Magali
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L’aventure d’Atricette

     Derrière chez Magali, on trouve son jardin. Au fond de ce dernier, se dresse une barrière. Si on la pousse, on passe sur un chemin en terre qui longe le champ de blé.

De l'autre côté de ce champ de blé, coule un petit ruisseau. Si on le suit, on arrive à l'étang couvert de nénuphars et bordé de hautes herbes qu'on appelle des roseaux.

C'est le domaine d'Atricette, la nouvelle reine des grenouilles.

 

Un jour de grand soleil, elle sortit de l'étang et partit explorer les environs. C'est une curieuse et une aventurière... Elle longea le champ de blé puis suivit la route en terre qui passe derrière les jardins. Elle s'arrêta devant une grille.

Après un instant d'hésitation, elle se glissa entre les barreaux et avança dans l'herbe bien coupée. Elle regarda soigneusement à gauche et à droite pour vérifier qu'il n'y avait pas de chien qui aurait pu venir la mordre.

Il n'y en avait pas.

Elle parvint à la porte entrouverte d'une cuisine accueillante.

Personne en vue. Ni chien, ni chat.

Parfait, se dit-elle tout bas, quand même pas trop rassurée.

Elle entra.

 

Elle aperçut un morceau de tarte aux prunes sur la table.

- J'adore la tarte aux prunes, dit Atricette.

La grenouille bondit sur une chaise, puis sur la table. Elle mordit dans le morceau de tarte qu'elle trouva délicieuse.

 

Puis elle sauta à terre et s'approcha d'une porte qui n'était pas fermée. 

Elle la dépassa et entra au salon après avoir traversé le hall d'entrée de la maison.

Personne en vue...

Atricette sauta sur les coussins d'un canapé et vit en se tournant un biscuit au chocolat qui traînait sur la table.

- J'adore les biscuits au chocolat, dit-elle.

Elle bondit sur la table basse et mangea le biscuit. Elle lécha même les quelques miettes qui restaient.

 

Se retournant, elle vit un chat qui l'observait.

Il s'appelle Polipilou. C'est le chat de Magali.

Oui, la reine Atricette venait d'entrer dans la maison des parents de Magali.

Le chat miaula. 

- Miaou.

La grenouille répondit.

- Coa-a.

Ce fut bientôt un concert de miaulements et de coassements. Chacun essayait de crier plus fort que l'autre.

- Miaou... Coa-a... Miaou... Coa-a...

 

Au même moment, la porte de la maison s'ouvrit.

Magali revenait de l'école avec papa et Arnaud, le frère de huit ans, et le bébé Julien, le petit frère que l'on tenait dans les bras.

Atricette eut peur et se cacha sous le canapé.

La fillette monta à sa chambre, suivie par la grenouille qui sautait les marches d'escalier l'une après l'autre.

Le chat resta au salon. Tant mieux, songea la grenouille.

Magali s'assit à sa table et se mit à dessiner.

La reine Atricette entra elle aussi dans la chambre et se cacha sous le lit. 

En regardant autour d'elle, elle vit une petite araignée qui descendait lentement le long du mur et s'approchait de la fillette.

Notre amie ne l'avait pas vue.

La grenouille lança un « coa-a » pour l'avertir.

Magali leva les yeux et vit l'araignée.

Elle se mit à hurler:

- Papa, viens vite. Il y a une grosse araignée sur le mur de ma chambre!!

Le papa arriva en courant.

- Ma chérie, dit-il, tu ne dois pas crier comme ça! Regarde cette toute petite bestiole. Elle ne peut pas te faire de mal.

- Elle est trop grosse...

Le papa la prit entre ses doigts et la posa sur le bord extérieur de la fenêtre.

 

La reine Atricette en profita pour quitter la chambre de la fillette. Continuant sa visite, elle entra dans une autre pièce de la maison. La salle de bain.

Elle s'approcha de la baignoire toute blanche.

- Quel bel étang! murmura la grenouille. Dommage qu'il soit à sec. Ce serait parfait pour se baigner...

 

Puis elle passa dans une autre chambre, celle du bébé Julien. Il dormait dans son petit lit à barreaux.

Atricette s'avança par bonds sur le tapis, puis sauta entre les barreaux jusque près de Julien.

Le bébé s'éveilla et regarda l'étrange animal en souriant. Il n'avait jamais vu de grenouille.

Ouvrant la bouche, il lança:

- Bele, bele, bele...

Atricette répondit en faisant:

- Coa-a... Coa-a... Coa-a...

Et un nouveau dialogue commença.

- Bele, bele... Coa-a, Coa-a... Bele, bele... Coa-a, Coa-a...

Chacun, à son tour, bavardait de plus en plus fort.

La maman arriva dans la chambre en entendant le bruit.

La grenouille se glissa vite sous le drap dans le lit du bébé pour tenter de se cacher, mais trop tard.

- Hé là! Fiche le camp, toi, lança le papa qui venait d'arriver à son tour.

Atricette sauta hors du lit et se sauva en descendant les marches de l'escalier aussi vite que possible. Elle en rata une et dégringola les dernières, heureusement sans se faire mal.

Magali sortit de sa chambre à son tour. Elle courut près de son petit frère. Elle le prit dans ses bras pendant que maman cherchait la grenouille. Mais déjà celle-ci sortait de la maison par la porte du jardin.

 

Elle traversa l'herbe à toute vitesse, passa entre les barreaux de la grille, puis suivit le chemin en terre le long du champ de blé. 

Elle rencontra un drôle d'animal. Il marchait sur deux pattes et avançait vers elle.

- Coa-a... fit notre amie.

- Kot, kot, kot... lança la poule.

Et ça recommença.

Des kot, kot, kot et des coa-a, coa-a, coa-a... à n'en plus finir.

La poule suivit la grenouille jusqu'à l'étang. Atricette y plongea, tout heureuse de retrouver son endroit favori.

La poule plongea à son tour et l'instant après, sortit de l'eau toute mouillée.

- Mais enfin! dit Atricette en se hissant sur un nénuphar. Les poules ne savent pas nager. Pourquoi a-t-elle plongé derrière moi?

La poule repartit sans rien dire vers son poulailler, se promettant de ne raconter à personne son étrange aventure.

 

La reine se dressa sur son nénuphar et appela toutes ses amies.

- J'ai vécu une aventure terrible, dit-elle. 

Elle leur raconta tout, mais à sa manière.

- Je suis entrée dans un château hanté. Dans une cuisine traînait un morceau de tarte aux prunes, mais je me suis bien gardée d'y toucher. Il pouvait être empoisonné... Puis j'ai vu un biscuit au chocolat, sans doute magique. Celui-là, je l'ai mangé. Il a fait apparaître un tigre qui m'a poursuivie dans les escaliers. Je me suis battue ensuite avec une énorme araignée noire. Puis j'ai failli me noyer dans un étang tout blanc. Enfin j'ai vu un bébé qui poussait des cris abominables. J'ai pu me sauver et revenir près de vous. Mais une dernière épreuve m'attendait sur le chemin de l'étang. Un oiseau géant aux cris perçants voulait m'emporter pour me dévorer. 

-Oh! firent les grenouilles. Tu n'exagères pas un peu? Ça s'est vraiment passé comme ça?

-Oui, fit Atricette. Enfin, à peu près...

-Quelle aventure! lancèrent les autres grenouilles.

- J'ai réussi à m'échapper et à revenir près de vous parce que je suis vraiment très courageuse...

- Sûrement, firent ses amies. Quelle formidable aventure!