Christine

Christine

N°47

Flamme Noire

     Les oiseaux chantaient à tue-tête.

Que se passait-il au carrefour des trois routes?

Christine, étonnée, et rendue curieuse par ce remue-ménage inhabituel, arriva impatiente à cet endroit de la forêt où un chemin qui part de chez elle, se divise en trois sentiers qui s'enfoncent dans les bois.

Là se trouvait un cheval.

Sa taille majestueuse et sa belle robe noire évoquaient un Frison. Il était sellé. Il ne semblait y avoir personne aux environs.

Notre amie s'approcha. Posséder un jour un tel cheval est son rêve le plus cher. Il tourna la tête.


- Bonjour, dit-elle en l'admirant.

- Tu comprends le langage des animaux? s'étonna l'étalon.

- Oui. Un hibou me l'a appris quand j'étais petite. Je sais parler et comprendre les quatre pattes, les deux pattes et les serpents.

- Pas mal! Tu as quel âge?

- Dix ans, et toi?

- Trois ans.

- Que fais-tu là?

- Je cherche de la bonne herbe à manger.

- Ton maître ne t'accompagne pas?

- Mon maître, je ne veux plus jamais le revoir. Il est méchant. Il m'éperonne sans cesse quand il me monte. "Plus vite, plus vite". Il n'a que ces mots-là à la bouche. Regarde, il m'a blessé aux flancs avec ses étriers. Je me suis enfui.

Christine passa la main en douceur et sentit des cicatrices et du sang coagulé.

- Moi, dit-elle, si j'avais un cheval comme toi, et c'est mon rêve, je le laisserais aller à son rythme. Je ne voudrais jamais le blesser... Viens, je te conduis à une clairière, pas loin de chez moi. Tu y trouveras de la bonne herbe fraîche.

Elle prit le cheval par la bride.

- Pourquoi ne t'assieds-tu pas sur mon dos? Ça irait plus vite.

- Je n'ai pas appris à monter, répondit notre amie.

- Essaie, je suis très doux.

Christine saisit l'étrier à deux mains.

- Pas comme ça! L'étrier, c'est pour poser le pied, pas les mains.

La jeune fille y glissa le pied droit, et très souple, se hissa et se rétablit bien droite, assise sur la selle.

- En route, dit-elle avec un grand sourire de bonheur.

Ils s'éloignèrent du carrefour des trois routes.

 

Un instant plus tard, Christine crut qu'elle allait tomber. Elle se pencha en avant et serra à deux mains le cou du cheval.

- Pas comme ça! Tu m'étrangles. Redresse-toi. Je vais marcher au pas. Tu ne tomberas pas.

Ils suivirent le chemin en terre qui menait chez notre amie.

- Tourne à gauche, dit-elle en caressant le cou de l'animal.

- Quand tu veux que j'aille à gauche ou à droite, tire la bride de ce côté.

- D'accord. Regarde, on y arrive. Voici une clairière avec de la bonne herbe et des fleurs. Un ruisseau la traverse. Je descends pour te laisser manger et boire à ton aise.

 

Christine s'assit entre les puissantes racines d'un arbre. Elle s'appuya contre le tronc, plia les genoux et les saisit entre ses bras. Elle regarda un instant les déchirures de sa vieille salopette bien usée, puis elle leva les yeux.

- Comment t'appelles-tu?

- Je ne sais pas, répondit le cheval. Je crois que je n'ai pas de nom. Mon méchant maître n'a pas pris le temps de m'en donner un.

- Je vais te trouver quelque chose, dit notre amie. Laisse-moi réfléchir un instant... Tu es beau comme un feu et tu es tout noir... Je vais t'appeler "Flamme Noire". Tu aimes?

- Beaucoup, répondit Flamme Noire, la bouche pleine de fleurs et d'herbe.

Les oiseaux chantaient.

 

Ensuite, Christine prit son nouvel ami par la bride et l'emmena chez elle.

- Papa, maman, regardez, j'ai trouvé un cheval dans les bois. Il était perdu au carrefour des trois routes. Il a fui son maître, car cet homme était trop méchant avec lui. Il le blessait avec ses éperons en exigeant qu'il galope toujours plus vite. Venez voir comme ce cheval est beau. Je l'ai appelé Flamme Noire. Je peux le garder?

- Il appartient à quelqu'un, ma chérie, répondit la maman. Son propriétaire le cherche puisqu'il s'est enfui. Il faut le lui rendre.

- Mais maman, il était seul dans les bois. C'est mon rêve d'avoir un pur-sang comme lui.

Le père de notre amie serra sa fille entre ses bras.

- Écoute, ma grande. Ton Flamme Noire est magnifique. C'est sans doute un Frison de pure race. Je ne pourrai jamais t'offrir un cheval de ce prix. Je ne suis pas assez riche pour cela. Mais nous ne sommes pas des voleurs. Occupe-toi bien de lui ce soir. Fais-lui une place dans l'entrepôt où je range mon bois. Donne-lui à boire et à manger. Et quand son maître viendra le réclamer demain, tu le lui rendras.

 

Notre amie, les larmes aux yeux, emmena Flamme Noire à l'entrepôt, à côté de la maison.

Elle déplaça quelques bûches, étendit de la paille et y installa le cheval pour la nuit. Elle le bouchonna, c’est-à-dire qu’elle le frictionna pour nettoyer sa peau, et lui fit boire plusieurs seaux d'eau fraîche.

Elle le caressa encore, puis, le serrant autour du cou, elle l'embrassa.

- À demain, dit-elle. Je te cacherai dans les bois. Ton maître ne te retrouvera jamais.

 

Le lendemain, Christine rejoignit son ami. Après l'avoir flatté quelques minutes, elle mit le pied à l'étrier et l'emmena dans la forêt.

- Va où tu veux, dit-elle, et à ton rythme. Tu aimes bien aller dans l'eau?

- Oui, j'adore, répondit Flamme Noire.

- Moi aussi. Alors n'hésite pas. J'aime me baigner. Je suis une aventurière. Nous allons bien nous amuser.

 

Vers la fin de la matinée, notre amie, qui prenait de plus en plus d'assurance sur le dos de Flamme Noire, lui fit traverser la route qui mène du village à sa maison.

Ils entendirent le ronronnement d'un moteur. C'était un vieux véhicule tout-terrain. Une jeep au pare-brise fêlé venait du hameau.

La voiture s'arrêta. Un homme en sortit. Il tenait une cravache à la main.

Il se mit à courir vers nos amis en les menaçant de son fouet.

- Sale voleuse, criait-il. Rends-moi mon cheval immédiatement.

Flamme Noire, qui venait de reconnaître son maître, prit peur, quitta le chemin et partit au galop à travers bois.

Christine qui n'a pas l'habitude de monter un cheval lancé ainsi dans une course folle, tomba quelques instants plus tard et roula dans les herbes hautes et les feuilles mortes.

L'homme arrivait, menaçant, et vociférant sa rage.

Notre amie effrayée se sauva en courant à travers tout dans les ronces et les fougères. L'homme la poursuivait en hurlant.

Christine arriva au bord d'un ravin. Au fond, entre les herbes hautes, coulait cette petite rivière dans laquelle elle va parfois se baigner.

La pente était raide.

L'homme approchait, cravache en main.

La jeune fille se laissa glisser sur le dos le long de la pente. Elle atterrit dans une zone de boue et se mit aussitôt à quatre pattes pour se dissimuler au milieu des roseaux.

Le maître de Flamme Noire s'arrêta au bord du ravin. Christine ne bougeait plus. L'eau, boueuse à cet endroit, perçait ses sandales de toile et sa salopette.

L'homme ne la vit pas.

- Sale gamine, cria-t-il. Tu ne perds rien pour attendre. Je te retrouverai.

Puis il fit demi-tour.

Notre amie attendit encore quelques minutes pour être certaine qu'il était parti, puis elle se releva. Elle entreprit de remonter vers le bord de la berge en se tenant aux rochers saillants et aux racines.

Puis elle revint à la maison.

 

Papa et maman étaient présents dans la pièce de séjour quand elle entra. L'homme était assis à la table.

- Là voilà, dit-il. Elle a volé mon cheval. Quand elle m'a vu, elle s'est enfuie au grand galop.

- Monsieur, dit le père de notre amie, c'est de ma fille que vous parlez. Je vous prie de modérer vos propos. Ma fille n'est pas une voleuse.

- Où est mon cheval?

- Je ne sais pas bien, osa Christine.

Le méchant maître tourna sa colère et ses mots insultants contre le papa de notre amie.

- Je vous préviens, dit-il furieux. Je reviendrai demain. Si vous ne me rendez pas cet animal, je vous dénonce à la police. Je vous ferai mettre en prison.

Il se leva et eut un dernier regard de haine et de colère vers Christine. Puis il sortit en claquant la porte. Il fit rugir le moteur de sa jeep et disparut sur la route qui mène au village.

 

- Papa, je ne me suis pas enfuie au galop. Flamme Noire a vu la cravache. Il s'est mis à courir et je suis tombée à terre. L'homme m'a poursuivie en me menaçant. J'ai réussi à lui échapper en me glissant dans la boue entre les roseaux. C'est la vérité.

- Je te crois, ma chérie. Où est ce cheval?

- Je pense qu'il s'est arrêté dans la clairière que je lui ai montrée pas loin d'ici.

- Bon. Va le chercher. Soigne-le et laisse-le dans l'entrepôt, mais demain tu devras le rendre à son propriétaire.

 

Christine retrouva Flamme Noire dans l'herbe de la clairière, comme prévu. Elle s'en approcha et lui serra le cou entre ses bras.

- Je t'aime Flamme Noire. Je ne veux pas que tu retournes auprès de ton méchant maître. Mais je suis obligée, sinon mon père va aller en prison.

Elle le ramena chez elle et le soigna dans le box qu'elle lui avait aménagé. Elle le bouchonna avec tendresse et lui apporta plusieurs seaux d'eau avant de se laver et de se changer elle-même.

 

Le lendemain, les parents de Christine demandèrent à leur fille d'aller jusqu'au magasin du village. Ils lui confièrent une petite liste de courses et de l'argent.

Souvent notre amie s'acquitte de cette balade à vélo. Aujourd'hui elle en profita pour s'y rendre en montant Flamme Noire, sans doute une dernière fois.

Le soleil était de la partie.

En arrivant en vue des premières maisons, à la lisière du bois, Christine mit pied à terre et obligea son compagnon à rester dissimulé dans les fourrés.

- Attends-moi ici, dit-elle. Je reviens bientôt. Et cache-toi.

 

Elle partit à pied au magasin et acheta ce que ses parents lui avaient demandé.

En passant près de la caisse, elle remarqua un gros titre en première page du journal local : "Jacques Bellicourt échappe à la police lancée à ses trousses". Voir P.4. Une photo montrait un homme que notre amie reconnut aussitôt. Le propriétaire de Flamme Noire.

Elle posa son sac de courses à terre et s'éloigna vers un coin tranquille du magasin. Elle ouvrit le journal à la page quatre. On y parlait de ce voleur qui semblait bien connu dans la région.

"Jacques Bellicourt a encore frappé. Il a braqué l'agence de banque du village, située à l'entrée de la forêt des Grands Ormes. La police appelée sur les lieux par un courageux témoin qui passait, est arrivée aussitôt, mais le voleur s'est échappé... à cheval! Sautant par-dessus les haies des jardins, il s'est enfui vers le bois avec un butin de plus d'un million d'euros. Prudence. L'homme recherché est armé et dangereux".

Christine replia le journal et observa la photo située en première page.

- Pas de doute, pensa-t-elle tout haut. C'est bien lui.

Elle rangea le journal, paya ses achats, et partit vers le bois. Flamme Noire l'attendait.

 

Christine accrocha le sac de courses à la selle du cheval. Elle remarqua une sacoche qu'elle avait vue déjà, mais sans y prêter attention jusqu'ici. Elle la détacha et l'ouvrit.

Elle contenait des liasses de billets de deux cents euros.

Notre amie se retourna pour observer la route. Elle ne vit personne.

Elle prit un billet en main. Elle n'en avait jamais vu des pareils à la maison, sauf en photo. Mais ceux-ci étaient vrais. Elle saisit une première liasse et entreprit de compter. Elle contenait cent billets. Cela faisait vingt mille euros!

Elle la posa sur le sol et sortit les autres de la sacoche. Elle compta cinquante liasses de vingt mille Euros! Un million d'Euros en tout! Elle n'avait jamais compté jusque-là, mais elle était certaine de ne pas se tromper. Il y avait un million d'Euros, posés là, devant elle, dans l'herbe. 

Elle décida que le voleur ne pouvait pas retrouver cet argent. Il fallait le rendre à la banque qu'il avait dévalisée.

 

Christine se redressa et regarda encore une fois autour d'elle. Personne. Flamme Noire broutait, indifférent à ces calculs, à cet argent, à trois mètres de là.

Notre amie rassembla les billets et les glissa dans la sacoche. Elle remonta sur le dos du cheval et partit vers sa maison.

Huit cents mètres avant d'y arriver, elle se rappela la présence d'un arbre creux, qu'elle retrouva sans difficulté, pas loin de la route. La foudre avait dû creuser le tronc et aucun écureuil ou hibou ne l'utilisait.

Christine descendit de cheval. Elle détacha la sacoche et la glissa au creux du tronc.

Elle prit ensuite son ami par la bride pour parcourir les derniers mètres menant chez elle.

 

C'est alors qu'elle entendit le ronronnement d'un moteur. Elle se retourna, mais trop tard pour se cacher. La voiture venait de s'arrêter. Le bandit, Jacques Bellicourt, en sortit. Christine le reconnut.

Il marcha vers elle, un révolver au poing.

- Voleuse, cria-t-il. N'essaie pas de fuir, cette fois.

L'homme s'approcha de Flamme Noire qui s'était arrêté. Il chercha la sacoche en cuir mais ne la trouvant pas, il se tourna vers notre amie.

- Tu ne m'échapperas pas. Et commence par me rendre l'argent. Je suis certain que tu l'as trouvé et caché quelque part. Voleuse.

Christine était paralysée de peur. Elle se rappelait avoir lu dans le journal que cet homme armé était dangereux. Elle n'osait plus bouger.

Soudain, elle eut une idée et elle risqua...

- J'ai... J'ai caché votre argent dans ma chambre, dit-elle. Je vais aller le chercher, si vous voulez.

Bon plan, songea notre amie.

Elle ne ment jamais, mais ici il s'agissait de sauver sa vie. Maman sera peut-être à la maison. Elle prendra le fusil. Elle conduira le voleur en prison.

- Vas-y, cria l'homme, en la menaçant toujours avec son arme. Vas-y et ramène-moi l'argent. Mais si tu reviens avec ton père ou ta mère, ou une arme, ou la police, j'abats le cheval.

Il dévia son révolver et posa le canon de son arme contre la tempe de Flamme Noire.

 

Christine fit quelques pas vers la maison. Mais elle savait que l'argent n'était pas là. Et le cheval allait mourir à cause de son mensonge.

Elle s'arrêta et se retourna.

- Monsieur, dit-elle en tremblant, je vous ai menti.

- Où se trouve mon argent?

- Je l'ai glissé au creux d'un arbre, là plus loin.

- Sale gamine, je vais t'apprendre, moi.

Il passa son bras par la fenêtre ouverte de la portière de sa voiture et saisit la cravache. Puis il s'avança, menaçant notre amie qui tremblait de peur devant la double menace du révolver et du fouet.

Flamme Noire ne craignait pas l'arme qu'il ne connaissait pas, mais il reconnut la cravache. Il se trouvait derrière son maître qui lui tournait le dos en avançant lentement vers Christine.

Le cheval se cabra et frappa de toute la force de ses sabots le dos de l'homme. Le voleur poussa un cri et s'étala sur le ventre dans la boue du chemin.

Il lâcha son révolver dans sa chute et celui-ci tomba presque aux pieds de Christine. Elle s'en saisit à deux mains et tendant les bras, elle menaça le bandit.

- Ne bougez plus, cria-t-elle.

- J'ai mal. Il a brisé mes côtes. J'ai mal.

 

Christine ne savait plus que faire face à cet homme couché dans la boue.

- Ne bougez pas, dit-elle encore pour se donner le temps de réfléchir.

Puis elle appela Flamme Noire et l'envoya se montrer devant la maison. Papa ou maman, voyant arriver le cheval sans sa cavalière, allait sans doute le suivre, pensant que leur fille était tombée et peut-être blessée.

Le cheval partit, obéissant aux ordres de son amie. Christine recula d'un pas pour se mettre hors de portée de l'homme et de son fouet qu'il tenait encore en main, mais sans cesser de le menacer de son arme. Il gémissait, se plaignant de souffrir et appelait à l'aide.

 

Flamme Noire s'arrêta devant la porte de la maison. Il hennit et s'ébroua. Comme prévu, le père de notre amie vint voir, sortant de sa demeure.

- Christine n'est pas là, lança-t-il à son épouse. Il a dû lui arriver un accident. Le cheval est seul. Je vais vite le suivre.

Il partit derrière Flamme Noire, mais sans prendre son fusil. Pourquoi l'aurait-il pris? Il n'imaginait pas la scène.

Il arriva près de Christine qui fut bien soulagée de lui remettre le révolver.

 

- Debout, ordonna le papa de notre amie, l'arme au poing. Et lâchez cette cravache.

- J'ai mal, supplia l'homme à terre.

- Votre cinéma ne marche pas avec moi. Debout et plus vite que ça. Avancez.

Le voleur se redressa et marcha en titubant vers la maison. Le père de Christine le fit entrer au salon et lui commanda de s'asseoir sur une chaise et ne plus bouger.

La maman appela les gendarmes.

 

L'homme fut menotté et emmené dans le véhicule des policiers pour être conduit en prison. Christine les accompagna, après avoir raconté en détails son aventure à la commissaire chargée de l'interroger. Elle lui montra l'arbre creux dans lequel elle avait caché l'argent.

Les policiers saisirent la sacoche pour la remettre à la banque où l'argent avait été volé.

 

Christine revint chez elle, le cœur lourd. Les gendarmes avaient emmené Flamme Noire avec eux.

La forêt paraissait vide, dépeuplée, à notre amie. Les oiseaux chantaient pour rien.

Trois jours passèrent.

Notre amie pensait sans cesse à son compagnon.

 

Trois jours plus tard, donc, une voiture tout-terrain, flambant neuve, s'arrêta devant la maison de nos amis. Un homme en sortit, très chic dans son costume trois pièces soigné et sa cravate du meilleur goût.

Le papa ouvrit la porte et le fit entrer. Christine, qui étudiait dans sa chambre descendit l'escalier. L'homme se présenta.

- Je suis le banquier auquel on avait volé l'argent que tu as réussi à reprendre avec habilité à ce voleur et que j'ai récupéré grâce à toi, dit-il à notre amie. J'ai lu les rapports de police, et j'y ai découvert ton cran, ton audace même. Grâce à toi, le bandit est en prison, et pour longtemps. Je suis venu t'offrir une récompense.

Christine leva les yeux et regarda le banquier, étonnée. Elle n'attendait rien.

L'homme observa la jeune fille des pieds à la tête.

- Peut-être aimerais-tu être habillée comme une princesse, reprit-il. Ou tu rêves d'une belle collection de puzzles, ou bien d'un ordinateur et des jeux qui vont avec...

Puis il se tut un instant, pour ménager ses effets.

- Et puis non. J'ai pensé à autre chose. Et en te regardant, vêtue comme une aventurière, je crois que je ne me suis pas trompé. Va voir dehors le cadeau que je t'ai apporté.

Christine sortit de la pièce de séjour et fit trois pas vers le hangar où son père entrepose son bois. On entendit un cri.

- Flamme Noire!

- Je l'ai acheté. Son maître est en prison pour des années. Le cheval est à toi, jeune fille.

Christine sauta au cou du banquier pour le remercier.

Des larmes de bonheur coulaient sur les joues de notre amie.

Et les oiseaux chantaient.