Simple rêve ou affreux cauchemar ?
François passait les derniers jours des grandes vacances chez sa grand-mère qu'il appelle Bonne-Mamy. Olivia et Amandine, les petites sœurs du garçon s'y trouvaient aussi. Et, bonheur, Béatrice, la meilleure copine de notre ami était de la partie.
L'avant-dernier jour, un jeudi, notre ami demanda en souriant:
- Bonne-Mamy, tu ne vas pas t'ennuyer toute seule quand nous serons retournés chez nos parents et à l'école ?
- Non, mon chéri. Dimanche je prends l'avion et je me rends à la Côte d'Azur, dans le Sud de la France, à Nice. Je vais y retrouver une cousine.
Cette nuit-là, François fit un cauchemar affreux.
Il vit en rêve un avion peint en noir. Sa grand-mère y entrait. Le vol AK123 vers Nice Côte d'Azur. Elle s'asseyait sur le siège numéro 17, près d'un hublot.
Un monsieur âgé prit place sur le siège à côté d'elle. Il portait une chemise blanche avec une cravate bleue. Il avait une moustache grise.
L'avion décolla.
Mais en plein vol, il explosa.
François se réveilla en sueur.
Il se précipita auprès de sa grand-mère et lui conta son rêve en détails. Puis il ajouta:
- Bonne-Mamy, ne pars pas. Ne prends pas l'avion. Il va exploser.
- Mon chéri, dit la gentille grand-mère, ce n'est qu'un mauvais rêve.
- Ne pars pas en avion... répéta notre ami. Je ne veux pas que tu meures.
Le samedi matin, le garçon et ses sœurs retournèrent à leur maison. Béatrice, de son côté, retrouva ses parents et son petit frère, le bébé Nicolas.
Le dimanche arriva.
François, Olivia, Amandine et leurs parents allèrent chercher la Bonne-Mamy et ses valises. Puis ils la conduisirent à l'aéroport.
Une fois encore, notre ami supplia sa grand-mère de ne pas monter dans cet avion.
Rien n'y fit. On ne l'écouta pas.
On revint à la maison.
L'après-midi était pluvieux et François jouait au salon avec ses petites sœurs.
La télévision était allumée et on y passait des dessins animés. Les trois enfants ne les regardaient que du coin de l'œil, très occupés à une partie de jeu de l'oie endiablée.
Soudain, un visage apparut sur l'écran.
« Nous interrompons notre programme car nous apprenons à l'instant qu'une catastrophe aérienne vient de se produire. Le vol AK123 pour Nice Côte d'Azur a explosé en plein ciel pour une raison encore inconnue. Les débris de l'avion sont tombés dans un champ. Il n'y a aucun survivant. »
François fondit en larmes. Ses parents l'entourèrent aussitôt. Olivia et Amandine pleuraient, étonnées.
- Je lui avais pourtant bien dit... murmura notre ami entre deux sanglots.
On sonna à la porte deux minutes plus tard.
La maman alla ouvrir.
- Bonne-Mamy ! François, viens voir !
La grand-mère était là, sur le seuil, bien vivante, souriante.
Le garçon se précipita dans ses bras. Un long câlin.
Puis on passa au salon et la vieille dame raconta.
- Je suis arrivée au terminal, là où on attend pour embarquer. J'ai lu un livre en patientant avant qu'on nous appelle.
- Embarquement du vol AK 123 pour Nice Côte d'Azur, dit une voix.
- J'ai suivi la file et je suis montée dans l'avion. Mon siège, le numéro 17 se trouvait à côté d'un hublot. Je me suis assise.
« Puis un homme est arrivé. Il occupait la place juste à côté de moi. J'ai vu aussitôt qu'il portait une chemise blanche avec une cravate bleue. Il avait une moustache grise.
« Alors, je me suis souvenue de ton rêve, mon François.
« Je me suis levée et je me suis précipitée vers une des hôtesses.
- Ne fermez pas la porte, lui ai-je dit. Cet avion va exploser en plein ciel. Prévenez le commandant de bord et les passagers. Sortez toutes et tous de cet appareil.
« Personne ne m'a crue. On m'a traitée de folle.
« J'ai insisté.
« L'hôtesse m'a demandé poliment, mais fermement, de quitter l'avion et de cesser de faire peur aux passagers. On m'a menacée d'avertir le personnel de sécurité de l'aéroport.
« Je suis sortie. J'ai sauté dans un taxi et me voilà. Je viens d'entendre la terrible nouvelle...
La grand-mère reprit François dans ses bras.
- Je te dois la vie mon chéri, dit-elle.
- Bonne-Mamy, je t'aime, murmura le garçon.
Ils pleuraient tous les deux.