Juliette
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Le Lapin des neiges

     Juliette se trouvait au jardin. Un épais tapis de neige couvrait l'herbe et les fleurs.

Juliette est une joyeuse fillette de trois ans et demi. Son petit frère Bastien, un bébé, jouait dans son parc, à l'intérieur de la maison. Il ne peut pas sortir. Il est trop petit pour aller dans la neige. Juliette portait une veste, un bonnet, des gants, des bottes, une écharpe. Elle s'amusait près de la haie au milieu des flocons que le vent soulevait en passant.

Tout à coup, elle aperçut un petit lapin. On le voyait à peine à cause de la couche de neige épaisse. Il était tout blanc. Il grelottait. Notre amie comprit que ce lapin des neiges tremblait de froid.

Doucement, Juliette s'en approcha, se mit à genoux et le prit dans ses bras. Elle le serra tendrement contre elle. Elle caressa ses oreilles et sa tête, puis elle revint lentement vers la maison.

 

-Maman, regarde, mon lapin. Il grelottait dans la neige au fond du jardin. On peut le garder chez nous, bien au chaud?

Maman observa sa fillette et le petit lapin blanc.

-Pour quelques jours, Juliette, tant que la neige tiendra. Et on va le mettre dans une cage.

-Je ne veux pas, dit notre amie. Il peut courir où il veut.

-Ah non, affirma maman. S'il court partout dans la maison, il va faire des crasses dans tous les coins. Pas question. Nous allons monter une grande caisse de la cave. Je vais clouer un grillage par dessus et ainsi il aura un petit espace bien à lui. On l'installera dans la cuisine.

La fillette aida sa mère à fabriquer la cage du lapin puis elle le posa à l'intérieur.

-À présent, tu dois t'occuper de lui. Tu vas lui donner à manger et à boire.

Juliette regarda sa maman.

-Ça mange quoi un lapin?

Tu le sais toi, ce que mange un lapin?

Notre amie pensait qu'il aimerait des carottes et de la salade. Elle voulut aussi lui donner des tartines au chocolat et des corn-flakes.

Le petit lapin apprécia les carottes. Il les mangea rapidement. La salade semblait aussi à son goût. La tartine ne l'intéressait pas. Il la laissa dans un coin de sa cage après l'avoir reniflée. Quant aux corn-flakes, il n'y toucha même pas.

Juliette lui donna aussi à boire. Elle plaça un petit récipient sur la paille, et elle y versa régulièrement de l'eau.

 

Parfois, maman acceptait que sa fillette sorte le lapin de sa cage. Alors elle jouait à cache-cache avec lui, mais il courait derrière elle et la retrouvait toujours. II était mignon à voir lorsqu'il sautillait sur le tapis du salon.

Puis notre amie lui apprit à danser. Elle fit même une valse avec lui au son de la musique. Et papa prit des photos.

Enfin, elle lui chanta les refrains qu'elle connaissait. Elle lui fredonna une chanson qu'on étudiait en classe: "Frère Jacques". Tu peux la chanter avec elle.

"Frère Jacques, frère Jacques.

"Dormez-vous? Dormez-vous?

"Sonnez les matines. Sonnez les matines.

"Dong dang dong. Ding dang dong.

Juliette lui murmura l'air une première fois, mais le petit animal ne comprit pas la chanson. Notre amie recommença une seconde fois avec des gestes. Quand il la chanta à son tour, ce fut vraiment drôle. Le lapin sautillait, se roulait par terre et laissait virevolter ses oreilles dans toutes les directions. Cela fit bien rire notre amie.

Juliette était très heureuse. Souvent, elle le prenait simplement dans ses bras. Elle s'asseyait par terre dans un coin du salon ou de la salle à manger ou dans le hall d'entrée de la maison, et elle caressait son petit lapin tendrement en le serrant sur son cœur.


Deux semaines plus tard, la neige disparut totalement. Le soleil, un peu plus chaud, annonçait le printemps. Maman prit sa petite fille par la main.

-Regarde par la fenêtre ma chérie. La neige fond. Il fait moins froid. Il faut libérer ton lapin. Il doit partir à présent.

Mais Juliette n'avait pas envie de le laisser s'en aller. Elle voulait le garder près d'elle, pour elle. Elle l'aimait bien. C'était son ami maintenant. Elle fut toute triste en entendant maman.

-Ce petit animal ne doit pas vivre dans une cage ou dans un salon. Il faut qu'il puisse courir dans les champs et dans les bois, fit remarquer papa.

Juliette le prit dans ses bras et fit trembler ses mains exprès. Le lapin vibrait, à présent. Ses oreilles dansaient en tout sens.

-Regarde, maman, il grelotte encore de froid.

Maman eut un sourire malicieux et répondit.

-Nous attendrons demain.

Le lendemain, quand papa voulut envoyer le lapin hors de la maison, il vit que Juliette lui avait mis le manteau d'une de ses poupées.

-Regarde papa, il fait si froid, ce matin. Il m'a demandé un manteau bien chaud.

-Je ne crois pas qu'il aime de mettre un manteau, ma chérie. Mais bon, on le garde à la maison encore aujourd'hui puisqu'il a si froid, selon toi. Il partira demain.

Encore un jour de gagné...

Le lendemain, il fallut bien s'y résoudre. Notre amie sortit le lapin de la cage. Elle le serra longtemps dans ses bras. Elle lui donna plein de bisous. Puis, elle le posa dans l'herbe du jardin. Le petit lapin disparut dans les champs, au-delà de la barrière.

Juliette revint à la maison le visage en larmes. Son petit copain était parti. Elle ne le reverrait plus jamais, pensait-elle. Elle pleura un long moment son ami en-allé.


Mais vers le soir, quelle bonne surprise!

Elle aperçut son lapin blanc près de la haie. Il était de retour. Il installa son terrier au fond du jardin. Quel bonheur!

Quelque temps plus tard, il trouva une compagne et ils furent deux à sauter dans les herbes folles. Et Juliette pouvait les caresser tant qu'elle voulait et jouer avec eux.

Et bientôt, arriva ce qu'il devait arriver... Cinq bébés lapins naquirent. Ils couraient partout et restaient souvent sur les genoux de notre amie.

Elle était mignonne, notre Juliette, assise parmi les fleurs, entourée de petits lapins et les tenant à tour de rôle dans ses bras.

Elle fut si contente que son lapin blanc s'installe au fond du jardin. Elle put le voir courir dans l'herbe et le caresser tout l'été.