Béatrice et François
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La Maison de Tante Simone

     Il faisait chaud, trop chaud ce jour-là. Béatrice et François se baladaient dans la forêt voisine de la petite ville où ils habitent. Ils ressentaient une agréable fraîcheur sous les arbres.

Normalement, Béatrice ne peut pas aller toute seule dans les bois, mais François prétend toujours que, s'il l'accompagne, elle ne désobéit pas, car alors elle n'est plus toute seule.

Les deux enfants, très bons amis et âgés tous deux de sept ans et demi, fréquentent la même classe à l'école.

Ils devaient revenir à leurs maisons pour midi. Seulement voilà : au croisement de deux pistes, le garçon hésita un moment, puis déclara qu'il fallait aller à gauche. Son amie lui demanda s'il était sûr du chemin. Lui ne voulut pas montrer qu'il ne connaissait pas vraiment la route… Au carrefour suivant, il choisit encore de prendre à gauche, alors qu'il fallait de nouveau aller à droite…

Peu à peu, François et Béatrice s'enfoncèrent et se perdirent dans la forêt. Fin de la matinée, ils marchaient encore. Ils avaient très chaud et très soif. Tous deux, malgré qu'ils fussent en t-shirt et en short, transpiraient solidement.

Ils continuèrent à avancer, courageusement, mais de plus en plus inquiets.


Ils parvinrent en vue d'un long mur assez vieux, fissuré, recouvert à certains endroits de lierre, et dont certaines briques étaient tombées. Le mur semblait interminable et surtout leur sentier s'arrêtait là. Ils furent curieux de découvrir ce que cela cachait de l'autre côté.

Ils s'agrippèrent donc aux fissures, profitant de la moindre aspérité. Comme ils portaient des sandales de gymnastique aux pieds, ils n'eurent aucune difficulté à escalader et à s'asseoir à califourchon tout au-dessus.

De l'autre côté se trouvait une grosse maison, un peu sombre et dont tous les volets semblaient fermés. Ils virent aussi une belle pelouse décorée de quelques parterres de fleurs. Ici ou là, des groupes d'arbres ou des bosquets ajoutaient des zones d'ombre à cet endroit de paix et de fraîcheur.

Ils remarquèrent aussi un robinet situé à l'angle de la maison. Un de ces robinets extérieurs auxquels on accroche un tuyau pour arroser l'herbe en été.

La soif les torturait tous les deux. La chaleur, accablante, devenait de plus en plus lourde à supporter. Ils ressentaient la fatigue de leur trop longue marche.

-Moi, j'irais bien boire un petit peu à ce robinet, murmura François.

-N'y pense pas ! s'exclama Béatrice. C'est une propriété privée, on ne sait pas à qui ça appartient, on ne connaît pas ces gens.

-J'ai soif, répéta François. Je vais courir jusque-là. Tu m'accompagnes si tu veux. On ne fait rien de grave quand même.


Le garçon sauta du mur dans l'herbe. Son amie suivit après un instant d'hésitation. Ils coururent tous les deux jusqu'au coin de la maison, ouvrirent le robinet et plaçant leurs mains l'une contre l'autre, ils burent chacun abondamment l'eau fraîche, à genoux dans l'herbe.

Après s'être désaltérés, ils remarquèrent un peu plus loin une jolie piscine bleue, en demi-cercle, avec une eau bien accueillante…

Oh, comme ça serait agréable par cette chaleur de se baigner un peu ! Tous les volets paraissaient fermés. Personne ne les verrait. Les gens étaient sans doute partis en vacances.

Encore une fois, Béatrice fit remarquer à François son inconscience. Pourtant, ils s'approchèrent tous les deux du bord du bassin, juste pour voir.

Ils s'agenouillèrent sur les dalles bleues et plongèrent un doigt. Comme elle était bonne ! Ils ôtèrent leurs sandales de toile et s'assirent au bord de la piscine. Ils mirent les pieds dans l'eau.

Puis de fil en aiguille, ils finirent par ôter les t-shirts et entrèrent dans piscine en short… Une agréable sensation de bien-être les envahit.


Peu de temps après, arrivèrent les deux grands chiens. Deux dobermans noirs aux longues dents et qui semblaient très agressifs. François et Béatrice nageaient au milieu de la piscine, qui était profonde. Ils tentèrent d'en sortir, mais dès qu'ils s'approchaient du bord, les deux chiens aboyaient et venaient menacer nos amis de leurs crocs.

Les deux enfants, affolés, eurent l'idée de se séparer. L'un alla à gauche, l'autre à droite. Mais les chiens se divisèrent aussi. Et l'un s'occupa de François, et l'autre, de Béatrice.

Plus moyen de quitter l'eau sans que ces chiens les attrapent. Encore une chance qu'ils ne sautaient pas dans la piscine !

Les deux amis durent rester près d'une demi-heure dans le bassin en continuant à nager sans cesse. Ils grelottaient à présent, parce que l'eau était vraiment froide, et puis, ils s'y trouvaient plongés depuis trop longtemps. Ils claquaient des dents. Leurs lèvres devenaient bleues. Ils étaient épuisés de nager dans cette piscine où ils n'avaient pas pied. En plus, le temps passait et leurs ventres vides criaient famine.

Tout à coup, ils entendirent un sifflement aigu. Les deux chiens partirent. Béatrice et François en profitèrent pour sortir de l'eau. Ils virent un homme marcher vers eux. Il tenait un sifflet à la main et retenait les deux dobermans. Nos amis se serrèrent l'un contre l'autre au comble de la panique et de la honte.

-Et bien, les enfants, que faites-vous là ?

-Excusez-nous, murmura Béatrice, en tremblant, on s'est égarés dans les bois, monsieur. On avait très chaud et très soif. On a escaladé le mur de votre propriété, pour tenter de s'orienter et on a vu votre robinet au coin de votre maison. On y a bu un peu d'eau.

-Et puis, ajouta François, on a découvert la piscine et, comme il faisait très chaud, on s'est dit que ça serait bien de… de se rafraîchir un peu.

Nos amis s'attendaient au pire. Ils se voyaient déjà en prison.

-Vous avez bien fait, affirma l'homme en souriant. Au moins, comme ça, quelqu'un profite de ce bassin. Mais si vous êtes perdus, vos parents vous attendent. Ils doivent être inquiets.

-Sûrement, monsieur, confirma Béatrice un peu rassurée.

-Venez jusqu'à la cuisine. Vous allez leur téléphoner.

-Oh, oui, répondit François. Merci monsieur.

Ils ramassèrent leurs t-shirts et marchèrent vers la maison.

-Et puis, vous devez avoir faim. Il est déjà presque deux heures de l'après-midi. Puis-je vous offrir quelques biscuits ou une galette ?

-C'est très gentil, monsieur, merci beaucoup, mais…


Ils entrèrent dans la cuisine. Ils dégoulinaient encore un petit peu. L'homme sortit un portable. Il téléphona aux parents de Béatrice, dont notre amie connaissait le numéro par cœur. Il raconta que les enfants perdus étaient retrouvés.

-Ils sont très gentils. Je leur ai proposé de se rafraîchir et de nager dans ma piscine. Il ne faut surtout pas les gronder. D'ici une heure, ils seront rentrés. Et merci d'avertir les parents de François.

Nos amis souriaient.

-Merci monsieur, merci.

-Comme ça vous voilà rassurés. Et bien, mangez ces quelques biscuits. Buvez. Voulez-vous du jus d'orange, du coca, de la limonade ?

Ils burent, ils mangèrent, et s'apprêtaient à partir, lorsqu'on entendit, venue de tout en haut, la voix d'une dame âgée.

-Albert, Albert, qui est là ?

-Euh… Deux enfants, tante. Deux enfants perdus dans le bois.

-Oh, les pauvres chéris ! Montre-les moi, montre-les moi, Albert. Fais-les venir.

Monsieur Albert se tourna vers nos amis.

-Allez dire bonjour à ma tante. Elle est très âgée. Elle voudrait vous voir. Elle loge tout en haut. Et pour les chiens, ne craignez rien. Ils s'appellent Ido et Ida. Vous pouvez les caresser. Vous les rencontrerez en haut, mais ils ne vous feront aucun mal.

Nos deux amis montèrent un magnifique escalier couvert d'un splendide tapis-plain. Au mur se trouvaient des très jolies peintures. La maison était richement décorée, de très bon goût et surtout très agréable.


Ils entrèrent dans une immense chambre toute baignée de lumière. Dans un grand lit, une dame vêtue d'une jolie robe de nuit bleue souriait en les regardant arriver. Ils remirent bien vite les t-shirts. Ils étaient encore pieds nus et humides.

-Bonjour les enfants.

-Bonjour, madame.

-Bonjour, madame.

-Ne m'appelez pas madame, appelez-moi tante Simone. Bonjour mes chéris. Alors, vous vous êtes perdus dans la forêt ?

-Oui, tante Simone, sourit Béatrice.

-Et vous êtes venus boire à mon robinet ? Et bien, tant mieux.

-On a aussi nagé dans votre piscine…

-Comme vous avez bien fait ! Voilà une bonne idée au moins. À votre place, j'aurais fait la même chose.

-Vous êtes gentille, tante Simone, déclara François.

-Ça me fait plaisir que tu dises ça. Vous me faites rêver au temps où j'avais votre âge les enfants. J'adorais me baigner. Je vous trouve bien mignons, tous les deux. On dirait deux petits amoureux.

Béatrice et François rougirent.

-Vous pouvez revenir vous baigner quand vous voulez, même tous les jours, si vous voulez. Seulement, écoutez-moi attentivement. Si tous les volets sont baissés, nagez dans la piscine, il ne vous arrivera rien, mais n'essayez pas d'entrer dans la maison. Quand les volets sont baissés, mes chiens sont de garde. Ils se promènent dans ma demeure. Et si quelqu'un tente de s'introduire, ils attaquent. Ils sont dressés pour me protéger. Par contre, si mon volet est ouvert, ils ne sont plus de garde, et vous voyez, ils sont doux comme des agneaux. Vous pouvez même les caresser.

-Mais tantôt, ils étaient agressifs, dit Béatrice. Et on était dehors...

-Oui, mais mon volet était encore baissé et la porte de la maison était restée ouverte quand mon neveu est entré. Ils sont sortis et vous ont vus. Ils vous ont fait peur, mais ils ne vous auraient pas mordus.

-Merci, tante Simone.

-Au revoir, tante Simone.

Les enfants retournèrent chez eux, en remerciant encore le neveu, monsieur Albert.


À dater de ce jour-là, plusieurs fois par semaine, Béatrice et François retournèrent chez tante Simone.

En voyant les volets baissés, ils n'entraient pas dans la maison. Ils allaient nager dans la piscine. Puis, sitôt les volets levés, ils entraient. Ils caressaient Ido et Ida, et puis, ils allaient dire bonjour à tante Simone. Ils en profitaient pour manger un biscuit ou une galette qu'elle leur offrait chaque fois près d'elle. La vieille dame se réjouissait de leur visite et de leur compagnie.


Un jour, tante Simone leur expliqua qu'elle avait autrefois un cousin né le même jour du même mois de la même année qu'elle.

-Ce cousin et moi, nous nous aimions beaucoup. Du coup, on nous appelait «les petits amoureux». Pour notre anniversaire de sept ans, la famille nous prépara une surprise. Nous reçûmes deux bagues. Un anneau bleu pour moi et un anneau rouge pour mon cousin.

Béatrice et François écoutaient la vieille dame avec ravissement. Elle poursuivit.

-Mais les années passèrent et mon cousin partit vivre en Amérique. Je ne l'ai plus revu. Au moment de partir, il me rendit sa bague. Vous nous ressemblez tous les deux. Voilà pourquoi je vous appelle mes «petits amoureux». Je vous aime bien, les enfants.

Nos amis revinrent encore plusieurs fois nager et visiter leur amie, tante Simone, comme ils l'appelaient, cet été-là.


Un jour, ils arrivèrent et virent tous les volets fermés. Ils s'ébattirent dans la piscine. Soudain, ils entendirent, venant de tout en haut, un petit cri, un appel.

-Au secours… Au secours !

-C'est tante Simone, dit François.

-Oui, écouta Béatrice, tante Simone nous appelle. Allons voir.

-D'accord, mais tous les volets sont baissés, les chiens vont nous attaquer.

-Oh, mon Dieu, comment allons-nous faire ?

-Il faudrait qu'on téléphone à Monsieur Albert, mais on ne sait même pas son nom, on ne connaît pas son numéro de téléphone et on ne sait pas où il habite.

Les deux enfants se trouvaient bien ennuyés.

-Écoute, proposa Béatrice. Tante Simone est si gentille avec nous. Elle nous permet de venir nager dans sa piscine. Elle nous donne toujours des biscuits, des limonades, elle nous accueille toujours si gentiment.

-C'est vrai, interrompit François.

-On doit l'aider. Il faut qu'on soit courageux. Allons voir. Ido et Ida dorment peut-être.

Ils avancèrent jusqu'à la porte de la cuisine, qu'on ne fermait jamais à clé. Avec la présence des deux chiens, tante Simone ne risquait pas d'avoir des voleurs, il faut dire.

Les molosses n'étaient pas dans la cuisine. Et l'autre porte, celle qui donne dans le petit couloir qui mène au grand hall était close. Nos amis s'approchèrent tout doucement de la cuisine et y entrèrent sur la pointe des pieds. Ils se précipitèrent jusqu'à la porte suivante.

Là, ils écoutèrent. Les chiens ne semblaient pas être dans le couloir. Mais ils se trouvaient peut-être dans le hall d'entrée. Ils passèrent dans le corridor sombre.

Ils coururent tous les deux jusqu'à l'autre bout. Là, ils entendirent des grognements, derrière la porte. Les deux dobermans semblaient prêts à bondir et à mordre.

-Que fait-on, maintenant ? s'inquiéta Béatrice.

-Écoute, suggéra François, je crois qu'on peut tenter quelque chose. Les chiens nous attendent là-derrière. Ils nous sentent.

-Oui.

-Ils sont prêts à bondir sur nous.

-Oui, souffla Béatrice.

-Bon. Si on ouvre la porte brutalement, et qu'on se cache juste derrière, ils vont foncer vers la cuisine pour chercher après nous. Ne nous voyant pas, ils feront demi-tour, après avoir parcouru plusieurs mètres.

-Oui, acquiesça la fillette.

-Et bien, pendant ces quelques secondes où ils fonceront vers la cuisine, nous, on se précipitera dans le hall et on refermera la porte derrière nous. J'ai un chien, ajouta François. Oasis. Je joue souvent à ce jeu de cache-cache avec lui. On peut essayer, avec ceux-ci. Mon chien, je réussis presque toujours à le tromper. Mais avec lui, ce n'est qu'un jeu…

-C'est risqué comme tu dis, mais d'accord, osa Béatrice.

-Allons-y, décida le garçon. Risquons. On le fait pour tante Simone. Un, deux, trois !

À trois, ils ouvrirent la porte d'un coup sec. Les deux chiens bondirent vers la cuisine. Pendant ce temps-là, nos amis se précipitèrent dans le hall et fermèrent la porte vivement derrière eux. Ils montèrent l'escalier en courant et arrivèrent dans la chambre de la vieille dame.


Tante Simone était couchée par terre sur son tapis. Elle était tombée la nuit en se levant.

-Oh, mes petits amoureux, vous êtes là ! quelle chance ! D'abord, ouvrez vite mon volet, les enfants.

Ils levèrent le grand volet. Heureusement, parce que les chiens arrivaient.

La vieille dame reprit :

-Voilà, comme ça, mes dobermans ne vous feront pas de mal.

Et en effet, les chiens n'aboyèrent plus et ne menacèrent ni François, ni Béatrice. Ils vinrent même les lécher.

-Une bonne chose de faite, soupira tante Simone. Je ne me rappelle pas vous l'avoir dit, mais mes chiens savent ouvrir les portes.

Les deux enfants se regardèrent et frissonnèrent de peur, à posteriori.

-Maintenant, on va te remettre dans ton lit, tante Simone, proposa François.

-Non, non les enfants, vous allez me faire mal en faisant cela. Je crois que ma jambe est cassée. Donnez-moi plutôt un coussin, mon oreiller. Et glissez-le sous ma tête.

Ils installèrent l'oreiller sous la tête de la vieille dame, et la bordèrent avec sa couverture.

-Tu veux boire quelque chose, tante Simone ? On t'apporte une boisson ?

-Non, ça va, les enfants. Vous allez d'abord téléphoner aux ambulances. Voilà le numéro.

Ils appelèrent une ambulance, ils donnèrent l'adresse et on leur expliqua que les secours arriveraient dans quelques minutes.

-À présent, appelez Albert. Voici le numéro.

Ils téléphonèrent à monsieur Albert, qui promit d'arriver dans un quart d'heure.


-Bien, ajouta tante Simone. Il nous reste quelques instants. Béatrice, tu va aller à ma commode, là-bas à gauche… Voilà… Ouvre le tiroir du milieu. Très bien.

La fillette s'agenouilla et tira le tiroir vers elle. Il était rempli de jolies petites boîtes.

-Vois-tu un petit écrin rouge ?

-Oh oui, je le vois.

-Prends-le.

Béatrice le prit et se releva.

-Voilà, tante Simone.

La vieille dame ouvrit le petit coffret rouge et en sortit deux bagues. Une bleue et une rouge.

-Regardez. Voici les deux bagues que nous avions reçues mon cousin et moi à votre âge, les petits amoureux. Je voudrais vous en faire cadeau.

-Tante Simone, il ne faut pas !

-Si. Si. Cela me fait plaisir de vous les offrir. Essayez-les.

La vieille dame donna la bague rouge à François, qui la glissa à son doigt et Béatrice reçut la bleue. Et comme c'étaient des bagues faites pour des enfants, elles leur allaient parfaitement.

-Voilà ! dit tante Simone en souriant. Elles sont à vous.

On entendit ensuite la sirène de l'ambulance. Ils embarquèrent la gentille dame et conduisirent à l'hôpital. Le neveu Albert arriva. Il félicita les enfants pour leur courage et leur esprit d'initiative. Il leur permit de revenir quand ils voulaient dans la piscine. Mais il allait fermer la maison à clé et emmener les chiens avec lui.


Nos amis ne retournèrent qu'une seule fois à la maison de tante Simone. Mais… ils ne trouvèrent plus cela très drôle d'aller nager dans sa piscine. Ils ne s'amusèrent pas. La gentille dame n'était plus là. Ce n'était plus la même chose, sans sa présence. La maison paraissait un peu sinistre. Ils ne revinrent plus.


À la fin des grandes vacances, juste la veille de la rentrée des classes, François et Béatrice allèrent une dernière fois à la maison de la vieille dame.

Ils virent sur la grande grille, fermée à présent, un écriteau : «Maison à vendre».

Ils comprirent alors qu'elle ne reviendrait jamais plus dans sa maison.

Ils n'entrèrent pas dans la propriété. Ils firent demi-tour et retournèrent chez eux. Ils ne surent jamais ce qu'était devenue leur amie. Comment auraient-ils pu deviner ? Ils ne connaissaient même pas leurs noms. Ils savaient juste qu'il s'appelait  « monsieur Albert » et elle « tante Simone », et qu'ils étaient charmants.


Béatrice et François conservent la bague rouge et la bague bleue, en souvenir de leur rencontre avec l'adorable vieille dame.

Et cet été-là, ils l'appelèrent l'été de tante Simone.