Béatrice et François
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L'enveloppe

     -Au revoir, Maman, à tantôt.

Béatrice ferma la porte de la maison, traversa le bout de jardin en façade, et emprunta le trottoir pour se rendre à l'école. Elle a sept ans et demi et est en deuxième année.

Marchant d'un pas rapide le long des autos garées dans l'avenue, elle aperçut, venant vers elle et roulant doucement, une luxueuse voiture gris métallisé. À l'intérieur du véhicule, elle distingua trois personnes: deux devant et une à l'arrière.

L'homme assis à l'arrière et celui qui se trouvait devant à droite tenaient chacun un revolver sur leurs genoux. Notre amie, bien sûr, ne le savait pas.

En plus, le voisin du chauffeur serrait nerveusement une enveloppe entre ses mains. Une enveloppe brune, assez large et pas fermée.

-Bon, on décide quoi, chef? Il faut qu'on se débarrasse de ces documents au plus vite.

-Oui, nous devons trouver une solution rapidement, affirma l'homme assis derrière. La ville est cernée de policiers. On nous recherche partout. Nous ne pourrons même pas sortir du quartier sans être fouillés et nous faire pincer. Tout est bouclé.

Après un moment de silence il continua:

-Tôt ou tard, ils vont nous retrouver. Nous ne pouvons pas continuer à rouler à la bonne aventure dans les rues.

-Oui, mais que faire de cette enveloppe? dit en insistant celui qui tenait le volant.


Son voisin de droite regardait le trottoir et les maisons avec attention. Tout à coup, il s'exclama:

-Ralentis! et gare-toi là à droite. Je crois que j'ai une bonne idée. Tu vois la fillette qui marche vers nous, avec sa queue de cheval et son cartable au dos? Arrête-toi à son niveau. Cachons les armes.

La voiture gris métallisé que Béatrice venait de repérer stoppa à sa hauteur. Une fenêtre s'ouvrit.

-Hé, petite fille! Viens un peu par ici.

Béatrice s'arrêta, mais ne bougea pas. Ses parents l'avertissent souvent qu'on ne parle pas, qu'on ne répond pas, à des personnes inconnues. Mais, intriguée et curieuse, elle se demanda ce qu'ils lui voulaient.

Puis elle fit un pas vers eux. Surtout, surtout, pensa la fillette, ne pas monter dans leur voiture...

-Petite fille! Viens, approche-toi. Tu veux gagner dix euros?

Ce n'est jamais mauvais, pensa Béatrice, de recevoir dix euros. Elle fit un second pas vers la voiture. Elle n'aurait pas dû faire ça...

-Tu vois cette enveloppe?

-Oui, monsieur.

-Tu veux bien aller la déposer dans la boîte aux lettres du numéro 2?

Béatrice calcula rapidement.

-Je n'aurai pas le temps. Je vais être en retard à l'école.

-Ça ne fait rien, concéda l'homme. Mets-la dans ton cartable, et puis, tantôt, à quatre heures, en retournant chez toi, tu la glisseras dans la boîte aux lettres du numéro 2. D'accord?

Il tendit le billet.

-Et voilà, ajouta-t-il. Pour toi.

Notre amie accepta l'enveloppe et l'argent. La fenêtre remonta, la voiture s'éloigna rapidement et tourna au coin de la rue.


François attendait sa copine devant chez lui, sur le trottoir. Ils vont ensemble à l'école. Il courut vers elle. On dit que les filles sont curieuses, mais les garçons, tout autant...

-Que t'arrive-t-il? Qui se trouvait dans la voiture?

-Euh, rien, répondit Béatrice.

Zut, songea la fillette, il a tout vu.

-C'est quoi, l'enveloppe que tu tiens là en main?

-Des gens m'ont demandé de la glisser dans la boîte du numéro 2, ce soir, expliqua Béatrice.

-Et tu as regardé dans l'enveloppe?

-Non, murmura la fillette assez mal à l'aise.

-Elle n'est pas fermée. On jette vite un coup d'œil, insista son copain.

Alors, les deux enfantss, prenant dix secondes sur leur temps, ouvrirent l'enveloppe puisqu'elle n'était pas collée.

À l'intérieur se trouvaient des photos d'avions.

-Génial, s'exclama François. Des photos d'avions de guerre. Je m'y connais, tu sais. Ça ressemble à des prototypes militaires. Béatrice, ajouta le garçon, avec un sérieux et une gravité soudaine, ce que tu tiens en main ce sont des documents volés par des espions.

La fillette enfouit les photos dans son cartable et puis le remit au dos. Tous deux coururent vers l'école, où ils arrivèrent juste à temps.

À présent, notre amie avait peur... très peur. Elle fut heureuse de se fondre parmi ses copains et copines, à la cour de récréation.


Vers la fin de la matinée, juste avant douze heures, la porte de la classe s'ouvrit. Nos amis sont ensemble en deuxième année. Le directeur entra. Tous les enfants se levèrent.

-Béatrice?

-Oui, monsieur?

-Accompagne-moi, s'il te plaît. Tu peux laisser ton cartable en classe.

Elle suivit le directeur, le cœur battant, la gorge serrée.

-Écoute-moi bien. Deux hommes t'attendent dans mon bureau. Des inspecteurs de police. Ils voudraient te poser des questions.

-J'ai fait quelque chose de mal? s'inquiéta notre amie.

-Je ne pense pas, répondit le directeur. Je serai présent car on ne réussit pas à joindre tes parents. Je resterai à tes côtés pendant qu'ils te questionneront.

 

Les deux inspecteurs regardèrent la petite fille entrer dans le bureau.

-Bonjour, comment t'appelles-tu?

-Béatrice.

-Dis-moi, ce matin, en sortant de chez toi, sur le chemin de l'école, as-tu rencontré quelqu'un?

La fillette hésita un instant. Elle pensait aux hommes de la voiture et à la lettre. Au billet de dix euros dans sa poche. Elle n'avait pas envie d'en parler. Mais Béatrice est sincère, franche et courageuse. Elle dit toujours la vérité. Le mensonge ne concerne que les lâches.

-Oui, monsieur. Une auto s'est arrêtée à mon niveau le long du trottoir.

-Et on t'a parlé?

-Oui, affirma notre amie en baissant les yeux. Je leur ai répondu.

-Et on peut s'adresser ainsi à des inconnus?

-Non. Mes parents m'ont déjà souvent avertie, mais je croyais simplement que ces gens cherchaient leur chemin dans le quartier et que je pourrais le leur indiquer.

-Bien. Et que t'ont-ils demandé? poursuivit l'inspecteur.

- Ils m'ont proposé de porter une lettre au numéro 2 de ma rue, mais j'ai expliqué que je n'avais pas le temps avant l'école.

-Et ensuite?

-Ils m'ont dit de mettre l'enveloppe dans mon cartable et de la glisser dans la boîte aux lettres à quatre heures.

-Et tu as reçu quelque chose pour cela?

Elle avoua, honteuse, qu'elle avait accepté un billet de dix euros.

-Et où se trouve cette enveloppe?

-En classe, monsieur.

-Tu en as parlé à quelqu'un?

-À mon copain François, on a regardé les photos ensemble...

-Maintenant, enchaîna l'autre inspecteur, nous aimerions que tu nous décrives la voiture.

Elle se reppela sa couleur gris métallisé. Elle ne connaissait pas le numéro de la plaque d'immatriculation. Elle ne savait pas la marque de la voiture non plus. 

-Une grosse américaine, ajouta-t-elle.

Puis, les policiers lui demandèrent de décrire les trois hommes qui se trouvaient dans le véhicule. Comme elle hésitait, ils ouvrirent un livre dans lequel se trouvaient un grand nombre de photos.

-Regarde ces clichés, et dis-nous si tu vois un des hommes avec lesquels tu as parlé ce matin.

Béatrice regarda les photos attentivement. Après avoir tourné bien des pages, tout à coup, elle s'exclama:

-Celui-là! Il m'a donné l'enveloppe. J'en suis certaine.

-Tu ne vois pas les autres?

Elle tourna la page.

-Et celui-ci, je crois bien qu'il se trouvait au volant.

-Deux ou trois hommes occupaient cette voiture? demandèrent les inspecteurs.

-Trois, mais celui à l'arrière, je ne l'ai vraiment qu'aperçu, expliqua la fillette. L'intérieur de l'auto était sombre.

Les deux inspecteurs se regardèrent. Ils posèrent encore de nombreuses questions. Parfois, Béatrice savait répondre.

L'interrogatoire dura plus d'une heure. 


-À présent, dirent les policiers, nous allons t'accompagner dans ta classe et tu vas nous remettre l'enveloppe.

Quand notre amie aperçut le local que le directeur venait d'ouvrir, elle s'effraya. Il y régnait un désordre épouvantable. Tous les cartables des enfants avaient été renversés. Le sol était jonché de cahiers, d'images, de fardes, de livres, de crayons, de bics, de gommes. Les armoires avaient été ouvertes et leur contenu jeté sur le sol, pêle-mêle.

Les deux inspecteurs prirent des photos et appelèrent des renforts d'urgence. La classe venait d'être fouillée et les visiteurs se trouvaient peut-être encore dans les parages. Des gens armés, très dangereux.

Puis, ils demandèrent à Béatrice d'aller jusqu'à son banc et à son cartable, pour chercher l'enveloppe brune.

Elle regarda dans sa mallette, dans son banc et par terre, mais elle ne vit pas les fameux documents.

Les inspecteurs lui donnèrent leur carte de visite et lui dirent que, si elle se rappelait quelque chose, elle devait d'urgence leur téléphoner. Puis, ils s'en allèrent.


Pendant ce temps-là, les enfants remontaient de la grande récréation de midi. Ils allaient entrer en classe.

Le professeur leur parla et les rassura sans donner trop d'explications. Tous commencèrent à mettre de l'ordre. Chacun fit de son mieux, se passant crayons, plumiers et fardes qui jonchaient le sol.

Tout cela pour un billet de dix euros que notre amie avait accepté...

Puis l'institutrice entama son cours de géographie. Béatrice, assise à côté de François, lui chuchota :

-J'ai faim.

Elle avait été interrogée par les policiers dès avant douze heures, jusque maintenant. Elle n'avait pas mangé à midi.

-Tu veux un bonbon, proposa le garçon.

-Oui, merci.

Un peu plus tard, le professeur enchaîna avec la leçon d'observation. Les enfants prirent donc leurs grandes fardes dans leurs cartables. Et, ouvrant la sienne, Béatrice vit que l'image de trois chatons qui décore la sienne n'adhérait plus au carton, créant un espace béant décollé.

Elle aperçut l'enveloppe brune dans cette fente. Elle était demeurée accrochée à cet endroit. Voilà pourquoi les voleurs ou les espions, en fouillant la classe, n'avaient pas découvert ce qu'ils cherchaient.

Pendant un moment, elle pensa lever son doigt, et dire qu'elle devait téléphoner aux inspecteurs. Mais elle en avait un peu peur.

Elle décida qu'elle leur parlerait seulement de retour à la maison, en présence de papa et maman. Et le cours continua. Elle tâcha de se concentrer de son mieux malgré sa faim et ses craintes.


La dernière heure de la journée d'école était consacrée au sport. Les enfants se déshabillèrent en classe, mirent leurs shorts, leurs t-shirts, leurs chaussures de gymnastique, et le professeur vint les chercher.

-Comme il fait très beau, dit-il, on va courir. Un petit jogging. En avant.

Les enfants galopèrent le long du trottoir vers le parc, situé à huit cents mètres de là.

Pendant qu'ils allaient le long de l'avenue, ils ne remarquèrent pas qu'une grosse voiture américaine gris métallisé les suivait lentement. Les occupants observaient les élèves avec attention.

-Elle doit être parmi eux, dit le chauffeur, mais laquelle?


À l'entrée du parc se trouve une petite prairie bordée par un vieux mur de briques. Le professeur dispersa les enfants en rond et commença ses instructions pour la gymnastique. La voiture grise s'arrêta à cinquante mètres.

-La fille que nous cherchons a des cheveux longs, rappela le chef assis à l'arrière.

-Elles portent presque toutes des cheveux longs, grogna celui qui tenait une mitraillette sur les genoux.

Le conducteur et celui assis à sa droite sortirent du véhicule, arme au poing. Ils s'approchèrent des enfants et crièrent:

-Tous couchés sur le sol à plat ventre! Le professeur aussi. Ou sinon, on tire.

Les enfants, affolés, certains pleuraient, se couchèrent tous à plat ventre, le professeur au milieu d'eux. Les deux hommes s'avancèrent lentement.

-Toutes les filles à longs cheveux, là-bas, debout près du mur, le visage tourné vers les briques.

Béatrice et six ou sept de ses copines se dirigèrent vers le mur couvert de lierre à certains endroits.

Notre amie comprit qu'on la recherchait. Elle ne voulut pas qu'on fasse du mal aux autres. Alors, courageuse, elle se tourna et annonça d'une voix tremblante:

-C'est moi que vous cherchez.

-Bon! Les autres filles, couchées par terre, cria l'homme à la mitraillette.

-Où caches-tu l'enveloppe brune? tonna l'espion qui la lui avait remise au matin.

-En classe, dans mon cartable.

-Je te donne cinq minutes pour courir jusque-là, une minute pour récupérer l'enveloppe et cinq autres pour revenir. Ça fait onze en tout. 

Notre amie tremblait. Son cœur battait à toute vitesse. Elle transpirait de peur.

Et tout cela pour ce billet de dix euros accepté ce matin, songeait-elle.

-Et surtout, ne ramène ni professeur, ni directeur, ni gendarme, ni personne avec toi.

Elle courut plus vite que jamais. Elle arriva en classe. Elle prit l'enveloppe. Elle chercha aussi à la hâte son petit canif, cadeau de sa grand-mère, et la carte de visite de l'inspecteur de police. Elle les glissa dans la poche arrière de son short de gym. Elle courut encore au retour et arriva à temps.


Les hommes lui arrachèrent l'enveloppe des mains et l'entrouvrirent. Ils aperçurent les photos et refermèrent le pli.

-Bien. Tu as regardé le contenu avec un garçon. Lequel?

Béatrice fut courageuse. Elle ne voulait pas parler de François. Elle ne voulait pas qu'on lui fît du mal. Elle ne répondit pas. Elle baissa la tête vers le sol et resta muette.

-Tu vas répondre? cria l'homme à la mitraillette.

Béatrice ne bougea pas. Alors, le chauffeur s'approcha, revolver en main, et la gifla.

-Aïe! cria Béatrice.

Elle sentit ses larmes couler le long de ses joues.

-Alors, tu vas parler, oui?


François, voyant qu'on frappait son amie, se montra courageux à son tour et se leva.

-C'est moi, dit-il.

-Tous les deux, dans le coffre de la voiture. Dépêchez-vous.

Les deux enfants s'avancèrent vers l'auto, ouvrirent le coffre arrière et l'enjambèrent. Il était vide. Ils se couchèrent l'un contre l'autre. Le chauffeur referma le coffre sur eux. Il se mit au volant et la voiture démarra en trombe.

Béatrice pleurait. Tout cela pour un billet de dix euros!

Mais elle savait que ça ne servait à rien de se lamenter. Le garçon aussi tremblait de peur. Mais ça lui donnait du courage de sentir son amie près de lui. II regarda sa montre phosphorescente. La voiture roula pendant près d'une heure.


Enfin, on s'arrêta. Ils sortirent du coffre, au milieu d'un bois. Il pleuvait. Ils durent marcher dans la boue vers une maison dans laquelle les bandits les firent entrer. On leur enjoignit de descendre un petit escalier sombre qui menait vers les caves.

Là, le chef ouvrit une porte en fer munie de deux verrous. On les poussa rudement. Ils tombèrent sur le sol. Les bandits claquèrent la porte derrière eux et glissèrent les verrous.

François se leva. Béatrice aussi. Ils avaient froid tous les deux, en tenue de gymnastique et mouillés par la pluie.

Ils se trouvaient dans une cave humide, aux murs moisis. Une petite ouverture, pas très large, située près du plafond, donnait à l'extérieur. Une sorte de soupirail, fermé par un grillage.

Béatrice avait très faim. Elle n'avait toujours rien mangé.

Ils se précipitèrent vers la porte et tentèrent de la pousser, de la glisser, de la tirer, mais elle ne bougeait même pas.

Les murs et le sol ne comportaient aucune trappe, aucune sortie. Ils se tournèrent vers la petite ouverture fermée par une grille, fixée par quatre vis.

Souviens-toi. Notre amie, en courant à toute vitesse chercher l'enveloppe en classe, avait eu la présence d'esprit d'aller dans la poche de son jean et d'y prendre un petit canif ainsi que la carte de visite de l'inspecteur. 

Les deux enfants, courageusement, décidèrent de dévisser le soupirail. Béatrice monta sur les épaules de son copain, qui lui fit la courte échelle, et elle attaqua la première des quatre vis.

Quand François fut trop fatigué pour la porter, elle lui fit la courte échelle à son tour et le garçon continua le travail.

Ça leur prit certainement cinq minutes par vis. Elles étaient rouillées et le canif fort petit. Mais au bout d'une bonne demi-heure, la grille céda. Ils pouvaient sortir vers le jardin.


François se hissa le premier, s'accrochant au mur, tirant sur ses bras de toutes ses forces et poussé par son amie. Il se glissa à l'extérieur. Il pleuvait toujours. 

Puis, sans hésiter, il se tourna et se coucha à plat ventre dans la boue. Il passa la tête par le soupirail et tendit ses deux bras. Alors, tirant de toutes ses forces ceux de son amie qui s'aidait avec les pieds le long des aspérités du mur, il parvint à la faire sortir dehors.

-Courons n'importe où, chuchota Béatrice. Fuyons vite aussi loin que possible. Ils ne nous ont peut-être pas vus.

Ils se sauvèrent sous les arbres. Trempés de pluie, ils grelottaient de froid. Ils pataugeaient dans la boue et parfois y glissaient. Mais, après avoir marché et traversé le bois et même un ruisseau glacé, ils aperçurent des lumières.

Quelques villas isolées, entourées de haies et de jardins. Un petit chemin en terre y conduisait.

Ils s'arrêtèrent à la première et sonnèrent à la porte. Une dame âgée leur ouvrit.

-Que voulez-vous, les enfants? Que faites-vous là? dit-elle.

-Madame, s'il vous plaît, nous fuyons des bandits qui nous ont kidnappés, et...

La dame les interrompit.

-On parle de vous à la télévision. Entrez vite!

Elle referma la porte derrière eux, baissa ses volets, diminua les lumières et téléphona à la police, annonçant que les enfants recherchés venaient d'arriver chez elle.

En attendant l'arrivée des renforts et des parents, la bonne hôtesse leur offrit à manger. Béatrice affamée, et son copain, se jettèrent sur le potage et les tartines qu'on leur offrait. Ils se séchèrent près de la cheminée où un feu brûlait. 

La gentille vieille dame ne possédait aucun vêtement d'enfant. Ils restèrent sales, boueux de la tête aux pieds, mais heureux de la bienveillante sécurité retrouvée.

Une heure plus tard, les policiers arrivèrent avec les parents qui purent enfin serrer leurs enfants dans leurs bras.

Les gendarmes demandèrent à nos amis de les conduire à la maison de leurs ravisseurs.


Alors, tous deux très courageux, ressortirent sous la pluie, et, repassant dans la forêt, ils amenèrent les policiers jusqu'au bâtiment d'où ils venaient de s'enfuir.

Le commissaire appela du renfort. Tous encerclèrent la maison et la prirent d'assaut. Les trois espions se retrouvèrent menottés.

Passant devant les deux enfants, ils les observèrent, étonnés. À sept ans, se montrer si malins, si débrouillards et si courageux! 

Nos amis furent félicités, l'un comme l'autre, pour leur audace et leur esprit d'initiative.

On ne reparla plus du billet de dix euros... mais jamais plus Béatrice ni François n'acceptèrent quoi que ce soit de quelqu'un qu'ils ne connaissaient pas.


Toi aussi, sois prudent avant de parler avec des gens que tu n'as jamais vus dans la rue. Et ne monte jamais dans une voiture avec des inconnus.