Isabelle
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Le voyage dessiné

     Isabelle revenait toute seule de l'école. Elle a deux fois quatre cents mètres à faire et pas de rue à traverser.

Le vent soufflait en rafales. Il soulevait la poussière et les tresses blondes de la fillette.

Tout à coup, elle aperçut une feuille de papier jaune qui volait comme un papillon. Elle réussit à l'attraper. Elle ne vit rien d'écrit, rien de dessiné dessus. Elle l'emporta à la maison.

-Regarde, maman! J'ai trouvé une belle feuille jaune dans le vent. Je vais y faire un dessin.

-Oui, et après cela, tu viendras prendre ton goûter.

Notre amie monta à sa chambre. Elle posa la feuille sur la table et ouvrit son étui à crayons et marqueurs. Elle dessina tous les enfants de sa classe sur la page jaune. Elle les imaginait jouant au bord de la mer, sous le soleil, sur une plage. Elle crayonna même un palmier. Tous semblaient heureux.

Puis, elle descendit goûter.


Isabelle songea tout à coup, en mangeant sa tartine à la confiture aux cerises, qu'elle avait oublié de dessiner madame l'institutrice sur le bord de mer.

Elle remonta à sa chambre, mais la feuille jaune avait disparu. Elle vit à sa place une page couleur beige, immaculée.

La fillette regarda sous son lit, sous l'armoire, partout.

-Benjamin, dit-elle, où as-tu mis mon dessin ?

Le grand frère de sept ans et demi répondit qu'il n'avait touché à rien.

-Et laisse-moi tranquille. Je fais mon devoir de calcul.

Tant pis, songea Isabelle. Elle reprit ses crayons et coloria des poissons, du sable et des coquillages sur la feuille beige. Puis elle ajouta ses copines et copains de classe, sans oublier la maîtresse cette fois. On pouvait voir, sur le dessin, tous ses amis occupés à manger des poissons que l'institutrice leur distribuait. Notre amie se souvint que son amie Alice n'aime pas le poisson. Elle lui dessina un gros crabe.

Puis, satisfaite, elle descendit jouer au jardin.


Deux heures plus tard, un peu avant le repas du soir, Isabelle se demanda si la feuille beige se trouvait encore sur sa table ou si elle avait disparu comme la première.

Elle monta à sa chambre et regarda. La page était devenue blanche comme de la neige.

C'était peut-être du papier magique ? 

Elle reprit ses crayons et dessina, puisque c'était tout blanc, des montagnes avec de la neige et des enfants qui jouent avec leur institutrice. Elle coloria encore une fois tous les amis d'école. Puis elle ajouta un bonhomme de neige, des luges, et même des gens à ski.

Ensuite, elle redescendit au jardin.


Un peu plus tard, de gros nuages arrivèrent et il se mit à pleuvoir. Elle rentra vite dans la maison et croisa son père.

-Viens ma chérie, tu vas m'aider à préparer la table pour le repas. Puis tu iras te laver les mains et appeller tes grands frères et maman.

Isabelle remonta dans sa chambre. La feuille avait de nouveau changé de couleur. Elle n'était plus blanche, mais verte et son dessin avait disparu comme les précédents.

-Mais enfin, s'énerva la fillette, cela change tout le temps!

Elle reprit ses crayons et dessina une forêt bien sombre. Des nuages défilaient au-dessus des arbres. Des éclairs zébraient le ciel et la pluie tombait à verse. Elle s'inspirait en regardant le temps épouvantable qui se déchaînait au-dehors.

Elle se dessina elle-même, avec son copain Jay. Ils se donnaient la main, car ils avaient peur sous la tornade.

Puis, elle se lava les mains et descendit avec ses grands frères, retrouver papa et maman.


Après le repas du soir, Isabelle doit aller prendre sa douche puis se coucher. Elle entra dans sa chambre pour chercher sa robe de nuit. Son dessin était de nouveau parti. Elle vit à sa place une page bleu foncé.

-Ils disparaissent tout le temps, dit-elle. Ce n'est pas très amusant cette feuille magique.

Pourtant, elle griffonna une affreuse maison verte et pourrie dans la nuit et ajouta une horrible sorcière, assise à la fenêtre. Elle se dessina encore elle-même en compagnie de Jay. Elle soigna particulièrement la vieille femme. Des araignées descendaient de ses cheveux hirsutes. Elle lui fit un nez de travers et deux longues dents noires. Elle était très vilaine.

Puis, notre amie alla prendre sa douche. Elle se lava les dents avec soin. Après s'être regardée une dernière fois dans le miroir de la salle de bains, elle retourna dans sa chambre et enfila sa robe de nuit blanche à petites fleurs bleues.

La feuille mystérieuse était devenue rouge. Et plus aucun dessin dessus.

-Mais zut ! s'écria notre amie.


Elle s'assit à sa table et fit le croquis d'une grotte où elle installa un dragon vert. Elle coloria soigneusement les écailles, les yeux, les pattes et puis, ajouta son copain et elle-même. Ils semblaient terrorisés en présence du monstrueux animal.

Puis, elle alla se coucher.

Elle prit son lapin en peluche dans les bras mais ne s'endormit pas tout de suite. Elle pensait à tous les dessins qu'elle avait faits : la plage, le repas de poisson, la neige, l'orage dans la forêt, la maison de la sorcière, la grotte du dragon.


Une demi-heure plus tard, la porte de la chambre s'ouvrit. Benjamin venait se coucher. Il a presque sept ans et demi, deux de plus que sa petite sœur. Il peut aller dormir un peu plus tard, car il est plus grand. Le garçon a choisi le haut du lit superposé, Isabelle est en dessous.

-Tu ne dors pas encore ?

-Non, dit la fillette.

-C'est quoi la feuille bleue ?

-Quelle feuille bleue ?

-Celle qui se trouve sur la table.

Isabelle se redressa. La page était toute bleue maintenant. Bleue comme le ciel.

-C'est pas drôle! Je fais plein de dessins et ils disparaissent tous. On dirait qu'ils s'effacent dès que je ne les ai plus sous les yeux. Puis la feuille en profite pour changer de couleur.

Elle s'assit une dernière fois à la table et crayonna un avion et deux parachutes qui descendaient dans le bleu du ciel. Un pour elle et un pour son copain Jay.

Puis elle se recoucha et s'endormit.

                                            
Isabelle s'éveilla au milieu de la nuit. Elle entendait un drôle de bruit. Le froissement d'une feuille de papier qui flotte au vent. Cela ne venait pas de dehors.

Sa feuille magique planait près du plafond à présent. Or, la fenêtre était fermée. Il n'y avait pas de vent dans la chambre. La page lumineuse comme une lampe blanche allumée virevoltait comme un papillon.

Notre amie se leva. Elle réussit à l'attraper au vol. Au moment où elle la toucha, le rayonnement de la feuille passa en elle par sa main, son bras, puis dans tout son corps jusqu'à ses pieds.

Elle ressentit un vertige et ferma les yeux un instant.


Quand elle les rouvrit, elle se vit sur une plage au bord de la mer, sous un beau ciel bleu, avec tous les enfants de la classe. Elle venait d'être projetée dans son premier dessin.

Elle jouait au soleil. Il faisait très chaud. Ses copains et ses copines s'amusaient sur le sable ou dans l'eau, tous en maillot de bain comme elle. Certains se lançaient un ballon. D'autres ramassaient des coquillages, d'autres encore se roulaient dans les vagues.

-Ça alors! dit notre amie en souriant. C'est merveilleux!

La matinée passa. Ils couraient, s'éclaboussaient, se poursuivaient. Tous riaient de bonheur.

Vers midi, les enfants s'approchèrent de notre amie.

-Isabelle, on a faim. Pourquoi tu n'as pas dessiné madame et l'école pour qu'on aille manger au réfectoire ?

La fillette, un peu ennuyée, se souvint qu'elle avait oublié de dessiner l'institutrice. Et quand elle était remontée dans sa chambre, la page jaune avait disparu.

-On n'a rien à manger. Tu aurais pu au moins crayonner nos boîtes de pique-nique.

-Ce n'est pas ma faute, répondit-elle. Je ne savais pas qu'on se retrouverait dans le dessin !

La feuille de couleur beige passa au-dessus d'elle.


-Venez, cria l'institutrice.

Aussitôt, ils aperçurent les poissons que leur maîtresse leur préparait sous les palmiers. Tous venaient de passer dans la deuxième image.

Les enfants se précipitèrent.

-Moi, je n'aime pas le poisson, maugréa Alice.

-Je te prépare un crabe. Tiens, prends-le, dit madame.

-Il me fait mal avec ses pinces.

-Tiens-le autrement...

Quelques autres amis n'étaient pas contents non plus!

-Pourquoi as-tu dessiné seulement des poissons, Isabelle ? Tu aurais pu ajouter de la soupe et puis un dessert.

-Je vous l'ai dit. Je ne savais pas qu'on se retrouverait dans le dessin.

La feuille magique repassa près d'Isabelle. Blanche à présent. Elle toucha une des tresses de la fillette.


Tous passèrent aussitôt dans la neige. Il faisait très froid. Certains terminaient un bonhomme. Des enfants se lançaient des boules de neige. Isabelle n'avait pas dessiné d'habits chauds. Mais ils jouaient quand même.

Mais notre amie ne s'amusait plus. Elle était inquiète en pensant aux autres dessins: la forêt sombre, la sorcière, le dragon, des parachutes.

-J'aurais dû colorier ma maison, avec papa et maman, dit-elle tout haut.

Mais non, elle avait dessiné des choses terribles, parce qu'elle était en colère et qu'elle ne savait pas qu'elle vivrait les aventures projetées dans ce qu'elle avait créé sur la page magique.

La feuille passa encore. Elle avait pris la couleur verte à présent.


Isabelle se retrouva au milieu d'une grande forêt. C'était le soir. Des éclairs illuminaient les nuages bas. On entendait gronder le tonnerre. Il pleuvait à torrent. Jay était à ses côtés.

Ils n'avaient même pas de veste. Notre amie portait une vieille salopette en jean bien sale qu'elle avait crayonnée. Ils grelottaient tout mouillés sous la pluie. Leurs baskets s'enfonçaient dans la boue.

Jay s'approcha d'Isabelle.

-On est perdus dans ta forêt. Tu n'as même pas dessiné un chemin ou un sentier. On ne sait pas par où retourner à la maison. J'ai froid.

-Moi aussi, j'ai très froid, dit la petite fille en passant ses mains sur son t-shirt trempé. Et j'ai peur.

Se tenant serrés l'un contre l'autre, ils marchaient dans les ronces et les orties, pataugeant dans la boue.

-J'ai vraiment peur, répéta Isabelle.

-Pourquoi ? demanda Jay. On finira bien par retrouver notre maison...

-Parce qu'après cette page-ci, j'ai dessiné une sorcière. Je ne veux pas la voir.

-Regarde, indiqua Jay. Là, plus loin, on dirait une petite lumière. On est sauvés.

Les deux enfants ne remarquèrent pas que la feuille bleu foncé venait de passer au-dessus d'eux en les frôlant.


Ils s'approchèrent de la maison, un vilain chalet aux murs envahis de mousse verte et de branches mortes, desséchées, de lierre.

Une fenêtre s'ouvrit, et une horrible sorcière apparut. Ses cheveux étaient couverts de toiles d'araignée et une d'entre elles pendait au bout de son nez. Elle avait des doigts crochus. Sa lèvre inférieure bavait sur sa poitrine. Elle avait un œil rouge et l'autre vert ainsi que deux dents noires.

-Oh !... Des petits enfants perdus dans la forêt. Venez chez moi. Entrez.

Sa voix ressemblait au grincement d'un gros camion qui freine sur la route.

-On n'y va pas, chuchota Isabelle.

-Mais j'ai froid, insista Jay.

-Non, dit son amie.

-Viens, persévéra son copain. Elle va peut-être nous donner à manger, et surtout on sera à l'abri de la pluie.

Il prit la fillette par la main pour la rassurer.

Ils entrèrent dans la maison de l'horrible créature.

-Asseyez-vous à la table.

Il faisait sale. Les pieds enfonçaient dans la crasse.

Les sorcières ne nettoient jamais leur maison et en plus, elles ont la mauvaise habitude de jeter sur le sol les restes de leurs repas. Arêtes de poissons, os de poulets, morceaux de gras, crèmes suries, tout cela pourrissait par terre, et répandait une odeur nauséabonde.

La table était collante et sale.

-Je vais vous donner un peu de lait.

Ah, pensa Isabelle. Elle est moins méchante que je le croyais.

La sorcière apporta deux verres. Ils étaient tellement sales qu'on ne voyait même pas au travers. Et au fond de chacun d'eux, remuait un ver de terre.

Elle y versa un peu de lait. Il était gris, car il contenait des mouches mortes. Elle versa le lait sur le ver de terre. Notre amie refusa de boire cela. Le garçon également.

Pourtant, ils avaient faim tous deux.

Jay tenta de retirer une mouche à la surface de son lait mais une autre arriva. Inutile de continuer.

-Oh ! s'écria la sorcière. Vous êtes des enfants difficiles. On vous gâte. Vous buvez du lait tout blanc d'habitude. Vous voulez peut-être une tartine à la place ?

-Je veux bien, madame, accepta poliment Isabelle.

L'horrible créature sortit deux tranches de pain d'une boîte rouillée. Elles avaient la couleur vert-mauve du moisi. Elle les posa sur la table sale.

-Je vais vous mettre un peu de confiture dessus, ça fera passer le goût du pourri.

Elle prit un crapaud dans un pot noir. Elle le serra très fort et de la bave coula sur les deux tartines.

-Non, s'écria Isabelle, moi je ne veux pas manger ça.

-Moi, non plus, enchaîna Jay.

-Vous êtes vraiment des enfants très délicats. Allez-vous-en ! Dehors !

Elle les chassa de la maison. Ils se retrouvèrent sous la pluie et l'orage. Les pieds enfoncés dans la boue, ils se demandèrent ce qu'ils allaient devenir, et surtout, où aller. L'orage continuait.

Notre amie ne vit pas flotter au-dessus de sa tête la feuille devenue rouge.


Tout à coup, ils aperçurent l'entrée d'une caverne au milieu des arbres.

- Allons nous abriter là-dedans, proposa Jay.

Il faisait tout noir à l'intérieur. D'abord, ils ne virent rien, mais peu à peu, leurs yeux s'habituèrent à l'obscurité. Ils distinguèrent des rochers verts aux formes étranges et menaçantes. Ils s'assirent tous les deux sur une grande pierre plate.

Soudain, le rocher sur lequel ils se trouvaient bougea. Nos amis tombèrent en arrière dans une flaque de boue.

Un énorme dragon aux pattes vertes et au corps rouge se dressa. La pierre plate, sur laquelle ils s'étaient reposés un instant, était une des pattes vertes du dragon. Il les observa en clignant des yeux.

-Que faites-vous chez moi, assis sur ma patte ?

-Excusez-nous, dit Isabelle d'un ton suppliant. On ne savait pas qu'un dragon dormait ici.

-Tu le savais pourtant bien.

-Mais non, insista la fillette.

-Si, tu le savais, tonna la bête. Tu m'as dessiné sur la page rouge. Je suis le dragon que tu as griffonné sur ta feuille. Je t'attendais. Je savais que tu viendrais.

-Pardon, dit notre amie en tremblant. Je ne ferai plus jamais des dessins avec des dragons ou des sorcières. S'il te plaît, laisse-nous partir.

-Vous voulez déjà sortir! hurla le dragon.

-Oui, murmura Jay, collé contre son amie.

-Je vais vous laisser aller, si vous êtes des enfants astucieux. Je vais vous poser trois questions. Mais si vous vous trompez, je vous dévore.

-Pas trop difficiles! implora Isabelle. J'ai seulement cinq ans et demi.

-Et moi, juste six, précisa le garçon.

-Tant pis, grogna le dragon. Première question. Dans l'histoire de Blanche Neige, comment s'appelle le nain qui n'a pas de barbe ?

-Simplet, s'écria Jay.

-Oui, accepta l'animal, très bien. Deuxième question. Peux-tu nommer trois feuilles qui piquent ?

Tu le sais? toi qui écoutes ou lis cette histoire. 

-L'ortie, le houx, le chardon, fit Isabelle en souriant. Il y en a dans un coin de mon jardin.

-Heureusement que tu es là, chuchota Jay. Je n'y aurais pas pensé.

-C'est bon, toléra le dragon. Troisième question. Écoutez bien. Je suis blanc, mais si on me garde en main, je deviens transparent.

-La neige! cria la fillette après un instant d'hésitation.

-Bravo, admira le dragon. Vous pouvez sortir.

En s'encourant avec son ami, Isabelle fut touchée par la feuille devenue bleue.


Ils furent bien surpris de se retrouver assis soudain dans un avion qui volait dans le ciel bleu. Une dame en uniforme d'hôtesse s'approcha. Elle ne fit heureusement pas attention à leurs vêtements sales.

-Bonjour les enfants. Voulez-vous quelque chose à manger ?

-Oui, j'ai très faim, dit Jay tout content.

-Moi, aussi, ajouta Isabelle, je suis affamée.

-Je vais vous apporter un plateau-repas.

Elle posa devant chacun d'eux un délicieux dîner qu'ils dévorèrent avec grand appétit.

Comme  ils finissaient le repas, le pilote de l'avion vint vers eux. Il leur serra la main.

Jay dit à l'oreille de son amie qu'il trouvait bizarre qu'il ne soit plus aux commandes de son appareil.

-L'avion est en panne. On va s'écraser. Il faut sauter en parachute, dit le pilote.

-Je n'oserai jamais, s'alarma Isabelle.

-Moi non plus, ajouta son copain, effrayé à l'avance.

-Si vous ne vouliez pas sauter en parachute, il ne fallait pas en dessiner sur la page bleue.

-Oh mon Dieu. J'ai vraiment peur, s'écria Jay.

-Moi aussi, fit Isabelle, les yeux pleins de larmes.

On leur fixa pourtant un parachute sur le dos. Le pilote ouvrit la porte de l'avion et les poussa tous les deux dehors.

Ils descendirent d'abord à toute vitesse. C'était terrifiant. Les deux enfants hurlaient, pleuraient, criaient, épouvantés.

Puis, les parachutes s'ouvrirent. Ils survolèrent lentement des forêts, puis leur village. Ils reconnurent l'église, l'école, leurs maisons. Le ciel était tout bleu.

Les deux amis atterrirent dans le jardin d'Isabelle. Ils détachèrent les bretelles qui les retenaient à leur parachute et se précipitèrent à la maison.


-Papa, maman, Bertrand, Benoît, Benjamin ! Venez voir, je suis descendue en parachute.

-Pas possible, lança Benoît, le grand frère de treize ans. Tu dis n'importe quoi, Isabelle.

-Mais si, viens voir. Il est dehors. Dans le jardin.

Ils se précipitèrent pour découvrir le prodige. Mais il n'y avait plus de parachute dans l'herbe ou accroché à la haie.

Ils virent seulement une feuille jaune qui flottait dans le vent. Avec aucun dessin dessus.

La brise l'emmena au loin. Ils la suivirent longtemps des yeux. Ils ne l'ont jamais revue. Isabelle ne sait pas ce qu'elle est devenue.


Peut-être que la page magique va atterrir chez toi. Peut-être qu'elle est déjà posée sur ta table, dans ta chambre. Peut-être qu'un jour, à ton tour, tu dessineras sur cette feuille, une nouvelle aventure.

Sois prudent! Le voyage que tu crayonneras pourrait bien t'emmener dans de terribles exploits. Prends garde à ce que tu mettras sur le papier. Quels monstres ou quelles merveilles aimerais-tu rencontrer ou découvrir?