Béatrice et François

Béatrice et François

N°54

Les scarabées

     Béatrice passait quelques jours de vacances en Bretagne, avec ses parents et son petit frère, le bébé Nicolas. Elle avait le bonheur d'avoir pu inviter François. Âgés tous deux de sept ans, ils sont grands amis.

Les parents louaient une petite maison de pêcheurs au bord de la mer. Une grande plage de sable blanc s'étendait vers la gauche à perte de vue. À droite se trouvait un petit port de pêche et sa jetée terminée par un phare. Plus loin, où une assez large rivière déversait ses eaux boueuses paresseusement dans l'océan, somnolait le vieux port, à l'abandon, avec un cimetière de bateaux.

Depuis le quai en béton, où se dressaient une grue rouillée et trois wagons encore sur rail, on apercevait vingt ou trente bateaux qui pourrissaient lentement dans la vase limoneuse brune laissée par la rivière. Un énorme entrepôt, sans doute vide, mais envahi de toiles d'araignées et de rats complétait le tableau sinistre.

Nos deux amis s'y rendirent le deuxième jour. Ils passèrent sous la grue, observèrent les wagons immobiles et les vieux bateaux parfois couchés sur le flanc.


La nuit du deuxième au troisième jour, Béatrice s'éveilla sans raison. La montre lumineuse qui brillait au poignet de son copain qui dormait dans le lit à côté du sien, indiquait presque minuit.

La fillette se leva.

Quand elle ouvre ainsi les yeux, la nuit, chez elle, elle allume et lit quelques pages d'un livre. Mais ici, elle n'osa pas, car la lumière risquait d'éveiller François.

Elle s'avança jusqu'à la fenêtre. Quelques étoiles rêvaient dans le ciel noir. Béatrice aperçut, au loin, la masse sombre du hangar et la flèche de la grue, dressée vers la lune, comme un bras de géant.

Elle remarqua que deux faisceaux de lampes de poche se déplaçaient entre les bateaux. Qui pouvait bien patauger dans la boue, entre les coques pourries du vieux port, à pareille heure?

Après les avoir observés un moment, notre amie se recoucha, bien décidée à en parler à son copain demain et à tenter, avec lui, d'élucider ce mystère. Elle s'endormit rapidement.

 

- Je pense à des voleurs, affirma François en écoutant son amie. Des voleurs qui cachent sans doute le produit de leurs vols dans un des bateaux abandonnés. Viens, allons voir.

Ils partirent tous deux vers le vieux port, après le repas.


Le soleil était déjà chaud. Nos amis arrivèrent près de la grue. Deux enfants jouaient sur le pont d'un bateau plat, à quelques mètres du quai. Un garçon, le plus grand, et une petite fille. Ils aperçurent François et Béatrice. Ils les appelèrent.

- Vous venez jouer avec nous? cria le garçon.

- Pourquoi pas, répondit François. Comment t'appelles-tu?

- Loïc. Et elle c'est ma petite sœur, Anne. Elle a six ans.

Le garçon en avait neuf.

- Vous jouez à quoi? demanda Béatrice.

- On joue à pirates.

Nos amis se regardèrent.

- On vient comment? dit François. C'est plein de boue.

- Vous n'avez quand même pas peur de vous salir? Mettez-vous pieds nus comme nous et venez. Vous n'aurez de l'eau que jusqu'aux genoux.

Nos amis descendirent le long d'un plan incliné et rejoignirent Loïc et Anne, sur un bateau abandonné.

- On joue comment?

- Moi, je suis Buck le pirate, dit Loïc. Ma sœur reste avec moi et vous, vous serez qui?

- Ourq le corsaire, répondit François.

- -Et moi, Rusla la guerrière, enchaîna Béatrice.

- Très bien! Un corsaire du roi et une viking norvégienne. Choisissez votre navire. N'allez pas aux cinq grands, là-bas, vous auriez de la boue jusqu'au ventre ou au cou.

François et Béatrice choisirent un bateau échoué et y montèrent.

- On se bat comment? demanda notre ami.

- Tu ramasses deux coquillages. Tu les jettes sur moi ou sur ma sœur. Celui qui est touché est mort. Ta copine a droit à deux coquillages aussi.

-Seulement deux? s'étonna Béatrice.

- Oui, car les révolvers au temps des pirates, des mousquets, ne tiraient que une ou deux fois. Ensuite il fallait les recharger. Ça prenait du temps. Quand tu auras lancé tes deux coquillages tu en ramasseras deux autres si tu n'es pas tuée avant.

Nos amis choisirent deux coquillages chacun. Ils longèrent leur bateau et s'approchèrent, en se cachant, vers celui de Buck le pirate-Loïc. François aperçut Anne et lui lança un coquillage.

- Touchée, tu es morte, dit-il.

C'était un piège. Loïc contourna une barque et lança un coquillage à son tour.

- Tu es mort Ourq-François. Mais où est ta copine?

Béatrice se cachait derrière un bateau pourrissant et tentait à présent de l'escalader. Loïc vit les mains de notre amie. Il s'approcha et lança son second coquillage.

- Victoire, cria le garçon.

- Tu as gagné, dit notre amie en souriant. Mais Loïc, cette nuit, tu n'as pas vu des lumières de lampes de poche par ici?

- Je te l'avais dit, s'indigna Anne en regardant son frère. Mais tu ne m'as pas crue.

- Ma petite sœur m'a raconté ce matin, qu'elle a aperçu des lumières, ici près de la grue, vers minuit. Je lui ai dit qu'elle avait rêvé, mais c'était donc vrai....

- Oui, expliqua Béatrice, je me suis éveillée vers la même heure qu'elle, sans doute. J'ai vu deux faisceaux, deux lumières et donc au moins deux personnes. Ils se dirigeaient vers le milieu du cimetière de bateaux.

- Où ça exactement? demanda Loïc.

- Je ne sais pas au juste. Ils se sont éloignés de la grue. Je parie qu'ils ont caché quelque chose dans une des épaves.

- Certainement des voleurs, dit le garçon. Bonne cachette pour leur butin, mais où? Il y a vingt-cinq bateaux, plus les cinq grands, là-bas.

- Ils vont peut-être revenir cette nuit, dit Anne.

- On pourrait tenter de les espionner, proposa François. Retrouvons-nous ici ce soir, un peu avant minuit.

- Bonne idée, dit Loïc. On se cachera à l'ombre de la lune, sous la grue.

- Rendez-vous à onze heures cinquante-cinq.

Les quatre enfants se séparèrent.


Au soir, Béatrice et François veillèrent à ne pas s'endormir. Vers vingt-trois heures trente, ils s'habillèrent vite et sortirent sans bruit de leur chambre. Une fois dehors, ils coururent vers le vieux port.

- François, regarde, je vois une voiture arrêtée sous la grue.

- Tu as raison, Béatrice, et j'aperçois des gens dedans. 

- Leurs phares sont éteints. Ce sont peut-être nos voleurs.

- Cachons-nous derrière le hangar et attendons Loïc et sa sœur.

Nos deux amis se serrèrent à l'angle de l'entrepôt. Les ombres bougeaient dans la voiture, mais la lumière de la lune ne suffisait pas pour les distinguer nettement.

Loïc arriva avec Anne. Il tenait une lampe de poche allumée à la main.

- Éteins, lança François.

- Pourquoi?

- Regarde, nous pensons que les voleurs sont cachés sous la grue dans leur auto.

À ce moment, les portières du véhicule s'ouvrirent et quatre hommes en sortirent. Deux d'entre eux, que pour la facilité je vais appeler le chef et le numéro deux, tenaient des révolvers et des lampes de poche allumées. Le numéro trois et le numéro quatre portaient un grand et lourd sac noir à l'épaule. Ils descendirent vers les épaves de bateaux par le plan incliné.

- Venez, dit Loïc, suivez-moi. On va se cacher sous les wagons en rampant. On verra mieux et ils ne pourront pas nous apercevoir.

- Et si un train vient? s'inquiéta Béatrice.

- Ces wagons traînent là depuis des années, abandonnés. Aucune chance qu'ils bougent.

Les quatre enfants se glissèrent entre les roues, à plat ventre sur les rails.

 

Les quatre voleurs se dirigeaient vers les cinq grands bateaux, ceux situés plus loin dans la rivière. Ils s'approchèrent du deuxième. Une échelle de corde pendait le long de la coque.

Le numéro quatre escalada et prit pied sur le pont du bateau. Sa silhouette noire se détachait sur le fond du ciel bleu nuit éclairé par la lune.

Les trois autres levèrent le lourd sac que le numéro quatre tira. Tous se retrouvèrent sur le pont du navire abandonné.

- Je parie que ce sac contient ce qu'ils ont volé, dit François.

- Sûrement, chuchota Loïc. Maintenant on sait où ils cachent leur butin, ces voleurs.

Les quatre hommes descendirent un escalier et nos amis ne virent plus rien pendant quelques minutes.

Puis ils reparurent un à un, sans le sac. Ils quittèrent le bateau, passèrent dans la boue et revinrent à leur auto par le plan incliné. Ils entrèrent dans la voiture et démarrèrent tous feux éteints.

- Ce sont bien des voleurs, dit Anne. Ils n'allument pas leurs phares.

- Allons au bateau, proposa Loïc. On va découvrir ce qu'ils ont volé, puis on ira avertir les gendarmes.

- D'accord, dit Béatrice.

- Je vous préviens, ajouta Loïc, à cet endroit on aura de la boue jusqu'au cou.

François portait un vieux short en jean et son amie sa salopette verte d'aventurière. Loïc et Anne, en short et sandales eux aussi s'arrêtèrent un instant.

- Gardez vos baskets aux pieds, dit Loïc. Le fond boueux est parfois plein de vieux clous ou de pointes de ferrailles à cet endroit.

Ils descendirent par le plan incliné.


L'eau limoneuse de la rivière leur venait au ventre et plus haut. Ils avançaient en silence, l'un derrière l'autre sous la nuit étoilée. Ils n'allumèrent pas leur lampe de poche pour ne pas se faire repérer.

Ils parvinrent enfin près du bateau échoué, une sorte de longue péniche. L'échelle de corde pendait le long de la coque. Ils l'escaladèrent.

Tous les quatre prirent pied sur le pont légèrement incliné du bateau. Une trappe ouverte donnait sur un escalier en bois qui menait à la cale. Ils l'éclairèrent avec la lampe de poche. On voyait des traces de boue. Les voleurs venaient de passer par là.

 

Loïc descendit le premier, suivi de près par Béatrice, François et Anne, pas très rassurée. Sitôt arrivés au fond de la cale, ils éclairèrent l'espace autour d'eux.

De l'eau stagnait en flaques ici et là et la peinture noire des parois s'écaillait. Il régnait une odeur piquante de goudron.

Soudain Loïc arrêta le faisceau de sa lampe. Il venait de remarquer un corps au fond la cale. Cet homme, couché sur le dos, ne bougeait pas.

Un instant les quatre enfants songèrent à fuir, mais l'immobilité du corps les impressionnait. Loïc s'avança. Anne se retourna, horrifiée.

- Viens voir, dit-il à sa sœur. Tu le connais, c'est Monsieur André Debois. On dirait qu'il est mort.

Les enfants s'approchèrent, le cœur battant la chamade. François toucha le corps, du bout de son pied. Aucun signe de vie.

- Ils l'ont tué, murmura Anne.

- Qui est-ce? demanda Béatrice.

- Monsieur Debois possède un château à la sortie du village, répondit Loïc. Il est très riche. Il collectionne les scarabées, des dizaines. Des vrais, épinglés, et de tous les continents. Il m'a montré un jour ses plus beaux, vingt-quatre, en or, trouvés dans la tombe d'un pharaon d'Égypte. Le clou de sa collection. Les voleurs les ont sans doute volés chez lui et l'ont tué.

- Il faut avertir les gendarmes, dit François.

- Oui, allons-y vite, car si les voleurs nous voient...

Anne n'osa pas finir sa phrase.

Les enfants remontèrent l'escalier, passèrent sur le pont du bateau et redescendirent par l'échelle de corde. Ils atteignirent le quai par le plan incliné près de la grue.

Ils marchaient d'un pas rapide, quand ils furent pris dans la lumière de phares, ceux de la voiture des voleurs qui revenaient justement.


Les quatre bandits sortirent de l'auto, révolver au poing. Nos amis terrorisés levèrent les bras. Anne sentait des larmes couler le long de ses joues. L'un des hommes, le numéro quatre, dit :

- Les enfants sages dorment à cette heure-ci, mais ceux-là on va les punir, hein chef.

Le numéro quatre ne semblait pas très malin. Le numéro un, le chef, dit aux numéros trois et quatre :

- Mettez-les dans la voiture, conduisez-les au nouveau port, à notre bateau, et enfermez-les dans une cabine, puis revenez me chercher. On partira en mer et on les jettera aux requins, ajouta-t-il pour effrayer les enfants.

Béatrice, François, Loïc et Anne furent obligés de s'asseoir à l'arrière de l'auto sous la menace des armes. Le numéro trois se plaça derrière le volant tandis que le numéro quatre surveillait. Ils arrivèrent au port, près du phare et sortirent du véhicule. On les fit avancer sur une passerelle.

- Numéro quatre, enferme-les dans une cabine.

Toujours sous la menace du révolver, nos amis furent obligés de suivre un petit escalier et d'entrer dans une cabine sombre. Le numéro quatre ferma la porte à clé et revint près de son comparse.

- Voilà, ils sont bouclés, et j'ai la clé en poche. Tu vois, le chef dit toujours que je suis bête, mais je fais bien ce qu'il demande.

- Reste sur le pont du navire et surveille, commanda le numéro trois. Je prends la voiture et je vais chercher les autres.

Il partit.


Prisonniers dans la cabine, nos amis avaient envie de pleurer. Il ne leur restait sans doute plus qu'une heure ou deux à vivre, avant d'être jetés aux requins, pensaient-ils.

- Regarde, cria soudain Loïc, là! un hublot. Il n'est pas très malin, le numéro quatre. Il nous a enfermés dans cette cabine, mais on peut sortir par là.

Les garçons se précipitèrent vers la fenêtre et l'ouvrirent.

- C'est haut, dit François.

- Si on saute n'importe comment dans l'eau, ça fera un plouf terrible et ça attirera l'attention des voleurs, réfléchit Loïc. Et puis il faudra nager cent mètres dans l'eau froide du port, jusqu'à l'échelle, là-bas, de l'autre côté.

- Ta petite sœur saura faire ça? s'enquit Béatrice.

- Anne est une fille de marin comme moi, répondit Loïc. Elle a appris à nager avant de savoir marcher. Ne t'inquiète pas pour elle. Mais toi et ton ami?

- Cela ne fait que quatre longueurs de piscine, calcula François. Pas de problème.

- Tu vas te glisser, par les pieds, à travers le hublot, sur le ventre. Tu iras à reculons en rampant. Tu te laisseras pendre par les mains le long de la coque du bateau et ainsi en lâchant, tu ne feras qu'un petit plouf. Les filles et moi, nous te suivrons en faisant de même.

Béatrice et Anne s'étaient, pendant ce temps, approchées de la table où un coffre fermé intriguait notre amie. Elle réussit à l'ouvrir sans difficulté. Il contenait vingt-quatre petits scarabées en or, des bijoux merveilleux et sûrement de grande valeur. Des hiéroglyphes étaient sculptés sur le bois doré de la boîte.

- Les amis, venez voir, j'ai trouvé les scarabées volés à ce monsieur André Debois. Ces bijoux égyptiens datent du temps des pharaons.

- On les prend avec nous, dit François. On les donnera aux policiers, preuve de nos découvertes.

Béatrice saisit les scarabées un à un et les glissa dans les nombreuses poches de sa salopette verte.

Puis, à tour de rôle, ils sortirent par le hublot.

Loïc, le dernier, se glissa, en arrière, à travers l'étroite fenêtre ronde. Mais au moment où il se tenait pendu par les mains, il se blessa à l'index à un clou qui dépassait. Le garçon poussa un petit cri et tomba dans l'eau à grand bruit.

Le numéro quatre, attiré par ce qu'il avait entendu, traversa le pont du bateau et se pencha par-dessus le bastingage. Il aperçut des ronds dans l'eau. Il ne vit personne. Il en conclut que ce devait être un poisson. Il retourna de l'autre côté du bateau, près du quai.

Loïc avait, après sa chute, entraîné ses amis derrière le bateau et tous les quatre s'étaient accrochés au gouvernail. Ainsi, le numéro quatre ne pouvait pas les voir. Ils nagèrent l'un près de l'autre, vers les quais situés en face de la jetée, à cent mètres de là.

Anne les précédait. Elle filait comme un poisson. Béatrice avait plus difficile à suivre, alourdie par sa salopette qui lui collait à la peau, les poches remplies par les vingt-quatre scarabées d'or.

Parvenus près d'une échelle en fer, ils se hissèrent vers le quai.


Juste à ce moment, ils aperçurent la voiture des voleurs. Il s'agissait du numéro trois, parti chercher le chef, et du numéro deux, qui revenait avec eux. L'auto s'arrêta près de la passerelle. Ils montèrent sur leur bateau.

- Chef, j'ai bien obéi aux ordres, annonça le numéro quatre. Ils sont enfermés dans une cabine et voici la clé. Ils ne peuvent pas s'enfuir.

Le patron des voleurs observa la clé.

- Mais, c'est celle de ma cabine. Tu les a mis dans ma cabine?

- Ce n'est pas bien, chef?

- Idiot, il y a un hublot. Les enfants peuvent sortir par là.

- Ils n'ont que sept ou huit ans chef. Ils n'oseront pas. Et puis ils tomberaient dans l'eau du port.

-Parce que tu crois, cria le chef, qu'à sept ou huit ans, comme tu dis, les enfants ne savent pas se débrouiller? Ils sont bien plus malins et plus courageux que tu crois. Tu n'as rien entendu?

- Non chef, sauf un poisson volant qui a fait plouf.

Le patron, suivi par les autres, se précipita vers la cabine.

- Ils ne sont plus là. Vite, moteur en route, ordonna-t-il au numéro deux. On part.


Pendant ce temps nos amis sortirent de l'eau par l'échelle en fer. Ils coururent, trempés, vers le poste de gendarmerie.

Ils eurent la chance d'apercevoir une voiture de police, illuminée comme une guirlande de Noël et qui fonçait dans la nuit. Les enfants firent des signes. La véhicule s'arrêta à leur niveau.

- Que faites-vous dehors à pareille heure?

- Quatre voleurs ont tenté de nous kidnapper, expliqua François.

- Ils ont tué monsieur André Debois, précisa Loïc.

- Son corps se trouve dans un des bateau abandonnés du vieux port, dit Anne.

- J'ai les scarabées d'or volés en poche, ajouta Béatrice.

Elle en sortit deux et les montra.

-Nous sommes à la recherche de ces bandits, répondirent les policiers. Où sont-ils?

- Leur bateau quitte le port, dit Loïc, en montrant la pointe de la jetée.

- Trop tard, enragèrent les gendarmes.

- Non, cria Anne, regardez, le bateau revient.


Le numéro un, le chef, en entrant dans sa cabine, avait aussitôt vu le hublot ouvert. Il avait remarqué ensuite le coffret aux scarabées d'Égypte, vide.

- On retourne au port, avait-il commandé au numéro deux. Vite! Les enfants ont sauté à l'eau. S'ils rencontrent des policiers, on est bons pour dix ou vingt ans de prison.

Quand le bateau accosta au quai, les policiers n'eurent plus qu'à cueillir les quatre hommes, les menotter et les emmener.

Béatrice confia les scarabées à la chef policière, qui les rendit à Madame Debois.


Trois jours plus tard nos amis assistèrent à leur demande à l'enterrement de monsieur André Debois à l'église du village. Les parents de Béatrice accompagnaient avec le bébé Nicolas, le petit frère de notre amie. Les parents de Loïc et Anne y étaient avec leurs enfants.

À l'issue de la cérémonie, madame Debois voulut remercier nos quatre amis. Elle les félicita pour leur courage.

- Vous avez dû avoir très peur, cette nuit-là.

- Oh oui! s'écria Anne.

- Je voudrais que vous gardiez un beau souvenir de mon mari. Voici pour vous.

Chacun des enfants reçut un scarabée d'or des mains de cette charmante dame. Ils le conservent précieusement, en souvenir de leur aventure.