Juliette
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Les escargots géants

     Juliette se trouvait dans sa chambre. Notre amie de quatre ans et demi regardait par la fenêtre le ciel couvert de nuages noirs de plus en plus menaçants. Un orage approchait.

Soudain, elle aperçut, dans l'herbe de la prairie en fleurs, derrière le jardin de la maison, des escargots géants, aussi grands qu'elle et de toutes les couleurs. Elle en vit un bleu, un jaune, un orange, un vert, un rouge, un rose.

Notre amie courut près de son papa pour demander la permission de sortir et aller les voir.

Mais l'orage venait d'éclater et la pluie à présent, tombait à torrents.

- Non, Juliette, dit papa, tu iras après la pluie.

- Mais papa, je mettrai mes bottes et ma veste...

- Non, ma chérie, tu attends le retour du soleil.

- Les escargots seront partis...

- Ils n'avancent pas très vite, répondit papa. Ils n'iront pas bien loin. Et puis tu sais que ces animaux n'ont pas de pattes. Ils rampent sur leur ventre et ils laissent derrière eux une traînée de bave. Tu la suivras et tu les retrouveras facilement.

 

Juliette attendit sagement que l'orage passe. Puis elle sortit juste après les dernières gouttes de pluie. Elle courut à la barrière, tout au fond du jardin. Elle la poussa et passa dans le champ de fleurs.

Elle ne vit plus les escargots. Mais elle ne trouva pas la traînée de bave dans l'herbe. La forte pluie avait tout effacé...

Bien triste, elle revint vers la maison et retourna dans le jardin.

 

Elle entendit quelqu'un qui pleurait de l'autre côté de la haie qui sépare les deux maisons. Son amie Jeanine était en larmes.

- Pourquoi pleures-tu? demanda Juliette.

- Viens voir, murmura la fillette.

Juliette se glissa à quatre pattes par un trou de la haie et s'approcha de son amie.

- Regarde, dit Jeanine.

Un petit oiseau mort gisait dans l'herbe.

- C'est Tiouli, mon chat, qui a fait ça. J'ai tout vu. L'oiseau s'était posé sur la barrière et il chantait. Il n'a pas entendu arriver mon chat. Tiouli a sorti ses griffes et a bondi. Il a croqué l'oiseau puis il l'a laissé là. Méchant chat! Sale bête!

Lorsqu'elles furent revenues à la maison de Jeanine, le papa de cette dernière expliqua:

- Ton chat n'est pas méchant. C'est un félin, un petit tigre. C'est dans sa nature de chat de courir après les souris ou les oiseaux et de les croquer. Il ne fait pas ça parce qu'il est méchant. C'est sa nature de chat, répéta le papa.

 

Juliette demanda à son amie si elle avait vu passer les escargots géants.

- Ils sont grands comme nous, et de toutes les couleurs, dit-elle.

Jeanine ne les avait pas vus.

- Ils sont passés pendant l'orage, précisa Juliette. Et la pluie a effacé leurs traces de bave. Je me demande où ils sont partis.

- Moi je le sais, fit Tiouli. Ils se sont arrêtés à l'entrée du bois dans une petite clairière pleine d'herbes et de fleurs, juste après le ruisseau.

Les deux fillettes décidèrent aussitôt d'aller les voir.

 

Elles partirent en se donnant la main.

Elles les trouvèrent facilement à l'entrée du bois et s'approchèrent doucement. Les escargots géants se tenaient en rond. Ils faisaient des bulles, comme les bulles de savon que tu sais souffler toi, mais de toutes les couleurs. Des grosses bulles, comme des ballons, et qui montaient doucement vers le ciel bleu.

Juliette osa demander à l'un des escargots si elle pouvait grimper sur son dos.

- Oui, répondit le jaune. Viens, mais tiens-toi bien pour ne pas glisser. 

Elle se hissa sur sa coquille.

- Comment avez-vous réussi à devenir si grands? dit notre amie.

- Nous connaissons un champignon très rare qui pousse au fond de la forêt. Si nous en mangeons nous devenons grands, très grands, des géants. Mais ça ne dure que quelques heures. Nous allons bientôt redevenir petits, comme avant.

- J'aimerais bien manger aussi ces champignons, dit Juliette. Je deviendrais aussi grande que mon papa et même plus grande.

- Tu ne peux pas manger ces champignons, avertit l'escargot. Pour les humains c'est du poison. Ils sont vénéneux pour vous.

 

- Vous faites des jolies bulles, dit Jeanine.

- Ce sont des bulles de vie, expliqua l'escargot bleu. Elles partent se poser un peu partout et si elles touchent un animal mort, il revit. Nous venons de sauver un lapin et deux canards, dit l'escargot rose. 

- Et trois petits lézards, ajouta le grand rouge. Ils étaient tombés d'un toit.

Immédiatement, les deux amies songèrent à l'oiseau mort dans le jardin de Jeanine. Elles décidèrent d'aller le chercher et de le leur apporter.

- Attendez-nous, on revient tout de suite, lancèrent-elles.

Elles coururent au jardin. Avec l’aide du papa, elles ramassèrent dans l'herbe l'oiseau mort que Tiouli avait croqué puis laissé là, en s’arrangeant pour ne pas le toucher et le mettre dans une boîte à chaussures.

 

Elles revinrent près des escargots géants et présentèrent l'oiseau.

L'escargot jaune souffla une parfaite bulle mauve qui monta vers les premières branches des arbres puis redescendit et se posa sur l'oiseau mort. Il se retrouva au centre de la bulle.

Juliette et Jeanine regardaient.

Après une minute, l'oiseau battit des ailes puis s'envola vers la forêt.

Très émues, les deux amies applaudirent l'escargot jaune et le remercièrent en serrant son cou en un long câlin.

Puis elles repartirent vers leurs maisons, très heureuses.

 

Si l'oiseau revient chanter un jour sur la barrière, fit Juliette, j'espère qu'il fera attention cette fois et qu'il ne se laissera plus attraper par ton chat.

 

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Merci à mon fils François qui m'a suggéré l'idée de cette histoire.