Magali
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Où va Polipilou?

     Après le repas du soir, Magali monte prendre sa douche à la salle de bain. Puis elle se lave les dents. Elle enfile ensuite sa robe de nuit rose à petits rubans et va dans sa chambre. Elle regarde toujours un moment par la fenêtre avant de se coucher.

Ce soir-là, elle aperçut son petit chat noir et blanc, Polipilou, au fond du jardin. Il passa sous la barrière et disparut au niveau du champ de blé.

- Où va Polipilou? dit tout haut notre amie. Je voudrais bien le savoir.


Le lendemain, après le repas, elle prit sa douche, se brossa les dents, mais elle ne mit pas sa robe de nuit. Elle enfila sa salopette rouge, ses tennis bleus, puis elle descendit l'escalier. Elle traversa la cuisine et ouvrit la porte du jardin.

Polipilou se trouvait tout au fond. Il se glissa sous la barrière.

Magali y courut à son tour et ouvrit la porte en déplaçant doucement le verrou.

Le chat trottait sur la route en terre qui passe entre les maisons et le champ de blé. La fillette le suivit sans faire de bruit. Il tourna au coin du champ.

Quand Magali y arriva à son tour, Polipilou avait quitté le chemin et avançait dans l'herbe du grand pré vers un bel arbre solitaire qui poussait pas loin du ruisseau.

Le chat s'arrêta au pied de l'arbre, et notre amie aussi, quelques mètres derrière lui. Curieusement, des oiseaux chantaient encore en ce début de nuit.


En écoutant mieux, Magali comprit que certains pépiements venaient d'un nid où se trouvait un bébé oiseau qui appelait ses parents.

Polipilou sortit ses griffes, puis bondit vers le nid. Il s'accrocha au tronc vingt centimètres trop bas. Il tenta de l'escalader, mais tomba dans l'herbe, sur ses pattes.

- Polipilou! cria Magali. Tu voulais manger le bébé oiseau. Tu es un méchant chat. Va-t'en!

Le petit animal miaula, puis se sauva, terrifié par les cris de notre amie.

Elle revint à la maison. Elle monta vite à sa chambre, ôta ses vêtements, passa sa robe de nuit rose à petits rubans et se glissa dans son lit.

Que faire? songeait la fillette. Demain, Polipilou aura oublié ma colère et il retournera à l'arbre pour tenter de croquer le bébé oiseau. Il faut que je fasse quelque chose pour l'en empêcher, mais quoi?

 

Au matin, elle s'éveilla avec une idée.

Elle retira le grelot attaché avec un ruban bleu autour du cou de son petit ours blanc en peluche. Puis elle appela trois fois son chat.

- Polipilou! Polipilou! Polipilou!

Aussitôt qu'elle le vit à portée de main, Magali, d'un geste vif et précis, lui glissa le ruban autour du cou. Le chat se sauva, faisant sonner sa clochette dans le couloir puis dans l'escalier de la maison.

Ainsi, songea notre amie, s'il va chasser ce soir, l'oisillon l'entendra arriver et se taira. Polipilou ne retrouvera pas le nid et le bébé oiseau ne sera pas croqué.


Au soir, après le repas, Magali monta prendre sa douche. Elle se rhabilla puis se brossa les dents. Elle redescendit à la cuisine et ouvrit la porte.

Le chat se trouvait déjà au fond du jardin. Notre amie entendait le grelot. Polipilou avait bien essayé de l'enlever avec sa patte, mais il n'avait pas réussi.

Il passa sous la barrière. Magali y courut et s'y glissa aussi.

Il longea le champ de blé, puis tourna à droite. Notre amie aussi.

Il arriva en vue de l'arbre et sortit ses griffes. La fillette l'observait en silence. Le seul bruit était le chuchotement du vent dans le feuillage des grands arbres. L'oiseau avait entendu le tintement de la sonnette et se taisait. Le plan semblait réussir.

Mais les chats son malins. Polipilou ne bougeait plus. Plusieurs minutes passèrent. Au loin, le chien de la ferme aboya.

Le bébé oiseau, qui n'entendait plus rien, crut que le chat était parti. Il reprit ses cris, s'égosillant à appeler ses parents.

Polipilou bondit et réussit, cette fois, à sauter à peine dix centimètres sous le nid, avant de retomber par terre.

- Polipilou! cria notre amie.

Il miaula et se sauva, effrayé par le cri de la fillette.

En revenant à la maison, elle songea qu'il fallait essayer autre chose.


Le lendemain, Magali prit une poupée qui lui ressemblait. Elle portait comme elle une salopette rouge, des baskets et ses cheveux noirs étaient coiffés en deux jolies couettes.

Elle détacha une feuille blanche de son bloc de dessin et la découpa avec des ciseaux.

Elle fit une large bande. Puis elle saisit un marqueur rouge et alla frapper à la porte de son grand frère de huit ans.

- Arnaud, tu veux bien écrire ce que je vais te dire sur cette bande de papier blanc?

Le garçon prit la feuille et le marqueur.

- Tu écris: Polipilou, tu ne peux pas manger le bébé oiseau.

- Voilà, c'est fait, dit Arnaud. Mais, tu sais, les chats ne savent pas lire.

- Je ne suis pas si bête, répondit la fillette.

Elle sortit de la chambre de son frère et entra dans la sienne. Là, saisissant un élastique dans sa boîte de bricolage, elle fixa la banderole sur sa poupée. Puis elle se rendit au jardin.

Elle suivit la route en terre le long du champ de blé et parvint près de l'arbre. Elle assit sa poupée bien en vue sur une branche basse de l'arbre. L'oisillon chantait.

Magali revint à la maison.

Quand Polipilou viendra chasser ce soir réfléchit-elle, il verra ma poupée et il aura peur, car il croira que c'est moi. Il s'enfuira et l'oiseau sera sauvé.


Après le repas du soir, notre amie monta à la salle de bain prendre sa douche. Elle n'enfila de nouveau pas sa robe de nuit mais se rhabilla. Elle se brossa les dents puis courut à sa chambre.

Elle vit par la fenêtre, le chat passer sous la barrière du jardin. Magali descendit l'escalier et s'y glissa aussi.

Polipilou longea le champ de blé, et Magali aussi.

Polipilou tourna au coin du champ, et Magali aussi.

Polipilou arriva au pied de l'arbre, et Magali aussi.

Polipilou sortit ses griffes, prêt à bondir, et Magali... mais non! elle n'a pas de griffes!

Le chat aperçut la poupée. Il poussa un miaulement aigu et se sauva. C'était gagné.


Il n'est plus revenu. Notre amie retourna une fois ou l'autre près de l'arbre pour s'en assurer.

Un jour qu'elle s'approchait doucement, elle entendit et vit trois oiseaux voler entre les branches. Il y avait le papa oiseau, la maman, et le petit, qui n'était plus un bébé et savait voler à présent.

Les parents vinrent entourer la fillette. Et de leurs joyeux trilles, ils la remercièrent d'avoir sauvé leur petit des griffes du chat.

Magali reprit sa poupée et revint chez elle heureuse, en sautillant comme un moineau.