Magali
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Les 24 corbeaux

     Magali, assise au fond du jardin, vit venir vers elle un de ses grands amis, le gentil lapin. Son terrier se trouve au milieu du champ de blé, derrière la maison de notre amie.

- Que veux-tu, gentil lapin? demanda la fillette de quatre ans et demi.

- Je n'ose plus retourner à la maison. Mon terrier est entouré de corbeaux. J'en ai compté vingt-quatre. Tu veux bien m'aider à les chasser? Moi, ils me font peur.

- D'accord, répondit Magali. Viens, je vais faire du bruit et ils partiront.


Elle ouvrit la barrière au fond du jardin en glissant le verrou et passa sur le chemin en terre qui longe l'arrière des maisons.

Elle s'arrêta à l'entrée du champ de blé.

Là, elle frappa très fort dans ses mains.

Les corbeaux s'envolèrent.

Mais hélas, ils revinrent dès qu'elle cessa.

-Je recommence, dit Magali, mais cette fois, je tape des mains et des pieds.

Les corbeaux s'envolèrent, mais de nouveau, ils revinrent dès qu'elle arrêta.

La fillette ne se découragea pas. Elle frappa des mains et des pieds en criant bien fort.

-Aaaaaaaaaaaaah!

Les corbeaux s'envolèrent, mais revinrent après deux minutes.

-Ça ne va pas, dit-elle au gentil lapin. Viens, allons demander de l'aide à mes autres amis.


Magali s'approcha du grand arbre où vit l'écureuil aux yeux très doux.

Elle l'appela trois fois.

- Écureuil aux yeux très doux! Écureuil aux yeux très doux! Écureuil aux yeux très doux!

- Oui! que veux-tu Magali?

- Vingt-quatre corbeaux envahissent le champ de blé où habite le gentil lapin. Tu veux bien nous aider à les chasser?

- Oh non, répondit le petit animal aux yeux très doux. Moi, je suis un écureuil. J'ai peur des corbeaux. D'ailleurs, j'ai peur de tout. Non, je ne viens pas. Je n'ose pas.


-Allons voir la jolie pie, proposa notre amie. Elle n'est pas du tout froussarde.

Magali et le gentil lapin marchèrent dans la prairie jusqu'à l'arbre où elle a installé son nid.

La fillette l'appela trois fois.

- Jolie pie! Jolie pie! Jolie pie!

- Que se passe-t-il?

- Tu veux bien venir avec nous chasser les vingt-quatre corbeaux qui envahissent le champ de blé?

- Non, répondit la jolie pie. Les corbeaux sont mes cousins. Je ne veux pas créer une dispute de famille.


Magali traversa la prairie et se rendit pas loin du ruisseau, au bord du pré où se trouve le nid de la vieille souris qu'elle connaît bien.

- Je te préviens, dit notre amie au gentil lapin, elle a mauvais caractère. Elle dit toujours « c'est de ta faute ».

- Vieille souris! Vieille souris! Vieille souris!

Elle pointa son nez.

- Pourquoi tu me déranges?

- Je viens te demander ton aide pour chasser les vingt-quatre corbeaux du champ de blé. Tu les as peut-être vus?

- Pourquoi les chasser? Ils sont bien, là.

- Le gentil lapin n'ose plus aller à son terrier.

- C'est de sa faute. Il n'a qu'à installer son terrier ailleurs, à un autre endroit.

- Tu n'es pas sympathique, vieille souris, lança Magali. Viens gentil lapin, allons à la rivière.


Nos deux amis s'approchèrent du bord de l'eau. De jolis poissons aux écailles très colorées passaient entre les roseaux.

La fillette jugea qu'il était inutile de les appeler. Ils doivent rester dans l'eau et donc ne peuvent pas aider à chasser les vingt-quatre corbeaux.

Mais pourquoi pas demander aux grenouilles...


Une mignonne grenouille verte sautait d'un nénuphar à l'autre. Magali l'appela trois fois.

- Grenouille verte! Grenouille verte! Grenouille verte!

- Quoi?

- Voudrais-tu nous aider à chasser vingt-quatre corbeaux qui envahissent les terres, là plus loin?

- Oui, bonne idée. J'appelle mes copines et les crapauds de l'étang. On va bien s'amuser.

Une incroyable bande de grenouilles et de crapauds suivit nos deux amis jusqu'à l'entrée du champ de blé. Sitôt arrivés là, ils se mirent à coasser de plus en plus fort.

Les corbeaux, d'abord surpris, s'envolèrent. Notre amie crut que cette fois, c'était gagné. Mais hélas ils revinrent aussi vite.

- Merci les grenouilles, dit Magali. Suis-moi, gentil lapin. On va demander conseil à mon chat.

 

Ne le trouvant pas au salon, elle l'appela trois fois.

- Polipilou! Polipilou! Polipilou!

Le chat noir et blanc de notre amie arriva.

- Je voudrais chasser les vingt-quatre corbeaux qui envahissent le champ de blé où vit le gentil lapin. Tu peux m'aider?

- Bien sûr, répondit le chat. Allons-y. Je suis un petit tigre, moi. J'adore chasser les oiseaux.

Polipilou se précipita toutes griffes dehors dans le champ en miaulant. Les corbeaux, effrayés par sa présence, s'envolèrent.

Mais ils revinrent dès que le chat retourna à la maison.


Notre amie revint chez elle.

-Attends-moi au fond du jardin, dit-elle au gentil lapin. Je vais demander conseil à mon grand frère Arnaud.

Elle entra dans la chambre du garçon.

- Dis, Arnaud, as-tu vu les 24 corbeaux qui ont atterri dans le champ de blé?

- Oui.

- Je voudrais les chasser et qu'ils ne reviennent plus car mon ami, le gentil lapin, en a vraiment peur.

- Facile, répondit le grand frère. Tu dois installer un épouvantail au milieu du champ.

- Tu veux bien m'aider à en fabriquer un?

- Bonne idée, se réjouit le garçon.

Ils créèrent un bonhomme de paille et le couvrirent de vieux vêtements qui traînaient au grenier. Ils ajoutèrent sur sa tête le vieux chapeau noir du grand-père de nos amis, avec la permission de papa et maman.

Ils le portèrent ensuite au milieu du champ de blé et le fixèrent au sol.

Les corbeaux s'envolèrent en lançant des cris furieux et n'osèrent plus revenir.


Cette nuit-là, un violent orage réveilla notre amie.

Elle entendait le vent souffler et la pluie frapper les vitres. Les éclairs illuminaient le ciel et le tonnerre grondait.

Le lendemain, l'épouvantail était brisé et les vêtements envolés... et les 24 corbeaux étaient revenus.


Une taupe apparut au bord du champ.

- Tu cherches à chasser les corbeaux, petite fille?

- Oui, fit notre amie avec une voix triste. Mon gentil lapin n'ose plus revenir à son terrier.

- Je puis t'aider, si tu veux, dit la taupe.

- Mais tu es toute petite... Comment vas-tu faire?

- Viens avec moi de l'autre côté du ruisseau, je te montrerai.


Magali accompagna la taupe jusqu'au bord de l'eau.

Là, elle la prit gentiment entre ses mains pour l'aider à traverser le cours d'eau. Notre amie trempa sa salopette rouge jusqu'au-dessus des genoux.

-Pose-moi là, au pied du grand sapin, demanda la taupe. Creuse avec tes mains. Tu trouveras un sac rempli de graines. Répands-les dans le champ de blé. Des petites fleurs pousseront. C'est de la valériane, qu'on appelle aussi de l'herbe aux chats. Ces animaux adorent s'y rouler et même en manger. Tous les chats du village viendront et plus aucun corbeau n'osera se poser à cet endroit.


Magali remercia la petite taupe et se précipita dans le champ de blé.

Elle sema les graines en les répandant partout.

De jolies fleurs bleues ne tardèrent pas à pousser.

Les chats du village vinrent bientôt s'y rouler et plus aucun corbeau ne revint.


Le gentil lapin retrouva son terrier avec joie et Magali en fut très heureuse.