Christine

Christine

N°21

La Boîte à images

     Christine, âgée de dix ans, habite avec ses parents une maison située au milieu d'une grande forêt. Cette jeune fille possède un don très rare, celui de pouvoir parler aux animaux et comprendre ce qu'ils répondent.

Son meilleur ami s'appelle Mathieu. Il a dix ans, comme elle. Ils n'ont pas souvent l'occasion de se voir, hélas. Le garçon vit dans une grande ville et notre amie bien loin dans les bois.

Au moment où ce récit commence, Christine, invitée par son copain pour quelques jours de vacances, se trouvait chez la tante Rosa de celui-ci, la maman d'un petit bonhomme appelé Quentin.


Ce jour-là, Christine et Mathieu, partis de grand matin pour une belle randonnée, emportaient un sac à dos contenant leur pique-nique et des fruits pour le repas de midi et le goûter, ainsi que des boissons.

Après une longue marche au soleil à travers champs, ils suivirent des routes à l'ombre des grands arbres. Ils atteignirent une rivière dans laquelle ils se baignèrent avec délices.

Le soir tombait à présent. Ils avançaient bien fatigués. Le sac à dos était vide depuis longtemps. Ils revenaient chez tante Rosa, en suivant les indications de la carte qu'elle leur avait confiée au matin pour qu'ils ne se perdent pas en route.

-On s'approche d'un embranchement en Y, annonça Mathieu. On va sortir du bois.

-Tant mieux, répondit Christine. Je suis fatiguée et je commence à avoir sérieusement faim. Je serai contente d'arriver chez ta tante Rosa… Mathieu, regarde, notre route ne se divise pas en deux mais en trois ! Je vois trois chemins là, devant nous. On prend lequel ?

-Je me le demande, murmura le garçon.

Les deux enfants se taisaient à présent. Ils déplièrent la carte routière emportée avec eux et la posèrent sur le sol.

-Nous sommes ici, indiqua Mathieu. Là, tu vois, tout près de la sortie de la forêt. Notre route se divise en deux.

-Je veux bien, mais il y a trois pistes devant nous… Une tout droit, une à gauche et une à droite... À moins qu'on se soit trompés tantôt. Rappelle-toi, on a hésité près du petit pont.

-Oui, mais alors on se trouve plutôt ici…

Le garçon indiquait avec son doigt un tout autre endroit sur la carte. Un lieu bien loin, presque en plein centre des grands bois.

-Oh zut! soupira Christine. On a beaucoup dévié de notre but et on n'est pas prêts d'arriver au village de ta tante. Et il fera bientôt nuit...

Mathieu ne répondit pas. Il replia la carte qu'il venait d'étendre sur le sol et se redressa. Les deux enfants observèrent les alentours en silence. Il faisait déjà un peu sombre. Leur situation ne les rassurait guère…

-Là, lança le garçon, regarde, une cabane! Allons-y. Peut-être que quelqu'un y habite et nous indiquera le bon chemin.


Ils marchèrent les trois cents mètres qui les séparaient de la petite maison. Elle ne semblait pas abandonnée. Les murs en bois étaient peints en rouge et les fenêtres décorées de jolis rideaux aux couleurs gaies.

Christine frappa à la porte mais ne reçut aucune réponse.

-Il n'y a personne, affirma Mathieu qui regardait par la fenêtre. Viens voir.

Ils distinguèrent un grand divan, une table et des chaises, des cadres aux murs, un tapis et quelques bibelots. Tout cela semblait propre et net. Des petits rideaux rouges et verts ajoutaient une note accueillante à l'ensemble de la petite maison.

Nos deux amis repassèrent devant la porte et frappèrent une fois encore. Personne ne répondit, mais la porte s'ouvrit d'elle-même. Ils entrèrent.

-On pourrait passer la nuit ici, proposa Mathieu. Ce serait mieux que de continuer dans les bois. On risque en marchant dans l'obscurité de se perdre encore davantage.

-Et si des gens viennent ? s'inquiéta Christine.

-Si des gens viennent, reprit le garçon, ils nous indiqueront la route à suivre. Tant mieux. Restons ici cette nuit, demain on finira bien par trouver notre chemin. Il fera clair et on sera moins fatigués.

-D'accord, répondit notre amie, mais il faudra se passer du repas de ce soir. Il ne nous reste plus qu'un peu d'eau dans le sac à dos et je ne trouve rien à manger dans les armoires.

Mathieu soupira. Il avait faim et la perspective de jeûner ne l'enchantait guère. Christine souriait, ça donna du courage au garçon.

-Si tu veux, tu peux dormir sur le divan, moi je me coucherai sur le tapis, dit-elle.


Le manteau de la nuit envahissait les bois à présent. Il ferait tout à fait noir dans quelques minutes. Les deux amis, assis près de la porte, écoutaient les derniers bruits de la forêt. Un hibou ou une chouette hulula au loin.

Ils entendirent soudain des voix. Des gens s'approchaient de la cabane.

-Je suis fatiguée. Je ne veux plus marcher et j'ai faim.

-Tout est ta faute. On est ici à cause de toi. Alors tais-toi et avance.

-Tu es méchant. Je te déteste.

Deux enfants venaient vers la cabane. Le garçon semblait avoir dix ans comme nos amis, la fillette devait avoir sept ou huit ans au plus. Ils avançaient en silence à présent. Nos amis remarquèrent que le garçon était habillé normalement, mais que la fillette portait des vêtements sales. Elle paraissait vraiment très négligée. Ils arrivèrent face à nos amis.

-Bonjour, dit le garçon. Je m'appelle Lucas. Voici ma petite sœur, Iris. Vous savez par où on peut sortir de cette forêt?

-On n'en a pas la moindre idée, répondit Mathieu. On espérait même que tu pourrais nous indiquer le chemin. Mon amie Christine et moi, je m'appelle Mathieu, on est perdus comme vous. Nous croyons que nous nous sommes trompés de route tantôt et on a décidé de passer la nuit ici. Si tu veux on partage la cabane. Ta sœur peut dormir sur le divan, nous on s'étendra sur le tapis.

-Merci, répondit le garçon.

Il se tourna vers sa sœur et lui parla avec sévérité.

-Tu vois, tout ça c'est à cause de toi. Si tu ne filais pas toujours de la maison, je ne devrais pas sans cesse courir derrière toi pour te ramener. On va devoir passer la nuit ici par ta faute. Tu es un vrai poison.

-J'ai faim, répondit la petite.

Le garçon ouvrit son sac à dos et en sortit un gros biscuit.

-Mange doucement, c'est tout ce que tu recevras.

-Tu es méchant! Tu gardes tout pour toi. Tu me laisses mourir de faim.

Christine et Mathieu ne savaient que penser et se taisaient tout en observant cette petite fille affamée et sale qui dévorait son biscuit, les larmes aux yeux.

Ils se sentaient tous les quatre très fatigués. La nuit, tout à fait noire à présent, incitait au repos. Les trois aînés se couchèrent sur le tapis, laissant le divan à la petite et tous s'endormirent.


Tout à coup, Mathieu s'éveilla. Sa montre marquait deux heures trente. Il entendit hululer un hibou.

- À moins que ce soit un cri de renard, se dit-il tout bas.

Christine aurait sans doute pu faire la différence, mais elle semblait dormir. Elle est habituée à ces appels de la nuit, puisqu'elle vit dans la forêt, réfléchit le garçon.

Il s'assit. Il frissonnait. Il remarqua que la porte de la cabane était ouverte, ça expliquait le courant d'air froid qu'il sentait. Lucas dormait, tourné vers le mur. Iris n'était pas dans la pièce.

Quelle étrange rencontre, se dit-il encore. Que font ces deux enfants dans la forêt? Ils ne se promènent pas comme Christine et moi.

Mathieu sortit. Il aperçut la fillette dehors, assise contre une souche d'arbre. Elle sanglotait.

-Pourquoi pleures-tu ?

Notre ami s'assit à côté de la petite.

-Mon grand frère est méchant. Il ne veut pas que j'aille près de ma maman.

-Ta maman ne vit pas à la maison ? s'étonna Mathieu.

-Non, elle est partie il y a déjà longtemps et je voudrais la retrouver. Tu veux bien venir la chercher avec moi demain?

Le garçon ne répondit pas. Il se demandait que dire et que faire. Il était attendri par cette fillette triste qui l'appelait à son secours.

-J'aimerais bien que tu deviennes mon grand frère. Tu veux bien ? On partira très tôt pendant qu'ils dormiront et on ira chez ma maman.

-On demandera l'avis de mon amie Christine, répondit Mathieu. Maintenant tu ferais mieux de retourner sur le divan. Demain il faudra encore beaucoup marcher.

Ils rentrèrent dans la cabane et se couchèrent.

Christine ne dormait pas. Elle avait entendu la conversation. 

Lucas, tourné vers le mur, les yeux ouverts, pleurait en silence.


Christine s'éveilla très tôt. Elle remarqua aussitôt l'absence de Lucas. Elle sortit de la cabane sans faire de bruit afin de ne pas déranger les deux autres qui dormaient encore. Elle aperçut le garçon près d'un arbre abattu. Elle s'en approcha et lui sourit.

-Il ne fait pas chaud ce matin.

-C'est vrai… Tu ne dois pas croire que je suis méchant avec ma petite sœur. J'essaye de l'aider mais je pense qu'elle est tout à fait folle depuis que notre maman est morte.

-Mon Dieu! s'exclama Christine. Que s'est-il passé ?

-Un terrible accident. Mais tu vois, de mes trois petites sœurs, Iris est la seule qui refuse d'admettre que notre maman ne reviendra plus. Les deux plus jeunes ont beaucoup pleuré et moi aussi, mais elle pas. Chaque fois qu'on ne la surveille pas, elle se sauve et prétend partir chercher notre mère au fond des bois. Oui, elle est folle.

-Elle souffre beaucoup, murmura Christine. Ta sœur est blessée. Elle a besoin de ton soutien. Peut-être que chercher sa maman l'aide à supporter son absence. Un jour elle acceptera. Je ne crois pas qu'elle soit folle.

-Elle est insupportable, un vrai poison. Tu ne dois pas la croire. Hier soir par exemple, je ne lui ai donné qu'un biscuit car il n'en restait que trois dans mon sac et je voulais qu'elle ait quelque chose à grignoter ce matin avant de se mettre en route. Je n'ai rien mangé, moi.

-Tu es courageux, affirma Christine.

-Quand on a trois petites sœurs et plus de maman, on doit être courageux… Et puis elle se conduit comme une folle. Dès qu'elle passe près d'un cours d'eau elle file se vautrer dedans et jouer dans la boue. Tu as dû t'étonner de la voir sale et en apparence négligée, mais c'est sa faute.

-Elle est malheureuse, soupira Christine. Tiens, la voilà!

Mais qui faut-il croire, songea notre amie en se levant... Le grand frère qui prétend que leur mère est morte? La petite qui affirme qu'elle vit au-delà de cette forêt?

Juste à ce moment, Iris sortit de la cabane. Mathieu lui donnait la main. Il referma la porte.

-On y va ?

-Oui, mais par où, demandèrent les autres.

-Je ne vois qu'une solution. Il faut continuer la route qu'on suivait hier. On verra bien où ça mène. Ce chemin doit sortir du bois quelque part…


Ils avançaient ensemble depuis une demi-heure à présent. Il faisait froid. Le soleil à peine levé jouait à cache-cache derrière les troncs des grands sapins. L'herbe était mouillée et le chemin détrempé. Il avait dû pleuvoir un moment pendant la nuit, mais les enfants ne s'en étaient pas rendu compte. Les ornières débordaient, pleines d'eau et Iris n'en ratait aucune. Ses sandales de toile étaient crasseuses et tout le bas de son jean dégoulinait de boue. Elle s'arrêta soudain, elle venait d'apercevoir une troupe de petits lapins dans une clairière.

-Je voudrais tant réussir à en caresser un, supplia la fillette. Mais chaque fois que je m'approche d'eux, ils se sauvent.

Christine usa de son pouvoir sur les animaux.

Elle s'avança vers eux sur la pointe des pieds en lançant des petits cris aigus. Elle en saisit un et revint vers Iris en le câlinant. La fillette put le tenir dans les mains et le cajoler un moment en le couvrant de petits baisers. Puis elle le laissa partir.

-Merci, Christine, dit-elle dans sourire radieux qu'on ne lui avait pas encore vu.


Ils continuèrent leur marche sous les grands bois. Un peu plus loin, ils passèrent sur un petit pont qui franchissait un ruisseau. Iris se précipita vers le cours d'eau.

-Tu viens avec moi, Lucas ?

-Reviens immédiatement, cria le grand frère. On est perdus, on n'a rien à manger, tout ça à cause de toi, et tu ne trouves rien d'autre à faire que d'aller jouer dans la boue! Tu es tout à fait…

-Laisse, interrompit Christine, je descends une minute près d'elle.

De nouveau, Iris eut un sourire radieux. Les deux filles s'arrêtèrent au bord du ruisseau, après avoir franchi une zone de ronces et d'orties. L'eau, glaciale, ne semblait pas gêner Iris qui s'y précipita, s'éclaboussant joyeusement. Christine ne fit que tremper ses pieds, mais la petite elle, se roula dans l'eau et la boue.

Assise dans le courant, elle sourit à notre amie.

-Je voudrais que tu deviennes ma grande sœur. Tu m'aiderais à retrouver ma maman…

Christine ne répondit pas, émue. Elle tendit la main et incita Iris à sortir de l'eau. Elles retrouvèrent les garçons qui les attendaient, assis au bord du chemin.


Vers dix heures, ils longèrent un carré de sapins. Ils y aperçurent de nombreuses myrtilles. Affamés tous les quatre, ils quittèrent le chemin et commencèrent à en cueillir. Elles paraissaient délicieuses et ils en mangèrent avec grand plaisir.


-Elles sont bonnes ces myrtilles ?

Les quatre enfants se retournèrent. Une vieille femme les observait. Iris se précipita près de son frère.

-Fais attention, c'est une sorcière…

La vieille dame faisait vraiment penser à une sorcière. Ses doigts déformés par le rhumatisme sans doute, ses bottillons boueux, son visage ridé à l'extrême, complétaient le tableau. Pourtant ses yeux clairs et son léger sourire semblaient pétiller d'intelligence et de bonté.

-Elles sont vraiment délicieuses, répondit Christine. Nous avons très faim. Nous nous sommes perdus et nous cherchons notre chemin.

-Comment s'appelle votre village ?

Lucas et Mathieu donnèrent leurs deux adresses.

-Vous n'y êtes pas du tout, répondit la dame. Et en plus, vous vous en éloignez. Vous devez faire demi-tour et retourner jusqu'au petit pont. Là vous prendrez à droite et deux heures plus tard en marchant bien, vous sortirez du bois. Vous avez faim, dites-vous ?

-Nos sacs sont vides, madame. On n'a presque rien mangé depuis hier midi.

-Ma maison se trouve à huit cents mètres. Venez, je vous donnerai un bol de soupe, puis vous repartirez. Je n'ai pas grand-chose à vous offrir, mais cela vous rendra des forces.

Les quatre enfants revinrent sur le chemin et accompagnèrent la dame en silence. Iris restait collée contre son frère.

-Il ne faut pas la suivre, elle va nous changer en crapauds ou en grenouilles ou en serpents ou en mille-pattes ou en…

-Tais-toi, dit fermement Lucas. De toute façon c'est ta faute si on est ici.


Ils arrivèrent près d'une cabane en bois sombre, plus grande mais moins soignée que celle où ils avaient passé la nuit. Le toit était recouvert de feuilles mortes et de branches. Une vitre cassée et un volet qui pendait de travers, laissaient apercevoir un rideau déchiré. Ils entrèrent en silence.

L'intérieur de la maison ne valait pas mieux que l'extérieur. Une grande table mal rabotée et flanquée de deux bancs occupait le centre de la pièce unique. Ils s'assirent.

La vieille dame posa une casserole noircie sur le feu, puis sortit quatre bols ébréchés d'une antique armoire poussiéreuse. Elle y versa la soupe. Puis elle coupa quatre bouts de pain qu'elle leur donna.

-Il ne faut pas toucher à ça, murmura Iris. On va être changés en animaux…

-Tais-toi et mange, commanda son frère.

Ils burent leur soupe et avalèrent leur morceau de pain. Ils ne se transformèrent ni en grenouilles ni en serpents. Au contraire, cela leur fit du bien. La vieille dame les observait en silence.


-Excusez les propos de ma petite sœur, dit Lucas. Depuis la mort de notre maman elle se comporte comme une folle.

La dame ne répondit rien, mais elle s'approcha de Iris. Elle pointa son doigt sur le front de la fillette.

-Tu as mal là, petite fille. Viens avec moi.

Elle prit la main de la sœur de Lucas et se dirigea vers un grand meuble sombre près du mur. Elle fit glisser un tiroir et en sortit une boîte en bois. Elle mesurait environ vingt centimètres sur quinze, et deux centimètres de haut. Elle l'ouvrit et la posa sur la table. Elle contenait trois images en couleurs.

-Regarde, dit-elle. Que vois-tu sur cette photo ?

-Une cane et ses petits.

-Tu as raison. C'est une cane qui couve ses œufs, ses bébés.

-Ils ont de la chance, murmura Iris, ils ont encore leur maman qui les protège…

La dame n'ajouta rien. Elle montra la deuxième image.

-Une libellule! s'écria la fillette. Une bleue! Ce sont mes préférées.

-Et voici la troisième image.

Une grenouille vautrée dans la boue.

-Elle est un peu comme moi, elle aime bien jouer dans l'eau et dans la boue, avoua Iris.

-Ça se voit, dit la vieille dame, en regardant les vêtements sales de la fillette. Je t'offre cette boîte à images, mais je ne te donne qu'une seule photo. À toi de choisir celle que tu préfères.

Iris observa les trois images, puis prit sans hésiter la maman cane qui couvait ses petits.

-Tu as bien choisi, dit la dame. Tu n'as pas besoin de la libellule, tu cours partout comme elle. Et tu n'as pas besoin non plus de la grenouille, tu lui ressembles tout à fait. Glisse la cane dans la boîte à présent. Tu peux l'emporter.

Iris y plaça l'image et referma.

-Crois-tu que la cane se trouve encore dans la boîte? demanda la dame.

-Bien sûr, répondit la petite.

-Tu es tout à fait certaine ?

-Oui… ou alors, vous êtes une magicienne ?

-Vérifie, ouvre la boîte.

Iris l'ouvrit et aperçut la cane et ses canetons.

-Elle y est, fit la fillette en souriant.

-Très bien. À présent, écoute-moi. Tu sais que la cane est dans la boîte, même quand tu ne la vois pas, même quand elle est fermée. Ta maman, petite fille, c'est la même chose. Elle vit quelque part dans la lumière mais aussi dans ton cœur, toujours, et pour toujours. Elle te protège. Mais tu ne peux plus la voir. Elle est et sera toujours, toute ta vie, à tes côtés. Tu peux lui parler, lui demander de te guider, ou simplement lui dire que tu l'aimes. Et si un jour tu doutes de la présence de ta maman tout près de toi, ouvre ta boîte à images et regarde la cane qui s'y trouve. Tu te souviendras alors que ta maman reste toujours à tes côtés.

Iris, émue, pleurait. Ses larmes coulaient, mais elle comprenait. Elle sentait maintenant la présence de sa mère. Son frère, ému tout autant, remercia la dame avec chaleur.

-Merci pour ce que vous avez dit à ma petite sœur. Vous l'avez guérie. Ça me touche beaucoup. Merci également pour la soupe et le pain.

-Oui, merci, ajoutèrent Christine et Mathieu à leur tour. Ça nous a vraiment fait du bien. On avait très faim.

La vieille dame les regarda s'éloigner en souriant. Ils marchaient l'un près de l'autre et semblaient heureux.


Ils tournèrent après le pont sur le ruisseau, puis marchèrent deux bonnes heures. Ils aperçurent enfin le fameux carrefour à deux branches qu'ils avaient tant cherché hier au soir. Là, ils se séparèrent. Lucas et sa sœur partirent vers la droite. Christine et Mathieu s'éloignèrent par la route de gauche.

Notre amie aperçut encore au loin Iris et son frère. Ils se donnaient la main, joyeusement.

Christine se tourna vers son copain. Il souriait aussi.

-Quelle merveilleuse rencontre, dit-il à son amie.