John et Gun
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La citée oubliée de Thaor-Liq

     Les deux savants que nous connaissons bien, John.F.Goldberg, professeur de chimie au M.I.T. à Boston (USA) et Gun.S.Broken, professeur de physique à l'université de Louvain-la-Neuve en Belgique, étaient invités d'honneur au congrès de Lima, capitale du Pérou.

Leurs travaux sur la relation entre la théorie des quantas et la flexibilité de la lumière en fonction de la courbure du temps les rendirent célèbres. Ils sont aussi les inventeurs de ce petit appareil que l'on peut tenir en main comme un téléphone portable et qui permet de se déplacer dans le temps.


Leur ami le professeur Ramon Martinez, président du congrès, les invita chez lui le dernier soir. Au cours d'un dîner très convivial, il leur parla d'un homme étrange, nommé Ourlen le Sage, rencontré lors d'une expédition près des ruines célèbres de Machu Picchu.

-Il vit dans un village reculé de la haute Cordillère des Andes, précisa le savant. Il possède un livre mystérieux, qu'il a bien voulu me montrer, et qui aurait été écrit il y a près de 50.000 ans !

-À cette époque de la préhistoire, fit remarquer John, les hommes s'habillaient de peaux de bêtes et vivaient dans des cavernes. L'écriture était inconnue.

-Tout à fait d'accord, reprit Ramon. Et voici pourquoi je vous en parle. Il semble qu'un missionnaire espagnol, venu là-haut il y a cent cinquante ans, passa un hiver entier en compagnie de l'arrière-grand-père d'Ourlen le Sage, pour étudier le livre. Il en fit la traduction et l'emporta avec lui, on ne sait où. Mais vous mes amis, avec votre appareil à voyager dans le temps, vous pourriez aller à la rencontre de cet homme d'église et lui parler. J'entrevois une découverte sensationnelle.


Une piste raide quitte les ruines imposantes du temple du soleil à Machu Picchu, une route en terre empruntée seulement par les habitants des villages isolés de la haute montagne. Une piste suivie aussi, parfois, par quelques marchands ambulants et leurs lamas chargés de marchandises.

John, Gun et leur ami Ramon roulèrent sur cette route cahotante à bord d'un véhicule tout-terrain, loué pour l'occasion.

Le chemin, souvent à peine tracé et semé d'embûches nécessitait une attention de tous les instants. On avançait au pas. Mais le somptueux décor de montagnes aux cimes enneigées faisait oublier l'état de cette route.

Ils arrivèrent en vue d'un pauvre village. Quelques maisons en forme de cube longeaient la piste çà et là. Un troupeau de chèvres encombrait la ruelle. Un groupe d'enfants déguenillés, pieds nus, s'approcha en courant.

Le professeur Martinez arrêta son véhicule et distribua un grand sac de bonbons emporté en pensant à eux. Tous l'accueillirent avec des cris de joie.

Puis il conduisit ses amis à la maison d'Ourlen le Sage. Il frappa à la porte et attendit.


Un vieil homme ouvrit.

-Entrez professeur, dit-il. Voici donc vos précieux amis ? Soyez les bienvenus dans mon humble demeure, messieurs.

John et Gun s'assirent près d'une table basse et Ourlen le Sage leur servit du thé et des gâteaux au miel.

Nos deux savants observaient discrètement l'étrange personnage qui les recevait. Il portait une cicatrice insolite au milieu du front, une cicatrice verticale, d'environ trois centimètres, et qui cachait mal un creux dans l'os frontal sous-jacent.

-Vous désirez montrer le livre à vos amis, cher Ramon, reprit Ourlen.

-Oui, si vous nous le permettez.

-Venez, suivez-moi, fit le vieil homme.

Ils descendirent un escalier étroit qui menait vers une cave sombre et nue. Seuls, une table et un tabouret meublaient la pièce.

Un livre imposant reposait sur la table. Il mesurait près d'un mètre de haut, autant de large et avait bien trente centimètres d'épaisseur.

Ourlen le Sage l'ouvrit avec respect.

-Voici le manuscrit des rois de la cité de Thaor-Liq, dit-il. Une cité disparue depuis près de cinquante mille ans. Personne ne comprend les signes écrits sur ces pages. Seul, un missionnaire venu d'Espagne réussit peut-être à déchiffrer ce texte, il y a cent cinquante ans. Mais il repartit avec sa traduction et personne, à ma connaissance, ne sait où elle traîne actuellement.


-À vous, chers amis, à vous de jouer, dit Ramon en souriant. Vous disposez d'un instrument qui permet de voyager dans le temps. Allez à la rencontre de ce missionnaire. Il acceptera peut-être de vous montrer sa traduction, ou de vous dire ce qu'il compte en faire, afin que nous puissions, aujourd'hui, la retrouver.

-Excellente idée, répondit John. Ce livre m'intrigue.

-Oui, renchérit Gun. Ce mystère me fascine, ajouta-t-il en tournant les pages.

 

Les deux amis allumèrent leur appareil et le programmèrent un 15 janvier, 150 ans en arrière. Ils restèrent dans la cave d'Ourlen le Sage, puisque là devait se tenir le religieux.

Le temps d'appuyer sur la touche départ, ils s'arrêtèrent dans une cave identique, à la seule différence qu'elle était éclairée d'une torche dont la flamme faisait trembler la lumière sur les murs, au lieu de l'ampoule d'électricité.

Un homme, vêtu d'une bure de laine brune, assis à la table, leur tournait le dos, penché sur le livre de la cité de Thaor-Liq.

Le moine ne parlait qu'espagnol, langue dont nos deux savants ne possèdent que quelques mots. Le dialogue s'avéra difficile. Déclarer qu'ils arrivaient du futur? Le religieux prendrait nos amis pour des fous. Ils lui firent comprendre qu'ils venaient de très loin, et enseignaient à l'université de Harvard, sans autre précision.

Le religieux leur montra la traduction. Il s'occupait à la transcrire. Puis il évoqua un retour vers son Espagne natale, ensuite l'Italie. Il projetait de passer au Vatican.

John et Gun acquirent la certitude que la précieuse traduction aboutirait à la bibliothèque pontificale, à Rome.

Ils remercièrent chaleureusement le bon moine et le quittèrent en lui souhaitant longue vie.

Ils revinrent auprès de Ramon Martinez et d'Ourlen le Sage, à notre époque.


-Nous risquons fort de ne pas pouvoir accéder au document de ce religieux, dit le professeur en soupirant. Cette bibliothèque pontificale recèle des documents exceptionnels, mais qui, hélas, ne sont pas souvent mis à la disposition du public.

-D'autre part, enchaîna John, cette traduction, si elle existe encore de nos jours, ne nous dira rien de l'auteur du livre original.

Ourlen le Sage intervint en expliquant qu'un récit, peut-être légendaire, évoquait l'arrivée sur les côtes du Pérou, d'un groupe d'hommes et de femmes épuisés, à bord d'un bateau. Ils venaient du Couchant, plusieurs milliers d'années auparavant.

-Ces gens terrifièrent les peuplades locales. Ils décrivaient une civilisation vieille de près de cinquante mille ans. Ils parlaient de constructions titanesques, de palais démesurés, de routes rectilignes, de maisons à étages, de temples aux dimensions colossales. Surtout, ils ne possédaient qu'un seul œil, paraît-il, situé au milieu du front.

"Certains d'entre eux finirent massacrés par les pêcheurs de la côte, alors très primitifs. Les survivants se réfugièrent dans les montagnes. Peut-être bâtirent-ils Machu Picchu...

-S'ils arrivaient du couchant, réfléchit Gun, ils venaient sans doute de l'île de Pâques, cette île aux statues géantes, les moais, dont l'origine demeure encore une énigme de nos jours.

Les trois savants se regardèrent.

-Prenez un avion, proposa Ramon Martinez. Allez à l'île de Pâques, mes amis, et si vous osez, reculez de cinquante mille ans. Une incroyable découverte vous attend.

-Jamais nous n'avons voyagé aussi loin dans le temps, fit remarquer John.

-Et que trouverons-nous à l'arrivée ? poursuivit Gun. Des animaux monstrueux ? Une civilisation oubliée ? Même, au pire, une île pas encore émergée. Nous risquons la noyade.

-Pourtant l'idée de découvrir une civilisation inconnue me fascine, murmura John.

-Et moi tout autant, fit Gun en écho.

Les deux amis quittèrent Ourlen le Sage, retournèrent à Lima avec leur collègue Martinez, et embarquèrent dans un avion qui les posa quelques heures plus tard sur l'île de Pâques.

 

Deux statues géantes, des moais, posées sur une hauteur au milieu de nulle part, semblaient observer l'horizon et la mer.

Toi qui lis ce récit, si tu n'as jamais vu un moai, va voir sur Internet, avant de poursuivre ta lecture.

                               

John et Gun quittèrent l'aéroport en voiture louée. Ils se rendirent aussi haut que possible dans la montagne. Les deux savants suivirent ensuite, à pied, un sentier qui conduisait au sommet de l'île. De là, ils aperçurent la ligne bien ronde de l'horizon dans toutes les directions.

Ils programmèrent leur appareil à voyager dans le temps, au hasard, un 15 avril, cinquante mille ans en arrière. Ils enfoncèrent la touche de commande après un dernier instant d'hésitation.

Un vertige les prit qui les força à s'asseoir. Ils se sentaient comme au milieu d'une tornade. Cela dura quelques secondes. Puis un calme étrange se fit.

John et Gun se redressèrent et regardèrent autour d'eux.


L'île paraissait plus grande. Le niveau de la mer semblait bien plus bas que de nos jours. Aucun bateau ou autre embarcation en vue sur les flots.

L'île leur apparut ceinturée par une forte muraille, couverte de pavés en faïence rouge. Les deux savants n'aperçurent nulle part l'ouverture d'un port ni une quelconque jetée vers l'océan. Le chemin de ronde de la muraille était encombré de statues colossales représentant des crabes, des homards et autres monstres des mers. Aucun moai en vue.

Aux pieds de nos amis s'étendait une ville immense aux maisons de couleurs vives, aux artères larges et rectilignes, bordées d'arbres et de fleurs luxuriantes. Une foule paisible d'hommes, de femmes et d'enfants circulaient le long de ces avenues, vêtus de tuniques très colorées.

John et Gun quittèrent leur poste d'observation au sommet de l'île et descendirent le long d'une de ces rues. Ils croisèrent plusieurs personnes.

Tous ces gens ressemblaient aux hommes et aux femmes d'aujourd'hui, mais une différence impressionnait nos deux amis. Chacune de ces personnes ne possédait qu'un seul œil, situé au milieu du front. Et pas d'oreilles, seulement un petit bourrelet de peau informe et inutile. Aucun son ne sortait de leurs bouches, souvent souriantes, qui ne servaient, semble-t-il, qu'à les nourrir.

Par contre nos deux savants suscitaient l'étonnement et la peur.

Ils s'en rendirent compte très vite, car ceux qu'ils croisaient en rue, non seulement les regardaient ébahis, mais communiquaient avec nos savants par transmission de pensée, faisant naître des images d'angoisse et de curiosité dans l'esprit des deux amis.

Cette manière de communiquer offrait l'immense avantage de faire disparaître toute barrière linguistique.

Peu à peu, ces images transmises se précisèrent. On les enjoignait de se rendre vers un somptueux palais où le roi de l'île les recevrait. Curieusement, la présence des deux savants semblait porter malheur aux habitants de la cité. Nos amis percevaient un sentiment de peur chez les gens qu'ils croisaient.

John et Gun se laissèrent guider vers cet endroit par un petit groupe d'hommes et de femmes, qui semblaient tout à fait déterminés, mais paisibles.


Nos amis suivirent des larges rues, bordées d'arbres portant des fruits inconnus. Plusieurs maisons possédaient une toiture en or, et chose étrange, ce n'étaient pas les plus somptueuses. 

-L'or ne semble pas un signe de richesse, chez eux, dit Gun. Il semble un simple matériau de construction, comme les briques de nos maisons.

-Tu as raison, la couleur paraît bien plus importante, que ce métal, si précieux chez nous.

Nos amis s'arrêtèrent un instant devant un palais formant un demi-cercle autour d'un lac. La façade de ce gigantesque bâtiment disparaissait derrière des colonnes sculptées de haute taille, chacune d'une teinte différente.

Des animaux ressemblant à des cygnes glissaient paresseusement sur l'eau. Chacun d'eux possédait des plumes colorées. On en voyait des roses, des rouges, des mauves, des violettes, des vertes, des jaunes, des oranges. Un spectacle féérique.

Au milieu du lac se dressait une statue représentant un poisson géant, qui bouche ouverte, semblait cracher de l'eau, qui sans cesse changeait de couleur elle aussi.

La petite troupe entra dans le palais.

Des méduses rampaient sur le sol, agitant leurs tentacules sur les marches d'un somptueux escalier. On fit comprendre à nos amis qu'il ne fallait pas s'en approcher. Ces animaux, chargés du nettoyage des sols du palais, avaient semble-t-il mauvais caractère. Il fallait apparemment éviter de s'en approcher.

-Des méduses qui servent d'aspirateurs! murmura John en souriant.

Un homme s'approcha de nos deux amis. Il se présenta comme le roi de l'île. Les personnes qui venaient de conduire les deux savants s'éloignèrent en silence après un respectueux salut à leur monarque.


Le souverain tendit la main à nos deux savants. 

Puis, sans proférer le moindre son, par transmission de pensée encore et toujours, il leur fit sentir qu'ils n'étaient pas les bienvenus. John et Gun perçurent qu'ils représentaient une menace pour la sécurité de l'île.

-D'où venez-vous ? sembla demander le roi. Personne n'aborde nos terres depuis des siècles. Nous sommes seuls au monde.

John lui fit comprendre, en y pensant très fort pour lui transmettre le message, que des continents existaient au-delà de l'océan et que dans ces contrées habitaient des humains, encore très primitifs.

N'oublions pas qu'il y a cinquante mille ans, les hommes vivaient dans des cavernes, s'habillaient de peaux de bêtes, et chassaient le renne pour se nourrir en complément de la cueillette de fruits sauvages.

Le roi parut atterré.

-Possèdent-ils deux yeux comme vous ?

-Ils nous ressemblent. Nous sommes des savants, ajouta Gun. Nous ne venons faire de mal à personne. Nous ne portons aucune arme. Nous voulons seulement vous rencontrer et apprendre à vous connaître.

-Comment avez-vous découvert notre existence ?

-Grâce à vous, majesté. Vous écrivez un livre parvenu intact à notre époque.

-Veuillez me suivre, communiqua le souverain.


L'homme les conduisit par de larges escaliers jusqu'au dôme du palais. Ils entrèrent tous trois dans une vaste salle ronde et vide. La voûte était recouverte d'une coupole bleue, le long de laquelle courait une frise où se trouvait une inscription en lettres d'or.

Cela semblait être une longue phrase. L'écriture, tout à fait incompréhensible pour nos deux savants, ressemblait à celle du livre découvert chez Ourlen le Sage.

Le roi tendit son doigt vers un point précis de la frise et lentement, transmit en pensée à nos amis le sens du texte gravé là depuis des siècles et des siècles, paraissait-il.

« Un jour des hommes viendront de nulle part. Porteurs de deux yeux, ils seront capables de parler et d'entendre. Ce jour-là sonnera la fin de la vie sur l'île. Elle disparaîtra dans l'oubli pour longtemps. »

Le souverain se tourna vers nos amis.

Il semblait vouloir dire : vous voyez ? Vous comprenez ? Vous représentez une menace pour notre île et notre cité. Je vous donne une heure pour la quitter.


Les deux amis tentèrent de faire comprendre au monarque qu'il se trompait, mais il ne voulut rien connaître du futur.

Au moment de quitter la prestigieuse salle de la coupole, Gun remarqua un grand livre posé ouvert sur une table. Il l'indiqua à John. Les deux amis reconnurent aussitôt le manuscrit des rois de la cité de Thaor-Liq, vu chez Ourlen le Sage et qu'un religieux allait traduire un jour.

-Laissez-nous vous donner un conseil avant de vous quitter, majesté. Des hommes viendront dans les temps futurs sur votre île. Des aventuriers. Ils arriveront par la mer, depuis les continents qui vous entourent au loin. Les monstres marins que vous sculptez sur la muraille rouge qui ceinture votre cité ne vous protégeront pas.

Le roi écoutait. John poursuivit.

-Laissez-moi vous dessiner les plans d'un bateau. Avec ce moyen de transport, vous pourrez quitter Thaor-Liq et aller à la découverte des îles et des terres lointaines. En cas de danger, il permettra aussi, à votre population d'aller se réfugier ailleurs...

Le souverain laissa faire. Nos deux amis dessinèrent les plans d'un navire, le plus simple possible, avec des mâts et des voiles. Puis ils quittèrent le palais.


Ils remontèrent vers le sommet de l'île, sous le regard intrigué des habitants.

Sitôt arrivés là-haut, ils programmèrent leur appareil pour un retour à notre époque, deux heures après leur départ initial.

Ils ne virent pas le roi de l'île barrer par trois fois le dessin que nos amis avaient ébauché dans le grand livre.


Les deux savants reprirent l'avion pour Lima, et se rendirent aussitôt chez le professeur Martinez. Le lendemain tous trois remontèrent en train puis en voiture jusque chez Ourlen le Sage.  

Le vieil homme les fit descendre dans sa cave et nos amis retrouvèrent le manuscrit qu'ils venaient de quitter, deux jours avant, il y a cinquante mille ans...

Tournant les pages ils virent celle sur laquelle ils avaient dessiné les plans d'un bateau. Trois lignes noires barraient leur schéma.


Lorsqu'ils quittèrent Ourlen le Sage en compagnie de Ramon Martinez, nos amis ne purent s'empêcher de songer à la cicatrice qui barrait le front du vieil homme.

Cachait-elle un œil qui correspondait à celui de son peuple autrefois ? Mais alors cela signifiait que les descendants du roi de Thaor-Liq avaient un jour décidé de construire des bateaux et que ce peuple avait émigré vers les côtes américaines du Sud.

Ourlen le Sage serait donc le dernier descendant de l'un d'eux.


Arrivés à leur hôtel, un poster affiché dans le hall invitait les touristes à visiter l'île de Pâques. Ramon Martinez s'arrêta devant la photographie des statues géantes, les moais, dressées le regard tourné vers l'horizon.

-Un mystère de l'humanité, dit le professeur. Mais je me demande s'il ne me vient pas une idée qui expliquerait la construction de ces moais tournés vers la mer. Plus je les regarde, ajouta le savant, plus je trouve qu'elles vous ressemblent, chers amis John et Gun.

Certaines statues de l'île de Pâques seraient-elles un souvenir du passage de nos deux savants sur l'île qui se serait autrefois appelée Thaor-Liq ?