Magali
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La petite balle jaune

     En courant au fond du jardin, Magali, notre amie de quatre ans et demi, trouva une petite balle jaune.

Elle se baissa et la prit entre ses doigts. Ça ressemblait à une balle de ping-pong, aussi légère, mais toute jaune.

- Chic, murmura la fillette, je la garde pour moi.

 

- Ah, non ! dit le gentil lapin, un des grands amis de Magali.

Il habite au milieu du grand champ de blé, derrière la maison.

- Cette balle m'appartient.

- Que fais-tu avec cette petite balle jaune ? demanda notre amie.

- Je m'en sers pour retrouver mon terrier. Je la laisse à l'entrée en partant. Ainsi, quand je reviens de la rivière ou de mes promenades, je vois tout de suite où j'habite et sans me tromper. Hélas, le vent l'a emportée.

- Et où as-tu trouvé cette petite balle jaune ?

- Au pied d'un arbre. Donne-la-moi. Je la reprends.

- Bon, la voici, dit Magali.

 

- Ah non ! cria la jolie pie, qui habite en haut du cerisier, dans le verger de la ferme. Elle m'appartient.

- Que fais-tu avec cette petite balle jaune ? demanda Magali.

- Elle illumine mon nid. Hélas, je l'ai laissée tomber en voulant la mettre dans mon autre nid, tout en haut de l'arbre. Elle a glissé entre mes pattes et le lapin l'a prise.

- Et où as-tu trouvé cette petite balle jaune ?

- Elle est arrivée toute seule dans mon nid. Donne-la-moi. Je la reprends.

-Bien, je te la donne, dit Magali.

 

- Ah non ! fit l'écureuil aux yeux très doux qui vit près de la rivière. Elle m'appartient.

- Que fais-tu avec cette petite balle jaune ? demanda notre amie.

- Je l'avais offerte à mes trois petits. Ils s'amusaient bien avec. Ils jouaient comme font les enfants dans la cour de récréation à l'école, là plus loin. Mais ils m'ont désobéi. Je leur avais dit de ne pas aller dans l'arbre de la jolie pie. Ils y sont montés quand même et ont laissé tomber la balle dans son nid. Et comme ils ont peur, ils n'ont pas osé aller la rechercher.

- Et où as-tu trouvé cette petite balle jaune ?

- Elle traînait de l'autre côté du champ de blé, près de la rivière. Donne-la-moi. Je la reprends.

- Bon, d'accord, dit Magali.

 

- Ah non ! grogna la vieille souris. Elle m'appartient.

- Que fais-tu avec cette petite balle jaune ? demanda notre amie.

- Je m'en sers quand il pleut pour boucher l'entrée du trou au fond duquel se trouvent mon nid et mes réserves de graines. Ainsi, l'eau n'entre pas chez moi et je reste bien au sec.

- Et où as-tu trouvé cette petite balle jaune ?

- Au bord de l'étang, là plus haut, près des grands arbres. Donne-la-moi. Je la reprends.

- La voici, dit Magali.

 

- Ah non ! dit la grenouille verte en coassant bien fort. Elle m'appartient.

- Que fais-tu avec cette petite balle jaune ? demanda la fillette.

- Je jouais avec mes cousines. On sautait sur les nénuphars en se la lançant. On s'amusait bien. Mais elle est tombée dans l'herbe et la vieille souris l'a emportée.

- Et où as-tu trouvé cette balle jaune ?

- Elle flottait dans le courant de la rivière. Elle venait du petit pont de bois. Je l'ai vue passer et je l'ai attrapée. Donne-la-moi. Je la reprends.

- Je te la rends. Elle est à toi.

 

- Ah non ! se fâcha le poisson rouge en lançant des bulles de toutes les couleurs. Elle m'appartient.

- Que fais-tu avec cette petite balle jaune ? demanda notre amie.

- On la poussait à tour de rôle mes amis et moi avec notre nez et nos nageoires. Comme font les enfants quand ils jouent avec un ballon dans la piscine. Mais le courant l'a emportée. Nous n'avons pas réussi à la rattraper.

- Et où as-tu trouvé cette balle jaune ?

- Elle flottait accrochée dans les roseaux, juste après le petit pont de bois. Rends-la-moi.

- La voici, dit la fillette.

 

- Ah non, cria Adrien, le grand ami de Magali.

Il vient de temps en temps chez son grand-père qui habite la maison à côté de celle des parents de notre amie. Ils ont le même âge et jouent souvent ensemble.

- Elle m'appartient. Je la faisais sauter entre mes mains en me promenant ce matin. Je suis passé sur le petit pont de bois et là, elle m'a glissé entre les doigts. Elle est tombée dans le ruisseau et je n'ai pas osé entrer dans l'eau pour la récupérer. Donne-la-moi, je la reprends.

 

- Si je comprends bien, dit Magali, toi, Adrien, tu jouais avec ta petite balle jaune ce matin sur le pont de bois au-dessus de la rivière. Elle a glissé et est tombée dans l'eau.

- Oui, fit le garçon.

- Toi, le poisson rouge, tu l'as trouvée dans les roseaux, mais tu l'as perdue, emportée par le courant.

- Oui, dit le poisson.

- Toi, la grenouille verte, tu l'as vue entre les nénuphars, puis tu l'as ensuite aussi perdue.

- Oui, coassa la grenouille.

- Toi, la vieille souris, tu l'as ramassée dans l'herbe, au bord de l'étang près des grands arbres, mais l'écureuil aux yeux très doux te l'a prise.

- Oui, murmura la souris.

- Toi, l'écureuil aux yeux très doux, tu l'as emportée et tu l'as donnée à tes petits, mais ils l'ont perdue en jouant dans l'arbre de la jolie pie.

- Oui, avoua l'écureuil.

- Toi, la jolie pie, tu l'as trouvée dans ton nid, puis elle est tombée dans l'herbe quand elle a glissé entre tes pattes.

- Oui, regretta la pie.

- Toi, le gentil lapin, tu l'as prise pour la mettre devant l'entrée de ton terrier. Mais le grand vent l'a fait rouler jusque dans mon jardin.

- Oui, dit le lapin.

- Alors, je te la rends, Adrien. Elle t'appartient. La voici, dit Magali en souriant.

 

Quelques jours plus tard, notre amie laissa quelques petites balles de toutes les couleurs au fond de son jardin, exprès pour ses amis animaux.

Elles ont disparu une à une...

Je crois qu'ils les ont emportées...