parents en riant.

- Toi, papa, tu joueras Saint Joseph. Tu t'agenouilles ici près du feu.

Papa se plaça, comme sa fille le lui demandait.

- Toi, maman, tu viens d'accoucher du petit Jésus. Tu restes assise là-bas, pas loin de papa. Tu te reposes. Maintenant, dit Patricia, je vais chercher Élodie si vous voulez bien. Elle sera Jésus.

- Ne la réveille pas, insista maman.

La jeune fille entra dans le chariot, souleva la couverture pliée sous laquelle dormait sa petite sœur. Elle revint la poser délicatement entre Marie et Joseph, c'est-à-dire entre son papa et sa maman.

- Et moi, demanda Mickaël, je fais quoi là-dedans ?

- Toi, répondit notre amie, tu es un berger. Tes moutons broutent l'herbe, là-bas à l'entrée du désert.

Le petit garçon se retourna.

- Je ne vois pas de moutons.

- Mais bien sûr qu'il n'y a pas de moutons, s'écria Patricia. Nous jouons un jeu. Tu es un berger, mais tes moutons n'existent pas pour du vrai. Tu te mets à genoux devant Jésus.

- Je dois m'agenouiller devant ma petite sœur ?

- Elle n'est plus ta petite sœur, pour l'instant, mais l'enfant Jésus.

- Bon, maugréa Mickaël.

- Maintenant, il ne manque plus qu'une chose. Je vais jouer le rôle des rois mages. Hélas, vous n'en verrez qu'un, parce que je suis toute seule. J'arrive tout de suite. Maman, puis-je prendre une pièce de tissu dans le coffre du chariot, je vais me déguiser derrière le sapin et j'arrive.

 

Patricia revint, suivie par trois Indiens, armés d'arcs et de flèches. Elle était toute pâle.

- Ce sont tes rois mages? demanda maman.

- Ils attendaient cachés là derrière. Ils nous épiaient, murmura la jeune fille.

Papa fit glisser son fusil tout près de ses genoux. Un des Indiens s'avança.

- Vous ne pouvez pas rester là où vous êtes. Il ne faut pas camper ici.

- Pourquoi? demanda papa.

- Parce que dans les rochers, là plus loin, se trouve la tanière de quelques ours, des grizzlis. Ces bêtes dangereuses et agressives pourraient attaquer votre chariot pendant que vous dormez, déchirer la toile de la tente et vous tuer. Vous devez partir.

- Mon Dieu, se soucia papa, mais où allons-nous aller ? Le soleil est couché. La piste est à peine visible dans le désert. Nous risquons de nous perdre.

- Je fais partie de la tribu des Navajos, annonça le guerrier. Notre chef vous invite à venir au camp ce soir. La lune est ronde. À chaque pleine lune, nous dansons autour du feu. Notre grand sachem vous propose de vous joindre à nous. Nous mettrons un tipi à votre disposition, pour y passer la nuit.

- Vraiment, osa espérer maman. Vraiment nous pouvons venir ?

- Certainement, madame.

- Vous êtes vraiment très accueillants, affirma papa. Je vous remercie.

Il attela les chevaux et suivit les Indiens, avec le chariot. Ils arrivèrent au camp. Les pointes des tentes, les tipis, découpaient le ciel, clair à cause de la pleine lune.

Là-bas plus loin, se trouvait un grand feu. On entendait le son rythmé des tambours et des flûtes à bec. Toute la tribu s'y trouvait rassemblée. Deux cents, deux cent cinquante personnes peut-être. Certains dansaient autour du feu, surtout les enfants et les jeunes.

Nos amis les rejoignirent. Ils reçurent à manger et à boire, ce qui leur fit grand bien, après le maigre repas de tantôt.

 

Soudain, un garçon s'approcha de Patricia. Un beau garçon de quatorze ou quinze ans, avec des cheveux noirs qui tombaient sur ses épaules. Il était torse nu. Un merveilleux sourire et des yeux clairs illuminaient son visage.

- Viens danser avec moi, dit-il en tendant les mains vers Patricia.

- Je ne connais pas vos danses, répondit notre amie.

- Cela ne fait rien, je t'apprendrai. Comment t'appelles-tu ?

- Patricia, et toi ?

- Pierre de Lune.

- Quel beau totem! fit notre amie en souriant.

Après un regard vers ses parents, elle se leva et partit danser avec Pierre de Lune et les autres enfants de la tribu.

Plus tard, papa, maman, la petite Élodie et Mickaël qui tombait de fatigue, allèrent s'étendre dans le tipi qui leur était réservé.

 

Patricia revint au milieu de la nuit, accompagnée par Pierre de Lune.

Arrêtés tout près du tipi, la jeune fille se tourna vers le garçon indien et murmura, les larmes aux yeux :

-Ce soir, c'est aussi une fête chez nous. Cela s'appelle Noël. Je pensais qu'il ne se passerait rien d'intéressant, juste quelques prières.... Mais, Pierre de Lune, grâce à toi, je viens de vivre le plus beau Noël de toute ma vie.

Des larmes coulaient sur les joues de notre amie.

- Ça m'a fait plaisir de danser avec toi, sourit Pierre de Lune. Demain tu partiras pour la Californie. Nous ne nous reverrons jamais plus. Mais, voici un petit cadeau pour toi. Je te donne cette plume, un souvenir de la tribu des Navajos et de moi, pour la suite de ton voyage. Tu sais, tu es une super fille.

Patricia rougit.

- Toi, tu es un merveilleux garçon, ajouta notre amie, si émue quelle pleurait à présent. Merci pour ce cadeau. Je ne t'oublierai jamais, Pierre de Lune, jamais.

Ils se donnèrent un baiser sur la joue, puis Patricia entra à l'intérieur du tipi. Elle s'assit sur la couverture qui lui servait de lit. Elle caressa la plume un instant entre ses doigts et elle se retrouva sur son lit, dans sa chambre.


- Quel admirable cadeau, songea Patricia. Quel fabuleux objet, cette plume de Pierre de Lune. Le signe de l'amitié.

Des larmes plein les yeux, elle la glissa dans la boîte, et en sortit la pomme de pin dorée. Elle l'effleura doucement en la faisant tourner entre ses doigts.

- Et ça, c'est quoi ? murmura la jeune fille.

*******


Patricia se retrouva soudain dans une grande ferme, au milieu de la haute Ardenne, il y a deux cents ans. À genoux devant un fourneau à bois, portant de gros gants aux mains, elle s'apprêtait à retirer une magnifique pâtisserie du four.

- Maman, viens voir mon gâteau. Je l'ai bien réussi. Il est tout doré.

- Magnifique, complimenta sa mère. Pose-le délicatement sur la table. Il va refroidir et on le prendra comme dessert, pour la fête de Noël, ce soir. Je te félicite, Patricia.

- Merci, maman.

- Ma grande, je vais donner un petit coup de main à papa à l'étable pour traire les vaches et ensuite on fêtera Noël. Tu veux bien surveiller Mickaël et Élodie ?

- Certainement, maman.

- En plus, je voudrais que tu jettes de temps en temps un coup d'oeil à la dinde, dans la casserole. Nous ne voulons pas manger une dinde brûlée pour ce beau soir, d'accord?

- Tu peux compter sur moi.


Dix minutes plus tard, la maman revint, catastrophée.

- Que se passe-t-il? demanda Patricia inquiète.

- Un grand malheur, ma chérie. Papa vient de tomber du fenil. Sa jambe est de travers. Je crois qu'elle est cassée. Il a très mal.

- Mon Dieu, s'alarma notre amie.

- Ma grande, il faut que tu ailles chercher le docteur. Je ne peux pas y aller moi-même, parce que je dois rester près de papa. Il souffre. Et je ne peux pas demander cela à Mickaël. C'est toi l'aînée, ma chérie, la grande sœur.

- Mais maman, la route est longue. Treize ou quatorze kilomètres jusqu'au village.

- Tu pourrais passer par la forêt. Le chemin traverse le bois. Après trois kilomètres, tu apercevras les premières maisons. Tu reviendras dans la carriole du médecin. Tu n'auras pas trop peur ?

Oh si, Patricia allait avoir très peur, seule dans la forêt. En ce temps-là, dans les bois, on rencontrait encore des loups. Pas de lampe de poche pour s'éclairer, il y a deux cents ans. Rien pour se guider. Et cette nuit s'annonçait glaciale. Mais Patricia savait qu'en tant qu'aînée, elle seule devait accomplir cette mission.

Les aînés de famille ont parfois de bien lourdes responsabilités.

Elle mit son manteau, ses bottes, ses moufles, son écharpe, son bonnet.

- Ne te perds pas, ma chérie, insista maman.

Patricia se tourna vers sa mère, et lui fit un pauvre sourire.

- Ca ira, tu verras. J'arriverai bientôt avec le docteur.

Elle partit sous les lueurs de la lune.

 

La neige gelée craquait sous ses pieds. Le vent soufflait un froid glacial, cette nuit de Noël.

Dans le bois de sapins, particulièrement sombre, Patricia sursautait à chaque hululement de hibou, à chaque cri de renard. Quand une branche craquait sous ses pieds, son cœur battait la chamade. Elle transpirait de peur et tremblait autant d'épouvante que de froid. Elle marcha longuement.

Au moment où la route se divise, il faut prendre à droite vers le village. Mais, à cause de la neige, elle n'aperçut pas cet embranchement du chemin et elle s'enfonça dans la forêt silencieuse, gelée.

Elle marchait depuis longtemps, transie de peur et de froid, quand elle se rendit compte qu'elle s'était égarée. Elle aurait pu faire demi-tour, suivre ses traces dans la neige, et revenir à la ferme...

- Mon Dieu, murmura la jeune fille, papa souffre tant, maman compte sur moi, et je me suis trompée de route.

 

Elle regarda dans toutes les directions, et aperçut une vague lumière. Depuis toute petite, ses parents lui racontent des histoires. Elle se souvint que bien souvent au fond des bois, une lumière, c'est la maison d'une sorcière, d'un loup-garou, de voleurs, d'un ogre. Mais il fallait qu'elle se renseigne pour atteindre le village.

Elle s'approcha d'une petite maison bien misérable. Les murs en planches. Le toit de chaume couvert de branches mortes. Tout cela semblait tellement pauvre et triste et pas très rassurant. La pâle lueur dansait à la fenêtre. Elle provenait sans doute de quelques bûches qui crépitaient dans l'âtre. Elle frappa à la porte. Un homme lui ouvrit.

- Que fais-tu là petite fille, dans la nuit, dans ces bois ? Entre. Le froid pénètre par la porte ouverte.

Elle entra. Elle vit une femme et trois enfants. Une fille de son âge, un garçon comme Michaël et un bébé endormi.

- J'habite la grande ferme, murmura Patricia. Papa vient de tomber du fenil. Sa jambe est cassée et il souffre. Je suis l'aînée. Maman m'a envoyé au village pour chercher le docteur. Malheureusement, je me suis trompée en chemin, parce qu'il fait tout noir. Je n'ai pas vu la route à droite. Je me suis perdue. J'ai tout raté.

Elle fondit en larmes dans les bras de l'homme.

- Pardonnez-moi de vous déranger pendant la fête de Noël.

- Oh, répondit le papa, la fête de Noël chez nous, c'est bien peu de chose. Nous sommes très pauvres. Je suis bûcheron. Dans notre masure, la fête de Noël, c'est une pomme de terre de plus dans l'assiette des enfants, un chant ou deux devant la cheminée, une prière un peu plus longue. Je vais te conduire chez le docteur.

L'homme mit son manteau, embrassa sa femme, sa fille Soline et ses deux petits garçons, puis, donnant la main à Patricia, il referma la porte sur l'humble demeure. Ils marchèrent dans le bois. Le bûcheron connaissait la forêt par cœur. Ils passèrent à travers tout et il ne leur fallut que trois quarts d'heure pour arriver au village.

Le docteur fêtait Noël en famille. Sans hésiter, il attela un cheval à sa carriole et le bûcheron indiqua le chemin le plus court pour rejoindre la ferme. Le docteur examina le papa.

- La jambe est vilainement cassée. Je dois conduire votre mari à l'hôpital de la ville, Madame. Ils le garderont sûrement quelques semaines et quand il reviendra, il ne pourra guère se déplacer, il ne pourra pas travailler pendant plusieurs mois... Bonne fête de Noël quand même, murmura le médecin.

Il partit avec son attelage, emmenant le père de notre amie.


- Bon, soupira le bûcheron. Moi, je retourne près des miens.

Patricia se précipita près de sa maman et lui chuchota à l'oreille, sans que l'homme entende :

- Maman, grâce à lui que je suis arrivée chez le docteur. Je m'étais perdue dans le bois. Il m'a conduite. Ils sont très pauvres, maman. Si on les invitait à notre souper ? On a bien assez à manger pour tous.

- D'accord ma chérie, répondit la maman.

- Monsieur, voudriez-vous venir partager notre fête de Noël, avec votre épouse et vos enfants ?

Puis, la maman ajouta, pour convaincre le bûcheron :

- Mon époux ne pourra pas travailler pendant plusieurs semaines, monsieur, et sa convalescence durera des mois. Le boulot ne manque pas à la ferme. J'ai besoin de quelqu'un comme vous. Qu'en pensez-vous ? Vous pourriez rester ici, avec votre famille, au moins jusqu'au printemps.

- Vraiment ? répondit l'homme.

- Sincèrement, affirma la maman.

- Alors, je viens, conclut le bûcheron.

Il arriva une heure plus tard avec son épouse. Il portait le plus petit garçon, emballé dans une couverture, dans ses bras. La maman donnait la main à Soline et à l'autre gamin.


Ils partagèrent ensemble le délicieux souper. Puis, Patricia se leva et prit sous le sapin le cadeau qui lui était destiné. Elle savait que c'est une poupée. Elle l'avait aperçue à la vitrine d'un magasin lors d'un voyage à la ville et l'avait demandée à ses parents. Elle s'approcha de Soline.

- Tiens, dit-elle. Voici ton cadeau de Noël.

- Pour moi? s'étonna Soline.

- Oui, pour toi, insista notre amie.

- Un cadeau de Noël, pour moi, s'émut la jeune fille.

Soline, agée de onze ans, n'a jamais reçu un cadeau de sa vie. Ses parents sont trop pauvres. Elle déballa la poupée, et fondit en larmes.

- Comme elle est belle ! Je peux vraiment la garder ?

- Bien sûr, insista Patricia. Elle t'appartient.

Des larmes coulaient sur les joues des deux filles attendries.

Soline sortit alors une pomme de pin de sa poche.

- Regarde, dit-elle. Je voulais dorer cette pomme de pin pour décorer notre maison, mais je n'avais pas assez de peinture pour la finir entièrement. Je comptais l'accrocher à la cheminée chez nous, pour faire Noël, mais je n'ai pas trouvé de ficelle… Je n'ai rien d'autre à t'offrir, s'excusa Soline. C'est tout ce que je possède. Mais je te la donne, Patricia.

Notre amie, émue, bouleversée par ces mots, pleurait à présent et les deux jeunes filles s'embrassèrent.

- Je te remercie, murmura Patricia. Je garderai toujours cette pomme de pin merveilleuse près de moi. Le signe du partage.

Elle la fit tourner entre ses doigts et notre amie se retrouva sur son lit, dans sa chambre.


- Quels extraordinaires cadeaux de Noël, murmura Patricia. Cette plume de Pierre de Lune, signe de l'amitié, cette pomme de pin de Marie, signe du partage …

Et le petit bracelet de perles, je me demande bien ce que cela peut être.

Elle le glissa entre ses doigts.

*******


Soudain, elle se retrouva dans un luxueux appartement, au quatrième étage, en l'an 2000.

Mickaël jouait devant la cheminée, avec ses autos. Élodie babillait dans son parc. Patricia veillait sur eux en lisant un livre. Les trois enfants attendaient le retour de papa pour fêter Noël. Les cadeaux s'entassaient sous le sapin, illuminé de belle lumière.

- Quelle heure est-il? demanda Mickaël.

- Cinq heures, répondit la grande sœur. Papa arrivera dans une heure.

Le père de notre amie est policier. Il escorte parfois des transporteurs de fonds. Il déplace alors des sommes d'argent importantes d'une banque à l'autre. Il lui arrive d'effectuer certains de ces transferts seul.

Ce soir, pour la première fois, ils allaient fêter Noël sans maman. En effet, il y a sept mois, un camion dérapa sous la pluie et toucha maman de plein fouet. Elle mourut sur le coup. Ce jour-là, le bonheur quitta l'appartement.

Mais ce soir, Patricia et papa étaient bien décidés à fêter Noël le moins tristement possible, le plus joyeusement qu'ils pourraient, au moins pour Mickaël et la petite Élodie.

Notre amie se leva, inquiète. Elle croyait entendre des pas devant l'entrée principale de l'appartement, près de l'ascenseur. Et maintenant, elle en était certaine, quelqu'un se tenait derrière la porte.

On sonna.

- J'y vais, cria Mickaël.

- Non, interdit sa sœur. Si c'était papa, il entrerait. Il a la clef.

Patricia se leva et décrocha le parlophone.

- Qui va là? dit-elle.

- Tu t'appelles Patricia, répondit une voix de femme.

- Oui.

- Tu as un petit frère Michaël et une petite sœur Élodie, un bébé.

- Oui, répondit la grande sœur.

- Je suis policière. Je vais glisser ma carte d'identité sous ta porte. Regarde bien la photo qui se trouve dessus. Et puis, observe par le judas. Tu me verras et alors tu m'ouvriras.

Patricia saisit la carte de visite de la femme policier, scruta par le judas et ouvrit.

- Tu es l'aînée de la famille ?

- Oui, madame, répondit notre amie.

- Je t'apporte une bien mauvaise nouvelle grande fille.

Patricia s'alarma.

- Que se passe-t-il, madame ? Il est arrivé quelque chose à papa ?

- Tu sais que ton père transporte de temps en temps des sommes d'argent importantes. Cet après-midi, lors d'un transfert, trois voyous l'ont attaqué et tabassé. Ils lui ont donné des coups de bâton et des coups de couteau. Ils l'ont abandonné étendu sur le trottoir et ont emporté l'argent. Ton père a été conduit à l'hôpital. Il n'est pas en danger. On le soigne bien. Mais il ne pourra pas rentrer ce soir. Il ne reviendra que dans quelques jours.

La jeune fille se taisait. Michaël était venu se coller contre sa grande sœur.

- Alors, voilà Patricia. Tu vas éteindre toutes les lumières de l'appartement et ranger la nourriture au frigo. Habille ton petit frère et ta petite sœur. Je vous emmène d'abord à l'hôpital, comme cela tu pourras embrasser ton papa. Puis, nous irons au poste de police. Je donnerai quelques coups de téléphone, et je tâcherai de vous trouver une famille pour vous accueillir ce soir, pour la veillée de Noël et pour les trois ou quatre jours qui suivront. Tu veux bien ?

- Oui, madame, répondit notre amie.

Elle habilla Élodie pendant que Mickaël mettait sa veste. Elle coupa toutes les lumières soigneusement. Elle éteignit celles qui illuminaient le sapin. Puis elle ferma l'appartement et garda la clé dans sa poche. La policière les conduisit en voiture jusqu'à l'hôpital.

 

Quand Patricia entra dans la chambre, et qu'elle vit son père étendu sur le lit, avec des pansements, une perfusion et des blessures partout, elle eut envie de pleurer. Mais courageusement, elle se domina. Elle s'approcha de lui et l'embrassa. Elle posa la petite Élodie endormie sur le lit. Papa prit les mains de sa fille entre les siennes.

- C'est raté pour Noël ce soir, ma chérie.

- Je sais, fit la jeune fille.

Elle ne savait pas quoi dire. Cette rencontre ne pouvait pas durer plus longtemps, sinon elle allait fondre en larmes en le voyant ainsi. Elle se domina encore un instant.

- Tu sais papa, cela ne fait rien. J'espère seulement que tu ne souffre pas trop.

- Non, répondit papa. On me soigne bien.

- Tu reviendras bientôt à l'appartement, reprit notre amie, et à ce moment-là, on fêtera Noël, ensemble.

Et puis, Patricia, courageuse, ajouta entre deux sanglots :

- Et à ce moment-là, les autres auront déjà fêté Noël. Mais nous on fera la fête et eux pas... et voilà.

Puis elle embrassa son père et sortit dans le couloir. Là, elle fondit en larmes. Après un instant, elle se ressaisit, sécha ses yeux et revint dans la chanbre.

Mickaël embrassa son papa. Puis la grande sœur récupéra Élodie et, en compagnie de la commissaire de police, ils se dirigèrent vers le bureau de gendarmerie.

La femme policière donna quelques coups de fil, puis elle raccrocha.

- Voilà, Patricia, je vous ai trouvé une famille avec quatre enfants. Un garçon, plus grand que toi, je crois qu'il a quinze ou seize ans, il s'appelle Thibault. Puis une fille de ton âge, cela tombe bien, vous serez copines. Un garçon de l'âge de Mickaël. Une chance pour lui. Et encore un petit garçon ou une petite fille, je ne sais pas exactement. Ils vous accueillent ce soir et les jours qui suivent jusqu'à ce que ton papa revienne à la maison. Venez, je vous conduis.

Ils s'arrêtèrent devant une jolie maison. Des guirlandes de Noël illuminaient la façade.

Quand ils sonnèrent, un homme et une femme au sourire accueillant ouvrirent la porte.

- Tu t'appelle Patricia dit la maman. Et toi, Mickaël. Quel grand garçon! Tu veux que je porte Élodie ?

- Cela ira madame, répondit notre amie. J'ai l'habitude.

La femme policière s'en alla. La maman demanda :

- Le bébé a bu son biberon ?

- Oui, madame, en fin d'après-midi, précisa la grande sœur.

- Très bien. Alors, asseyez-vous. Vous avez soupé ?

- Non, répondit Patricia. Moi, cela ne fait rien, mais si vous avez un petit quelque chose pour Mickaël, pour mon petit frère …

- Mais il y aura un grand quelque chose pour tout le monde, affirma la dame. Nous allons fêter Noël ensemble. Nous attendons juste que Thibault, mon fils aîné revienne.

Le père des quatre enfants ajouta en grognant :

- Oui, Thibault, quand il daignera revenir! Depuis quelques temps, il passe plus de temps dans la rue que dans sa chambre à faire ses devoirs. Il s'est acoquiné avec des mauvais compagnons. Je le lui ai dit, mais il ne m'écoute pas. Il traîne en rue et il ne fait plus rien à l'école. Ses résultats deviennent lamentables. Et ce soir, il lanterne encore Dieu sait où. D'ailleurs s'il n'est pas de retour à huit heures, on passe à table.


Ils s'attablèrent à huit heures dix. Thibault arriva à huit heures vingt. Le papa se leva et cria :

- Tu vois l'heure à laquelle tu rentres chez toi ? Tu te rappelle que nous fêtons Noël ? Une soirée de Noël, en famille, avec tes frères et sœurs, et tu arrives à une heure pareille !

- Oh, bon, répondit le garçon. Si je suis de trop, je m'en vais, je retourne à la rue retrouver mes copains.

- On se calme, insista la maman. Le soir de Noël, on se pardonne tout. On ne parle plus de cela aujourd'hui. Viens, Thibault, assieds-toi.

Le jeune homme observa Patricia et Mickaël.

- Que font-ils ici, ceux-là ?

- Nous accueillons Patricia et Mickaël ce soir et pour quelques jours en attendant que cela s'arrange chez eux, expliqua la maman. Leur mère est morte dans un accident et leur père est à l'hôpital.

Il restait une place à table à côté de Patricia. Thibault s'assit. Ils commencèrent à manger.


Pendant le repas, notre amie observa un petit bracelet au poignet du jeune homme. Elle le reconnut immédiatement. Une gourmette de perles en plastique toute simple, comme en fabriquent les jeunes filles. C'était le premier cadeau que maman avait offert à papa, il y a bien longtemps. Patricia le savait. Sa mère le lui avait raconté autrefois. Ses futurs parents, alors tous deux agés de quinze ans étaient tombés amoureux l'un de l'autre. Et depuis, ils ne s'étaient jamais séparés. Jusqu'à l'accident de maman, sept mois auparavant, ils avaient filé le parfait amour.

Ce jour-là, papa avait souri en acceptant le petit bracelet crée par sa tendre amie. Il l'avait passé à son poignet. Ils s'étaient embrassés en amoureux pour la première fois. Puis, papa avait rangé le bracelet dans un tiroir.

Mais depuis le jour de la mort de sa chère épouse, papa gardait toujours ce bracelet à son poignet, que ce soit pour aller au travail ou pour dormir, pour prendre sa douche ou pour aller au sport. Il le gardait toujours à son poignet. Il ne s'en séparait jamais.

Patricia comprit que si Thibault le portait au bras, cela signifiait qu'il était l'un des trois agresseurs de papa, l'un des bandits qui l'avaient attaqué en rue… Mais alors, il fallait avertir les policiers… Mais comment faire ? Elle ne pouvait quand même pas se lever et dire : "Je vais au poste de police pour y dénoncer votre garçon ". Elle réfléchissait en mangeant sa soupe.


Soudain, une idée lui vint à l'esprit.

- Madame.

- Oui, Patricia.

- J'ai oublié d'éteindre les lumières dans le sapin à l'appartement, chez moi, pas très loin d'ici. C'est dangereux de laisser cela allumé pendant notre absence. Je vais vite y aller et je reviens.

- Très bien, répondit la maman. Thibault, tu accompagnes Patricia.

Notre amie s'affola.

- Non, madame, il ne doit pas m'escorter, vous savez. Je ne crains pas de marcher seule en rue. Depuis la mort de maman, je m'occupe chaque jour des petits. Après l'école, à trois heures et demie, mon frère et moi revenons vers la maison, seuls. Je passe à la crèche, j'emmène Élodie. Et puis, quand nous arrivons à l'appartement, je fais une tartine à Mickaël pour son goûter. Je donne le bain à ma petite sœur, puis son biberon. Ensuite je m'occupe de mon frère, je surveille ses devoirs. Je l'aide à apprendre ses leçons.

Les grandes sœurs ont parfois de bien lourdes responsabilités et une vie pas facile à mener. Patricia ne commençait à étudier et à faire ses devoirs à elle qu'à six heures, quand papa revenait du travail.

- Je peux très bien me débrouiller dans la rue toute seule, insista la jeune fille.

- Non, répondit la maman. Pas question qu'une enfant de ton âge se promène toute seule, la nuit, dans la rue sous ma responsabilité. Thibault, tu accompagnes Patricia.

Le garçon maugréa, mais la maman persévéra.

- Vas-y, Thibault.

Alors, Patricia et le jeune homme s'éloignèrent dans l'avenue.


Notre amie se demandait que faire. Elle ne pouvait pas aller au poste de police avec lui. Elle se dirigea vers son appartement.

Quand elle arriva devant le building, Thibault lui demanda :

- Tu habites à quel étage ?

- Au quatrième, répondit Patricia.

Le garçon observa l'appartement un instant, puis il se tourna vers Patricia et la regarda droit dans les yeux :

- Alors, tu es une menteuse. Aucune lumière ne brille dans cet appartement. Elle sont toutes éteintes.

Notre amie n'osait plus regarder Thibault. Mais elle sentit monter en elle une colère, avec le cran et l'énergie qui l'accompagnent. Elle s'écria :

- Et toi, tu es un bandit ! Je te déteste ! Tu as attaqué mon papa. Je le sais parce que j'ai vu son petit bracelet à ton poignet, le bracelet que maman lui avait offert à l'âge de quinze ans. Leur premier cadeau d'amoureux. Je le reconnais sans hésiter. Tu as attaqué mon père en rue pour voler son argent et à cause de toi, mon papa se trouve à l'hôpital, et moi en famille d'accueil avec mon frère et ma sœur. Je te déteste. Je te déteste. Tu nous fais trop de mal, trop de mal.

Patricia sanglotait à présent. En même temps, elle s'étonnait de l'absence de réaction de la part de Thibault. Elle se tourna. Des larmes coulaient sur les joues du garçon. Était-ce les mots lancés par notre amie ? Ou la grâce de la nuit de Noël ? Toujours est-il que Thibault pleurait.

- Je suis honteux, murmura le garçon. Honteux, vraiment. Patricia, je te demande sincèrement pardon. Je n'ai pas écouté mon père. Il m'avait dit que j'avais de mauvais compagnons. Ce soir ils m'ont entraîné. Ils m'ont affirmé avoir repéré et suivi un homme depuis quelques jours. Il transporte beaucoup d'argent. Ils ont ajouté en riant :

- On va empocher plein de fric. On pourra s'acheter tout ce que l'on voudra.

On l'a attendu au coin de la rue. Et là, tout s'est enchaîné très vite. Les coups de bâton. Les coups de couteaux. L'argent volé puis caché. Pas un instant, je n'ai songé à sa famille, à ses enfants, à Noël.

Notre amie se taisait et le regardait.

- Pour te montrer ma sincérité, on va aller au poste de police. Je vais m'accuser. On me mettra en prison, je le sais, mais c'est tout ce que je mérite.

 

Patricia et Thibault se dirigèrent vers le bureau de gendarmerie. La femme policière était encore de garde. Elle observa la jeune fille avec étonnement. Notre amie fit un signe en montrant le jeune homme.

La garçon raconta. Il dévoila le nom des deux autres. Il expliqua où se trouvait l'argent volé. Puis, il dit combien il était honteux, et qu'il regrettait ses actes.

- Donnez-moi l'occasion de me racheter, madame. S'il vous plaît. Je vous jure que je ne ferai plus jamais cela.

- Les deux autres, intervint la femme policier, iront en prison. On leur a donné leur chance plusieurs fois, mais ils ne l'ont pas saisie. Trop tard. Ils ont un lourd casier judiciaire. Toi, je ne te connais pas. Je veux bien t'offrir ta chance, Thibault, mais cela ne dépend pas de moi. Cela dépend de Patricia. Si elle retire sa plainte et si elle te pardonne, alors je déchire ta déposition et j'en rédigerai une nouvelle où ton nom n'apparaitra pas.

Le garçon se tourna vers notre amie.

- Je ne mérite pas ton pardon, Patricia. Mais je t'assure que je regrette sincèrement tout le mal que je t'ai causé.

Patricia se tut un instant. Puis, elle regarda Thibault droit dans les yeux. Enfin, elle murmura comme dans un souffle, tant c'était dur à dire :

- Je te pardonne.

La femme policier déchira les papiers et leur sourit. Les deux enfants partirent. La femme policier ajouta :

- Que je ne te revoie jamais, Thibault. On te donne ta chance, saisis-la.

- Je le ferai, promit le garçon. Je le ferai, dès ce soir.

Arrivés devant la maison du jeune homme, ils s'arrêtèrent tous les deux. Le garçon prit le bracelet qu'il portait au poignet et le donna à notre amie.

- Tiens, Patricia. Ce bracelet ne m'appartient pas. Il est à toi, à ton papa. Mais en te le remettant, je veux te répéter une fois encore que je te demande pardon. Je ne sais pas comment te dire ma honte. Je regrette toute cette violence, tout ce mal. Je te promets que je ferai tout ce que je puis, pour me racheter. Cela ne m'arrivera jamais plus. Pardon Patricia.

Notre amie était en larmes. Elle prit le bracelet, le tourna dans ses doigts et se retrouva assise sur son lit.

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- Mon Dieu, murmura la jeune fille, quels prodigieux cadeaux ! Cette plume de Pierre de Lune, l'amitié, cette pomme de pin de Soline, le partage, ce bracelet de Thibault, le pardon. C'est Noël...

Elle les glissa avec précaution à l'intérieur de la boîte, puis elle se leva, ouvrit la porte de sa chambre, traversa le couloir et frappa à la porte de ses parents. Ils lisaient un livre dans leur lit.

- Papa, maman, murmura Patricia. Papa, maman, répéta la jeune fille en montant dans leur lit et en serrant très fort ses parents et en fondant en larmes, cette boîte, avec cette plume, cette pomme de pin dorée, ce bracelet, c'est le plus beau cadeau de Noël de toute ma vie…

Et Patricia pleurait.

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Je dédie cette histoire à toutes les grandes sœurs, qui sont très souvent des jeunes filles formidables et pour lesquelles j'ai beaucoup d'admiration.